"Seine-et-Marne"

Il est difficile de séparer nettement le réseau Cohors-Asturies du mouvement Libération-Nord. S'il est habituel de considérer Cohors comme une émanation de Libé-Nord, il se trouve qu'en Seine-et-Marne, au moins à Brie et à Montereau, le réseau suscité par Cavaillès naît en septembre 1941 et se trouve à l'origine de la constitution du mouvement. Plus tard, en juillet 1943, lorsqu'on décide du cloisonnement entre le réseau et le mouvement, Cohors devient autonome. Si cette séparation induisant un partage des tâches entre Cavaillès et Ribière est réalisée au sommet, les groupes locaux de Seine-et-Marne ont continué à oeuvrer en commun, les arrestations du mois suivant altérant néanmoins quelque peu cette situation. En septembre 1941, Suzanne Tony Robert choisit le renseignement, mais ses initiatives dépassent peu à peu cette option initiale jusqu'à la mise sur pied d'un groupe d'action. Ce dernier entreprend le sabotage des voies ferrées entre Brie et Grisy-Suisnes et de pylônes électriques. Les activités du réseau se diversifient, combinant le renseignement, la confection de faux papiers, la réception de parachutages et l'action armée avec notamment Bosquet, Juniaux et Tilliet. Dans sa démarche intempestive à Provins, Sergent se présente bien comme étant à Libé-Nord. Après les arrestations d'août 1943 (Cauvin, Congy...), Cohors est durement frappé mais seulement à Brie. Dans un rapport, Gosset (" Gérard " puis " Renaud ") présente un tableau catastrophique de la situation :" Nos groupes de Montereau, Melun, Brie-Comte-Robert sont anéantis " pour l'ensemble réseau-mouvement. Il faut en fait relativiser. Suzanne Tony Robert poursuit inlassablement son travail de recrutement et de renseignement. Si certains ont disparu - sept résistants sont déportés sous le sigle Cohors -, une quarantaine d'autres se maintiennent, versés plus tard dans les FFI, et participent aux combats de la Libération. On peut citer parmi eux Jacques Pavart ou " Popeye ", qui a servi Cohors en renseignant la RAF sur la chasse de nuit, ou encore Saquet, Collard... La même remarque vaut pour le groupe de Montereau, qui n'a pas connu les arrestations d'août 1943. Le docteur Delaigue, alias " Frédéric ", responsable avec Henri Ballot et le docteur Luthereau de Libé-Nord à Montereau, est a priori surtout soucieux de renseignement. Il dispose d'un poste émetteur. Le groupe possède néanmoins un terrain de parachutage à La Tombe et entrepose des armes au séminaire de la Brosse-Montceaux. Des liens sont noués avec les maquis de l'Yonne. Quant à Ballot, il rejoint l'un de ces maquis de l'Yonne pour participer à la libération de sa ville. Selon Maurice Esnault, suite à l'afflux de réfractaires, Gilbert Gaillardon " prend contact à Melun avec l'un de ses amis, Georges Moulin, résistant de toujours... ", pour la fourniture de fausses cartes d'identité. Au moment où Gaillardon et Piat ont perdu tout lien avec l'OCM et cherchent à renouer avec Marc O'Neill, ce dernier, qui vient de créer les Volontaires paysans et ouvriers (VPO), est également en pourparlers avec Grégoire, alias " Guiselain " ou " Godefroy ", responsable de Libération-Nord pour le Gâtinais. Les chefs de VPO participent à ces tractations ; on propose même à Piat une responsabilité départementale à Libé-Nord qu'il refuse. Il en a une pour Nemours et Gaillardon pour Lorrez-le-Bocage et Château-Landon. Le chef départemental, résidant à Melun, sera Georges Moulin. Cette affiliation à Libération-Nord des têtes de VPO explique la participation à l'opération Sussex de 1944. Selon Esnault toujours, c'est bien Libé-Nord, en la personne de Moulin, qui sollicite Gaillardon " pour la réception sur ses terrains de parachutage d'agents qui viendront d'Angleterre par couple, munis de postes émetteurs ". Alya Aglan a mis en évidence le rôle de Libé-Nord, citant le terrain de Souppes -en réalité Cercanceaux- qui n'est d'ailleurs pas le seul à avoir servi pour Sussex. Le 9 mai 1944 sont alors parachutés Louis et André. La réussite de l'opération incite Moulin à proposer au groupe la réception d'autres agents de Sussex. Ce sera le cas le 30 juillet et surtout le 5 août sur le terrain de la Croix-Blanche, chez Trembleau. A la Libération, Georges Moulin représente Libération-Nord au CDL. 

Source(s) :

Claude Cherrier, « Libération-Nord en Seine-et-Marne », in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.

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