"Eleuthère Marne"

En octobre 1942, Hubert de Lagarde a créé un réseau de renseignement sous le nom de " Villars ", l'un de ses pseudos. Ce réseau, rattaché au mouvement Libération-Nord, assurait un service de renseignement militaire, en liaison avec le BCRA et l'ORA. En mai 1943, le réseau Villars a pris le nom de réseau Éleuthère. Éleuthère couvrait une grande partie de la zone occupée par un maillage de dix sous-réseaux, tous désignés sous des noms d'arbres, et par un nombre important d'agents. Le sous-réseau Saule, implanté en septembre 1943 principalement dans le secteur d'Épernay, était chargé de fournir des renseignements sur les terrains d'aviation, les mouvements de troupes et les usines travaillant pour l'effort de guerre allemand dans la Marne, mais aussi dans l'Aube et la Haute-Marne. Il est difficile d'évaluer les effectifs de Saule. Une soixantaine d'agents figurent sur un organigramme conservé au Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne. Ce document, dont on ne connait ni l'auteur, ni la source, ni la date, est peu fiable. Seuls trente-six agents ont été homologués après-guerre, mais il est certain que d'autres personnes appartenant parfois à d'autres réseaux ou mouvements de Résistance, ont pu, à un moment ou un autre, apporter leur concours au réseau Éleuthère-Saule. À la fin de l'année 1943, Saule a été durement touché par la répression, comme l'a été au même moment l'ensemble du réseau Éleuthère, avec, en particulier, les arrestations fin novembre de Robert de Vogüé, puis du principal animateur de Saule Maurice Germain, alias « Gesset », suivies, le 15 décembre 1943, par celles d'Henri Fignerol et d'Alfred Untereiner (Frère Birin). Au début de 1944, Saule s'est reconstitué à Épernay sous la direction de Gabriel Jullion, pseudo « Champenois », et de Marcel Labeste, pseudo « Jean Taureau ». Selon Pierre Nord, membre lui aussi d'Éleuthère, les agents de Saule ont fourni de précieux renseignements sur le trafic de la ligne Paris-Strasbourg, sur les expériences de tir à grande distance entre Verdun et la ferme de Navarin, sur les dépôts de V1 dans la Marne, sur le dépôt central de pièces de char installé à Épernay, sur les plans de l'usine d'armement de Tulle qui avait été transférée dans les caves de champagne Mercier à Épernay. Ils ont aussi assuré la surveillance des camps militaires de la région, en particulier celui de Mailly dans l'Aube. En mars 1944, ils ont signalé la concentration sur les voies ferrées proches de Mailly de wagons vides, sans doute en vue d'un embarquement de la division blindée Hohenstauffen stationnant dans le camp. Marcel Labeste a prévenu la centrale du réseau que cette division s'apprêtait à quitter Mailly. Dans la nuit du 3 au 4 mai 1944, le camp de Mailly a subi un bombardement allié très violent. La propagande allemande a minimisé les destructions et les pertes provoquées par ce bombardement, dont les agents de Saule se sont efforcés de dresser le bilan qui fut communiqué à Londres. En août 1944, les agents de Saule ont été contactés par les agents du BCRA Lemaitre et Brunet, parachutés dans le cadre du plan Sussex pour collecter des renseignements militaires dans la région d'Épernay. Après-guerre, trente-six Marnais ont été homologués au titre du réseau Éleuthère : Jean-Marie Bailly, Gaston et Lucienne Bénier, Suzanne Bichon, Eugène Bivert, René Blampain, Émile Bonnot, Marcel Boudet, André Bouteux, Francis Bunel, Denise Carroy, Jacques Dham, Georges Donrault, Gilbert Ducouret, Pierre Escudié, Henri Fignerol, Jean Florange, Maurice Germain, Gabriel Jullion, Marcel Labeste, René Laurant,Maurice Lesanne, Robert et Simone Michel, Jean-Baptiste Morin, Albert Narcy, Max Nominé, André Pariat,André Péterlé, Simone Plantet, Pierre Potié, Simone Protin, Camille Rouméas, Gaétan Stourbe, Alfred Untereiner (Frère Birin) et Michel Voye.

Source(s) :

Jocelyne Husson, « Le réseau Eleuthère », in CD-ROM La Résistance dans la Marne, AERI (à paraître).

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