"Un journal artisanal (décembre 1940 - juillet 1941)"

Sur une petite machine portative cachée dans sa cave, Christian Pineau tape un certain nombre d’articles sur des sujets d’actualité, se sert de renseignements fournis par la radio anglaise, y ajoutant des commentaires personnels ainsi qu’un éditorial.

La feuille clandestine sort le 1er décembre 1940, tapée recto-verso, tirée en sept exemplaires. Les premiers numéros du journal sont envoyés à des amis de Christian Pineau. Parmi les sept exemplaires du premier numéro, l’un est conservé par l’auteur et les autres sont distribués. Christian Pineau raconte dans La simple vérité : « Un de ceux-ci est caché dans ma cave au fond d’une bouteille, ce qui constitue une imprudence ; mais une sorte de vanité un peu puérile me pousse à garder pour l’avenir un témoignage des risques que nous courons. Les six autres exemplaires sont envoyés par la poste à l’adresse de camarades qui possèdent des ronéos ».

Si estimer le nombre de lecteurs s’avère difficile, en revanche, on relève à plusieurs reprises des conseils pour étendre la diffusion. Dès le numéro 8 du 19 janvier 1941, on peut lire en page 4 : « Ne vous contentez pas de lire ce journal, mais faites-le circuler, recopiez-le, faites circuler les copies parmi vos amis, recommandez-leur de faire de même ». Fin 1941, la propagande reste la tâche première des adhérents au mouvement, qui sont invités à distribuer le journal à des personnes de confiance et à constituer des chaînes. Après l’avoir recopié en six ou sept exemplaires en utilisant une machine à écrire soit eux-mêmes, soit en demandant ce service à un ami sûr, le journal continue à paraître envers et contre tout. Rien n’est laissé au hasard pour éviter que l’on reconnaisse trop vite les caractères de la machine. Il est conseillé de détruire l’exemplaire reçu et d’en taper un autre. En mai 1942, le rédacteur n’hésite pas à écrire qu’il faut reproduire le journal par tous les moyens, allant jusqu’à proclamer : « Notre tirage est fonction de votre courage ».

Yvonne Tillaut-Houben, employée à la Caisse d’Assurances Sociales de la CGT, se montre une collaboratrice précieuse car elle utilise la ronéo de son lieu de travail. Cela permet d’augmenter assez vite le tirage. Les 61 premiers numéros de Libération-Nord sont entièrement rédigés par Christian Pineau qui signe François Berteval ou Capitaine Brécourt. Tout en étant l’œuvre d’un seul homme, le journal Libération-Nord permet de nouer des contacts autour desquels se crée un mouvement qui prend son nom. Outre les “Douze”, les premiers diffuseurs et militants se recrutent parmi les syndicalistes de province, puis auprès de personnalités qui jouent un rôle important par la suite, tels René Parodi ou le philosophe Jean Cavaillès.

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