"Aube"

Dans l'Aube, le mouvement Libération-Nord prend naissance au printemps 1941 dans les milieux socialistes et syndicalistes, sous l'impulsion de Germain Rincent, ex-secrétaire de la fédération socialiste auboise. Il faut noter que nombre de militants de gauche, sur l'incitation d'Albertini, demeurèrent hostiles à la Résistance et que le démarrage du mouvement fut de ce fait extrêmement difficile. Néanmoins, Georges Lapierre, secrétaire général du syndicat des instituteurs, apporta son appui et ses relations professionnelles. L'activité, initialement réduite, concernait l'évasion et l'hébergement des prisonniers de guerre ainsi que la fourniture de renseignements sur les transports allemands. En 1942, le recrutement se poursuit péniblement. Rincent assume la diffusion clandestine du journal Libération grâce notamment à l'aide apportée par Pierre Brossolette, ancien candidat socialiste dans l'Aube. Les efforts de recrutement portent alors essentiellement sur l'agglomération troyenne, la zone romillonne, la forêt d'Othe et le Barsuraubois. Au début de l'année 1943, Deniau, membre du comité national de Libération-Nord, vient dans l'Aube avec Raymond Guyot de Reims, délégué régional pour la Champagne. Ils examinent avec Rincent les possibilités d'actions coordonnées en liaison avec Paris. Rincent veille particulièrement à mettre en place l'organisation civile qui présidera aux lendemains de la libération. Quant à Gabriel Thierry ("Mismer"), inspecteur SNCF, il reçoit la direction du renseignement et de l'action directe. Sous son égide a lieu le premier sabotage des rotondes SNCF le 3 juillet 1943, dont il coordonne l'organisation. Mais le 2 août, la Gestapo procède à une vague d'arrestations et Thierry ainsi que Rincent doivent quitter le département. Maurice Montenot ("Poirier") accepte alors d'assumer le commandement militaire de l'organisation. En septembre 1943, les premiers éléments armés se rassemblent aux Grandes-Chapelles, à une quinzaine de kilomètres au nord de Troyes, avec quelques réfractaires au STO et des prisonniers de guerre évadés d'Allemagne. André Laplanche fait office de chef de groupe. Début mai 1944, une opération de la police allemande oblige les membres de Libération-Nord à décrocher, abandonnant trois des leurs qui seront fusillés. Regroupés sous les ordres de Laplanche, les rescapés gagnent le massif boisé de Montaigu, au sud de Troyes. Les effectifs croissent lentement pour atteindre une cinquantaine de personnes mi-mai. L'armement provient du parachutage de Géraudot dont les containers ont été enterrés près de la gare de Lusigny depuis l'été 1943. Le 25 mai 1944, Thierry devenu délégué régional de Libération-Nord rentre dans l'Aube. Il décide de multiplier les actions à l'annonce du débarquement allié en Normandie. Dans la nuit du 6 au 7 juin, le maquis de Montaigu détruit les installations ferroviaires de la ligne Troyes-Saint-Florentin. Les volontaires affluent, si bien que près de 150 hommes s'agrègent dans le massif boisé. Mais l'activité des résistants engendre une prompte réaction des troupes allemandes qui investissent le maquis le 7 juin. Numériquement et matériellement inférieurs, les maquisards doivent rompre le combat et se replier, laissant quatre prisonniers aux mains des occupants. De manière indirecte, un autre groupe de Libération-Nord est également décimé à Vauchassis, alors qu'il tentait de se constituer. Les membres de Libération-Nord qui souhaitent poursuivre la lutte se réfugient à la limite de l'Aube et de la Côte-d'Or, au Haut-du-Lait. Le 14 juin, sur les injonctions du dirigeant national Henri Ribière, Thierry donne l'ordre de rejoindre le maquis de l'Armée secrète à Mussy-Grancey afin de se placer sous l'autorité du colonel Alagiraude, chef départemental des FFI. Ils y forment la 2e compagnie installée à la ferme de Réveillon. Lorsque les forces allemandes attaquent les 2 et 3 août, les éléments de Libération-Nord réussissent à se replier en évitant l'encerclement. Ils se reconstituent à partir de la mi-août pour prendre part aux opérations de libération du département. Le 23 août, ils capturent ainsi le général Arndt et deux membres de son état-major. Le 26 août, accompagnant les troupes américaines, la 2e compagnie de Montenot entre dans Sainte-Savine et procède à l'installation de Gabriel Thierry comme président du Comité départemental de libération. Elle contribue également au nettoyage des noyaux de résistance allemands dans l'agglomération troyenne. Fin août-début septembre, les maquisards participent aux derniers combats dans l'est aubois et à la prise de Châtillon-sur-Seine. Plusieurs dizaines d'entre eux s'engagent ensuite pour la durée de la guerre au sein du 131e régiment d'infanterie, combattant sur le front de l'Atlantique au printemps 1945. 

Source(s) :

Sébastien Touffu, « Libération-Nord » in CD-ROM La Résistance dans l’Aube, AERI, 2010.

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