"Marne"

L'une des difficultés de l'implantation de Libération-Nord dans la Marne découlait du fait qu'on y comptait un certain nombre de militants socialistes qui étaient restés liés au collaborationniste Marcel Déat. En effet, ce dernier avait été député socialiste dans le département durant l'entre-deux guerres et avait animé Le Travail de la Marne, hebdomadaire de la fédération marnaise du parti socialiste SFIO. À Reims, Libération-Nord s'est organisé autour de responsables socialistes, comme Raymond Guyot, conseiller général du 4e canton élu en 1937, et de syndicalistes de la Bourse du travail, en particulier son secrétaire, Jean-Marie Docq. Libération-Nord a développé son action dans le monde ouvrier en s'efforçant de combattre la Charte du travail mise en place par Vichy. Il a pris en charge des réfractaires du STO dirigés sur Paris, où avait été mis en place avec Simon Cantarzoglou et Claude Burgod le groupe Les Cloches des Halles. Dans le secteur d'Épernay où le député socialiste Henri Martin avait voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 1940, l'implantation de Libération-Nord a été plus difficile. Le mouvement y était représenté par Henri Lagauche, beau-frère de Raymond Guyot, qui assurait également la liaison avec Henri Ribière, un des responsables nationaux du mouvement. À Châlons-sur-Marne, Libération-Nord a été implanté à l'initiative de Gabriel Thierry, ancien secrétaire de la fédération marnaise du Parti socialiste, employé SNCF muté à Troyes en 1941. Le groupe de Châlons était animé par Irénée Dlévaque, Lucien Draveny, Maurice Mennecier et Tony Herbulot. En novembre 1942, sous l'impulsion de Libération-Nord, un premier Comité marnais de libération a été constitué à la Bourse du travail de Reims qui comprenait deux syndicalistes de la CGT, Charles Guggiari et Jean-Marie Docq, et deux socialistes, Raymond Guyot et Robert Collet. Raymond Guyot et Charles Guggiari représentaient Libération-Nord au sein du Comité départemental de coordination des mouvements de Résistance, créé en mai 1943. À partir de 1943, le groupe Libération-Nord de Reims a organisé le sabotage de la production dans les usines qui travaillaient pour l'effort de guerre allemand et s'est doté d'une organisation militaire placée sous la responsabilité de Robert Duterque puis de Paul Schleiss, en liaison avec André Schneiter de CDLR, chef des FFI de l'arrondissement de Reims. En février 1944, deux membres de Libération-Nord siégeaient au Comité départemental de libération nationale, Robert Duterque et Edmond Forboteaux. Libération-Nord n'a pas échappé à la répression qui a frappé la plupart de ses responsables rémois. Le 13 juin 1944 sont arrêtés à Reims une bonne vingtaine de militants syndicaux dont beaucoup appartenaient à ce mouvement. À la Libération, le commissaire régional de la République, Marcel Grégoire-Guiselin, issu lui-même de Libération-Nord, a nommé sous-préfets Tony Herbulot à Vitry-le-François et Maurice Mennecier à Sainte-Ménehould, tandis qu'Irénée Dlévaque était placé à la tête de la délégation municipale provisoire de Châlons-sur-Marne. 

Source(s) :

Jocelyne et Jean-Pierre Husson, « Libération-Nord », in CD-ROM La Résistance dans la Marne, AERI (à paraître).

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