Stèle en hommage aux Justes d'Annemasse (Haute-Savoie)

Légende :

Stèle en hommage aux Justes d'Annemasse, située dans le parc Claudius Montessuit, au 10, rue de Genève, Annemasse (Haute-Savoie)

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : S. Bedeau

Source : © Cliché Sylviane Bedeau Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : Octobre 2018

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Haute-Savoie - Annemasse

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Analyse média

Nommés Justes parmi les nations ou restés anonymes, des femmes et des hommes, de toutes origines et de toutes conditions, ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d'extermination.


Site de la municipalité d'Annemasse, consulté le 23 octobre 2018.

Contexte historique

Ernest Balthazard (1881 - 1972) arrive à Annemasse en juin 1940 comme réfugié alsacien. Il est alors âgé de 50 ans et bénéficie dans un premier temps du soutien du Centre d'accueil des réfugiés, dont s'occupe Jean Deffaugt. Ne pouvant envisager un quelconque retour à Labaroche, son village natal parce que le corps de sa ferme est entièrement sinistré et inhabitable, il s'investit à son tour dans l'accueil de ses compatriotes et tous ceux, français ou étrangers, qui fuient devant l'occupant allemand. Il prend d'ailleurs très vite la gestion et l'organisation générale du Centre. Cette responsabilité l'amène à se rendre trois fois par jour à la prison du Pax pour la distribution des repas, lui permettant quelque réconfort et soutien moral. Il entre également dans la Résistance sous le nom de « Saint-André » et apporte un soutien indispensable aux membres du réseau Garel, lié à l’Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE), chargé du passage clandestin d'enfants juifs en Suisse. Il avait par exemple, balisé entre le quai de la gare et le Centre d'accueil un parcours réservé aux « colonies de vacances », contournant et évitant ainsi les points de contrôle des Allemands. Ce procédé a permis de sauver plus de 300 enfants. Ernest Balthazard reçoit le titre de Juste parmi les Nations à titre posthume, le 26 décembre 2005.

Jean Deffaugt (1896-1970) 
Commerçant en tissus, Jean Deffaugt s'installe à Annemasse en 1935. Par son dynamisme, il contribue à la renommée du commerce annemassien. Lorsqu'en 1940 des réfugiés arrivent de l'Est, il s'occupe spontanément d'eux. Il fonde un centre d'accueil dans les locaux de l'ancienne gendarmerie, qui recevra près de 12 000 Français venus de la zone occupée. Cette action bénévole lui vaut d'être choisi dans la Délégation spéciale instituée par le Régime de Vichy, pour administrer la ville. Avec d'autres anciens combattants, il accepte "par devoir" cette lourde tâche d'administration. Adjoint au maire Collardey, il le remplace lors de sa fuite et devient maire en décembre 1943. Entre septembre 1943 et août 1944, la police allemande règne sur la ville, implacable et dotée d'une des pires prisons de Haute-Savoie, la prison du Pax. Aux premières arrestations, J. Deffaugt obtient l'accord d'apporter chaque jour aux détenus des repas. Il brave le danger pour les réconforter et plus encore, demande la libération de tous les jeunes enfants, juifs pour la plupart. Résistant à sa manière, le réseau Gilbert l'utilise selon les besoins : cachet de la mairie, renseignement, contact avec les prisonniers du Pax. Les qualités de "courage et clairvoyance" de Jean Deffaugt lui valent plusieurs médailles : Légion d'Honneur, Médaille Militaire, Médaille de la Résistance, Mérite social, Mérite commercial. Il reçoit le titre de Juste parmi les Nations le 25 février 1966.

Huguette Ducoing-Baud (1923-2001)
Huguette Ducoing a 20 ans en 1943 lorsqu’arrivent les troupes d'occupation allemandes à Annemasse. En coopération avec un groupe de prêtres catholiques (Pères Louis Favre, Gilbert Pernoud, Pierre Frontin), enseignants à l'école du Juvénat à Ville-la-Grand, Huguette aide des juifs à passer clandestinement la frontière. Temporairement cachés chez ses parents, avenue de Genève, elle conduit ensuite les fugitifs jusqu'au Juvénat, où le point de passage se trouvait le long du mur du jardin de l'école. Les patrouilles allemandes passaient toutes les trois minutes devant le bâtiment de l'école. Il fallait donc minuter avec précision les mouvements des personnes pour leur permettre de passer en sécurité. Huguette Ducoing reçoit le titre de Juste parmi les Nations, le 16 novembre 1989.

       

Chanoine Eugène Marquet (1870-1953)
Prêtre en 1893, il arrive à Annemasse en 1897 comme vicaire et succède aucCuré Grillet en 1906. Durant les 55 années de son sacerdoce, il assure son travail pastoral avec attention et discrétion. Prêtre de grande piété, excellent prédicateur, il rend d'innombrables services, notamment durant la Grande Guerre auprès de la Croix-Rouge et autres œuvres de solidarité et de bienfaisance. Puis, lors de l'occupation allemande, avec l'aide de ses deux vicaires Victor Paour et Gabriel Fontaine, il cache des enfants et des adultes juifs dans le clocher ou sous les combles de l'église St-André, avant que des passeurs les emmènent franchir la frontière suisse. Eugène Marquet reçoit le titre de Juste parmi les Nations à titre posthume, le 7 septembre 1988.


Auteur et sources : Archives municipales d'Annemasse pour le site de la Ville d'Annemasse.