"Maquis"

Formé de syndicalistes, chrétiens et confédérés, et de socialistes, le mouvement Libération-Nord pratique tout d'abord des formes d'action essentiellement pacifiques : rédaction, fabrication et distribution du journal Libération, collecte de renseignements. Les activités militaires sont absentes dans cette première phase d'organisation du mouvement, d'autant plus que la composante chrétienne ne penche pas naturellement pour la lutte armée. De 1940 à 1942, les cadres du mouvement ne jugent pas cette forme d'action prioritaire. Il s'agit de mobiliser contre la propagande de Vichy et des Allemands. Quand, en 1942, se crée en zone Sud l'Armée secrète, un certain nombre de militants convaincus de la nécessité de mener de front propagande et lutte armée vont poser la question au sein de Libération-Nord. Jean Cavaillès, philosophe protestant, incarne cette tendance qui prône la lutte armée. Le mouvement cherche alors à organiser des groupes de sédentaires (c'est le cas à Villeneuve-sur-Yonne). Malgré la mise en place du STO et les encouragements prodigués à ne pas se prêter aux recensements, les réfractaires ne sont jamais explicitement invités à rejoindre les maquis avant le début de l'année 1944. Le 25 janvier 1944, le journal Libération appelle à éviter " par tous les moyens le départ en Allemagne " en rejoignant " les mouvements de résistance " et " le cas échéant, les maquis ". En revanche le 16 juin, le journal est plus clair : " Gagnez les maquis. Devenez des soldats ". Le mouvement Libération-Nord s'est implanté dans l'Yonne en juin 1943. D'une part, la direction nationale contacte Pierre Vauthier, ancien secrétaire départemental du parti socialiste dans les années trente. D'autre part, la direction nationale délègue un jeune étudiant de Sciences Po, Jean Chapelle (" Verneuil "), pour " coordonner les groupes existants " à partir du Tonnerrois, où il a des attaches familiales, et mettre sur pied une structure militaire en vue du Débarquement, que l'on attend pour la fin de l'année. En s'appuyant sur de petits groupes de résistants, il constitue trois maquis, organisés à partir de mars 1944 : le maquis Garnier, le maquis Aillot et le maquis Horteur, appuyés par de nombreux groupes de sédentaires. La direction nationale du mouvement a choisi d'attendre le Débarquement pour passer à l'offensive. Dans l'Yonne, " Verneuil " veut constituer une grande unité pour que Libération-Nord puisse jouer un rôle politique décisif au moment de la Libération. C'est pour cette raison qu'il organise, après les pertes sévères subies par ses maquis en juin, le grand rassemblement des Iles Ménéfrier. 

Source(s) :

Equipe de l'Yonne, " Présentation des maquis de Libération-Nord " in CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004.

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