"Déportation et répression"



Les déportés sont les gens arrêtés par les autorités allemandes, italiennes ou de l’État français et transportés dans les prisons ou camps des régions ennemies ou administrées par l’ennemi, prisons ou camps recensés par le Service de recherche de la Croix-Rouge.
À la différence des déportés raciaux, qu’on frappe pour ce qu’ils sont, les « politiques » sont, en principe, déportés pour ce qu’ils ont fait. Il faut cependant nuancer cette distinction. On trouve en effet de nombreux exemples de personnes appartenant aux deux catégories, Juifs résistants par exemple. En principe, leur transport en Allemagne devait suivre deux itinéraires différents, menant à l’extermination immédiate pour les Juifs, à l’extermination après exploitation de leur travail pour les politiques. En réalité, les cheminements seront plus diversifiés et on verra par exemple des Juifs échapper à la mort et des non juifs internés à Auschwitz.
Les « politiques » sont les gens déportés par mesure de répression, pour avoir lutté – ou être suspectés d’avoir lutté – contre l’occupant, qu’ils soient éditeurs et diffuseurs de tracts ou de journaux clandestins, colleurs d’affiches, fabricants de faux papiers, transmetteurs de renseignements, ou saboteurs, etc. Ils forment deux grands courants : les communistes et sympathisants, les autres qu’on coiffait de l’appellation de « gaullistes ». S’y ajoutaient les membres de réseaux, les victimes de rafles, résistantes ou pas, les parents de résistants pris en otage, les personnes arrêtées lors d’un franchissement de la ligne de démarcation ou d’une frontière, les auditeurs de la radio anglaise, les gens trouvés en possession d’armes, même de chasse…
Les otages entrent aussi dans cette catégorie. Pour prévenir les attentats et les sabotages, les autorités occupantes veulent intimider la population et la dissuader de commettre ou de soutenir ces actes. Pour les Allemands de plus en plus harcelés, toute personne arrêtée devient un otage.
Les assujettis au STO (Service du travail obligatoire) ou requis civils (volontaires ou contraints) ne sont pas classés parmi les déportés, mais ceux qui ont été sanctionnés pour leur opposition au régime nazi – pour propagande anti-allemande, refus de travail, évasion ou aide à l’évasion, sabotage – et envoyés dans les lieux concentrationnaires, figurent dans les listes de déportés comme arrêtés sur le territoire du Reich. C’est le cas de Marcel Astic, René Audra, Francis Casanova, Maurice Dupuis, Victor Figuet, Charles-José Fourel, Jean Perriolat ou l’abbé Pel. On inscrit aussi parmi les déportés les personnalités otages, pour la Drôme le préfet Robert Cousin, Maxime Germain, et l’aristocrate Paul Vaquier de la Baume, capturés comme monnaie d’échange et relativement privilégiés de façon à être conservés.

 


                       Deportation and Repression

Deportees are people arrested by the German and Italian authorities, or the French state and transported to prisons or camps in enemy regions, or administrated by the enemy, prisons or camps identified by the Research Sector of the Red Cross.

Unlike racial deportees, who are arrested for what they are, "political prisoners" are, in principal, deported for what they did. One must detail this distinction. There are indeed many examples of people belonging to both categories, for example, Jewish Resistants. In principle, their transport to Germany would follow two different routes, leading to immediate extermination of the Jews, and extermination after work exploitation for political prisoners. In reality, the pathways will be more diversified and we will see examples of Jews who escaped, and non-Jews interned at Auschwitz. Politicals are deported in order to be repressed, having fought—or being suspected of having fought—against the occupier, whether they be editors and publishers of leaflets or newspapers, bill posters, manufacturers of false papers, transmitters of information, or saboteurs, etc. They form to main currents: the Communists and sympathizers, others called "Gaullists". In addition, there were members of networks, victims of raids, resistants and non-resistants, the parents of those taken hostage, people arrested during a border-crossing, listeners of English radio, people found in possession of weapons, even hunters. Hostages also fall into this category. To prevent attacks and sabotage, occupying authorities want to intimidate and deter people from committing or supporting such acts. For the increasingly pestered Germans, anyone arrested becomes a hostage.

Those subject to STO or civil duties (both voluntary and forced) are not classified as prisoners, but those who were punished for their opposition to the Nazi regime—for anti-German propaganda, work refusal, avoidance or evasion aid, sabotage—and sent to concentration camps, appear on the lists of deportees as arrested on the territory of Reich. This is the case of Marcel Astic, René Audra, Francis Casanova, Maurice Dupuis, Victor Figuet, Charles-José Fourel, Jean Perriolat or abbot Pel. It also included, amongst the deportees, hostages from Drôme, the prefect Robert Cousin, Maxime Germain, and the aristocrat Paul Vaquier de la Baume, captured as currency exchanged and relatively privileged in order to be retained.


Traduction : Meghan Briggs

Auteur(s) : Robert Serre
Source(s) :

Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, les déportés politiques, résistants, otages, nés, résidant ou arrêtés dans la Drôme, éd. Peuple Libre / Notre Temps, avril 2006.

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