"Écoute des radios interdites"



Les moyens d’information tolérés par le gouvernement de Vichy étaient la presse quotidienne (Le Petit Dauphinois, principalement, pour la Drôme) et des journaux locaux strictement contrôlés par le service de la Censure. Les habitants s’étaient dotés, avant la guerre, de postes de radio à lampes et avaient pris l’habitude d’écouter les nouvelles diffusées par les ondes. Peu après l’armistice de juin 1940, se mirent en place les radios émettrices officielles : Radio-Paris pour la zone nord (mais pouvant être captée dans la Drôme) contrôlée par la Propaganda Abteilung et Radio-Vichy pour la zone sud surtout. Celle-ci est personnalisée par Philippe Henriot, à la fois secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande en janvier 1944, et chroniqueur écouté qui répand le mensonge chaque jour. Il fut exécuté le 28 juin 1944.

Peu à peu, les Français ont cherché d’autres sources d’information. Les émissions de la BBC, Radio-Londres, furent parmi les plus écoutées, apportant la parole de la France libre, avec Maurice Schumann. Elles envoient d’abord des informations sur le déroulement de la guerre différentes de celles diffusées par les radios officielles qui les cachaient ou les déformaient. Un des slogans envoyés de Londres est : « Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ». Ces émissions véhiculent l’espoir d’une victoire et participent à l’évolution de l’état d’esprit des Français, le rejet de la collaboration, à la confiance grandissante dans la lutte de la Résistance. Les émissions ne se contentent pas des informations et de la dénonciation des exactions de l’occupant. Elles y mêlent la chanson, l’humour, par la voix de Pierre Dac, par exemple.

À la mi-journée et le soir, les émissions de la BBC étaient annoncées par une musique lancinante, extraite de la IXème symphonie de Beethoven, suivie de la voix du speaker. : « Les Français parlent aux Français. Xème jour de la lutte du peuple français pour sa libération ». Jusqu'à la Libération, les rapports préfectoraux ou de gendarmerie signalent constamment l'écoute de la radio anglaise par la population. Malgré les brouillages, la surveillance stricte de la police (et des mouchards), la confiscation des postes, 70 % des Français équipés d’un poste écoutent la BBC à l’été 1944.

Radio-Londres sert aussi à diffuser les messages codés en direction des Résistants, par exemple ceux annonçant les parachutages (« La cuisinière tient sa cuisine propre », « Les carottes sont cuites »...) ou ceux annonçant les débarquements (« Les sanglots longs des violons de l’automne…», suivi de « blessent mon cœur d’une langueur monotone », ou « Le premier accroc coûte deux cents francs »), que seuls les destinataires pouvaient comprendre.

D’autres radios émettent en direction de la France mais n’ont pas l’audience de la BBC : Radio-Moscou, avec Jean-Richard Bloch; Radio-Sottens, notamment le chroniqueur René Payot, la proximité de la Suisse fait que cette radio est assez bien captée dans la Drôme ; Radio-France, diffusée depuis Alger, se distingue par ses émissions culturelles et de divertissement.



                               Ban on Listening to the Radio Stations

The media tolerated by the Vichy government is the daily press, (Le Petit Dauphinois, primarily, in Drôme) and local newspapers are tightly controlled by the censorship service. Inhabitants had established, before the war, the habit of listening to news broadcasts over the airwaves. Shortly after the armistice of June 1940, official radio transmitters are set up: Radio-Paris to the north, (which can be heard in Drôme), controlled by the Propaganda Abteilung and Radio-Vichy in the south especially. It is personalised by Philippe Henriot, Secretary of State for both Information and Propaganda in January 1944, a listened-to columnist who spreads lies every day. He is executed June 28, 1944.

Gradually, the French seek other sources of information. Emissions from the BBC and Radio-London are among the most popular, bringing the world of France-Libre, with Maurice Schumann. First they send information on the conduct of war that differs from that which is published by official radio stations that hide or distort such information. One of the slogans sent from London: "Radio-Paris lies, Radio-Paris is German". These programs convey the hope of a win and contribute to changing the mindset for French rejection of cooperation, and a growing confidence in the movement and struggle for the Resistance. Emissions are not just information and denunciation of the abuses of the occupier. They mix song, humour, and the voice of Pierre Dac, for example.

At mid-day and evening, the BBC broadcasts are announced by throbbing music taken from the Ninth Symphony of Beethoven, followed by the voice of the announcer. "The French speak to the French. Tenth day of the French people's struggle for liberation." Until the Libération, people constantly listen to reports and prefectural police reports on English radio. Despite the interference, the strict supervision of the police, (and bugs), confiscation of items, 70% of the French people equipped to listen to the BBC do so in the summer of 1944.

Radio-London is also used to disseminate the messages encoded in the direction of the Resistance, such as those announcing the airdrops, ("the cook is holding its own kitchen", or "the carrots are cooked"), announcing those landings, ("the long cries of violins in autumn", followed by "my hearts hurts with monotonous languor" or, "the first hitch costs two hundred francs"), messages that only intended recipients can understand.

Aside from the BBC, other radio stations broadcast in the direction of France. Radio-Moscow, with Jean-Richard Bloch, and Radio-Sottens with columnist René Payot, Switzerland’s proximity makes it easy for people to listen to the station in Drôme, as well as Radio-France broadcast from Algiers, which is distinguished for its cultural entertainment.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. François Marcot (sous la direction), Dictionnaire historique de la Résistance, éditions Robert Laffont, 200

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