Jeanne Tillieu épouse Destombe

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance de Bondues Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Hauts-de-France (Nord - Pas-de-Calais) - Nord - Bondues

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Contexte historique

Jeanne Tillieu est née le 27 juin 1893 à Lille. Veuve de Casimir Constant Destombe, mort le 21 décembre 1941, et mère de trois enfants, Renée, Casimir et Andrée, elle continue d’exploiter la Ferme du Fort à Bondues lors de l’arrivée de la Wehrmacht. Dès le 15 juin 1940, la ferme se trouvant en Zone Interdite et étant occupée depuis le mois de mai, elle participe au sabotage d’engins et de véhicules militaires récupérés par l’armée allemande après la campagne de France, avec l’aide de son mari.
Cette activité de résistance, à laquelle s’ajoute l’aide aux soldats britanniques lors de la débâcle de juin 1940, lui vaut déjà une surveillance accrue de la part des gardes de l’aérodrome logeant chez elle, pouvant aller jusqu’à la brutalisation physique lorsqu’elle ramasse des tracts parachutés depuis Londres ou écoute la BBC en secret. Rapidement, Jeanne Tillieu se met à travailler pour le compte du mouvement de résistance Voix du Nord.

Arrêtée à son domicile le 7 septembre 1940, elle est condamnée par le Tribunal de la Feldkommandantur 569 à 6 mois de prison pour « outrages envers l’armée allemande, écoute intentionnelle des postes de radio anglais et pour ne pas avoir remis à la Kommandantur la plus proche les tracts jetés par les avions », son fils Casimir précisant plus tard qu’elle aurait traité un soldat allemand de « schwein » soit de cochon. Jeanne Tillieu est internée à la prison de Loos-les-Lille du 9 septembre 1940 au 13 janvier 1941, date de sa remise en liberté pour des raisons de santé.

De suite après sa libération, Jeanne Tillieu reprend son activité clandestine avec encore plus d’acharnement. Elle commence par organiser une collecte de fonds dans le village afin de faire construire une plaque de marbre blanc avec palme dorée et drapeau tricolore, afin d’honorer la mémoire et les tombes des soldats britanniques tombés à Bondues. Elle décide aussi de reprendre du service au sein de la Voix du Nord, recontactant Natalis Dumez, co-fondateur du journal clandestin. Ainsi jusqu’à la Libération, elle participe à la diffusion du journal clandestin du mouvement, fournis des renseignements précieux sur l’aérodrome à une certaine Mme Parmentier, agent du réseau à Lille, fournis aussi des pièces détachées d’appareils émetteurs à Natalis Dumez, détourne et cache des armes, aide des réfractaires grâce à de faux papiers, héberge et ravitaille une quinzaine de personnes traquées dont un anglais, Danny Spencer, mort en déportation, et la femme d’un policier Lillois mort en déportation, Mme Denimal. Jeanne Tillieu parvient surtout à introduire Natalis Dumez (qu’elle fait passer pour un batteur de matelas) dans sa maison occupée par les soldats du terrain d’aviation afin que ce dernier puisse prendre les premiers renseignements d’une longue série de croquis, chiffres et rapports de troupes et de véhicules, produits par Jeanne et son fils Casimir et portés par ce dernier aux membres du réseau à Lille. Casimir participe aussi, malgré son jeune âge, au convoyage d’armes clandestines vers les membres de la Voix du Nord de Lille. Ces renseignements permettent, à terme, une douzaine de bombardements sur l’aérodrome, ce qui le rend quasiment impraticable. Après-guerre, Casimir Destombe tient à souligner le « courage incroyable » de sa mère pour son implication dans la Résistance, malgré sa condamnation, malgré la surveillance accrue des troupes Allemandes logeant chez elle en permanence et même en ayant pour voisinage le Fort Lobau, ou furent fusillés pas moins de 68 résistants.

Ce courage est mis en valeur et reconnu par les décorations que Jeanne Tillieu reçoit après-guerre : La Croix du Combattant, la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, la Croix du Combattant 39/45, la Médaille de la Déportation et de l’Internement et la Médaille Commémorative de la Guerre 39/45 avec barrette Libération. Jeanne Tillieu meurt le 17 mai 1992 à Marc-En-Baroeul à l’âge de 99 ans.


Auteur : Hadrien Bachellerie

Sources :
Service historique de la Défense, 16P 571 521
Témoignage de son fils Casimir publié dans les actes de colloque « Femmes et Résistance en Belgique et en zone interdite », janvier 2006, Bondues, Musée de la Résistance et IRHiS de l’université de Lille 3.
Documents communiqués par le Musée de la Résistance de Bondues