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La prise de Koufra est annoncée au général de Gaulle

Légende :

Au recto : texte du télégramme du général de Larminat au général de gaulle annonçant la prise de Koufra
Au verso : réponse du général de Gaulle

Genre : Image

Type : Télégramme

Source : © Archives nationales, 3AG1/272 Droits réservés

Détails techniques :

Textes dactylographiés

Date document : 2 mars 1941

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Analyse média

Le 2 mars 1941, de Brazzaville, le général de Larminat, commandant des Troupes de l'Afrique française libre, informe par télégramme le général de Gaulle de la prise de Koufra la veille, soulignant qu'il s'agit du "premier poste ennemi conquis par armes françaises". 

Dans la réponse du général de Gaulle transparaît la fierté du chef de la France Libre pour ce qui constitue la première victoire de la France depuis la capitulation de 1940 : 

"Le succès français de Koufra est une grande date dans l'histoire de la libération de la France. Stop. Je vous en félicite et vous en remercie personnellement comme des autres succès remportés en Erythrée par les troupes de l'Afrique française libre que vous avez formées. Stop. Veuillez faire connaître au Colonel LECLERC que je lui décerne la Croix de la Libération et lui transmettre de ma part le message suivant : Citation : Les coeurs de tous les FRançais sont avec vous et avec vos troupes. Stp. Colonel LECLERC je vous félicite en leur nom du magnifique succès de Koufra. Stop. Vous venez de prouver à l'ennemi qu'il n'en a pas fini avec l'armée française. Stop. Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Stop. Je vous embrasse."


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Devenu commandant militaire du Tchad en décembre 1940, Leclerc projette d’attaquer Koufra, oasis italienne au sud-est de la Libye, distante de près de 2000 km.

En quelques jours, Leclerc réunit les moyens de transport (une centaine de camionnettes, équipées de mitrailleuses et de mortiers de 81 mm) et les effectifs (350 hommes) nécessaires au raid sur Koufra. Comme Fort-Lamy est à 1 200 km de la frontière italienne (et à plus de 1 500 km de Koufra), il s’installe à FayaLargeau, au nord du Tchad. Le 23 décembre, une première reconnaissance en direction de Koufra est organisée ; la «Colonne du Tchad» (que l’on commence à appeler «Colonne Leclerc ») quitte Faya-Largeau le 27 janvier 1941. 

Entre-temps, le 11 janvier, le colonel Colonna d’Ornano, chef de la région du Borkou-Ennedi (nord du Tchad) aura mené un raid sur Mourzouk, l’autre grand poste italien du Sud libyen, à plus de 1 000 km de Fort-Lamy. L’objectif n’est pas de prendre le poste, mais de neutraliser le terrain d’aviation : il est atteint, mais Colonna d’Ornano est tué. Ce raid démontre les immenses possibilités d’une colonne motorisée dans le désert et l’utilité du harcèlement dans la stratégie de conquête saharienne. 

Leclerc n’ignore pas que Koufra est bien défendue – entre autres, par la Sahariana di Cufra, une compagnie motorisée qui jouit d’une grande réputation – mais il sait aussi qu’arracher cette position à l’Italie fasciste équivaut à porter un sérieux coup à la domination fasciste en Afrique. Et ce coup, c’est la France Libre qui va le porter – avec le concours de la patrouille néo-zélandaise qui a participé au raid contre Mourzouk.

Leclerc se retrouve finalement seul avec sa colonne, sans appui aérien, sans l’aide attendue des Britanniques. Les affrontements avec la Sahariana di Cufra, beaucoup mieux armée, seront violents, mais, sûr de son affaire, il ne se presse pas. Le siège du fort d’El Tag, qui défend Koufra, dure dix jours ; les coups de main se succèdent et la résistance italienne finit par faiblir. Au matin du 1er mars 1941, la garnison italienne se rend. Koufra est tombée. Leclerc prononce alors quelques mots qui passeront à la postérité sous le nom de « Serment de Koufra » ; il explique que le combat ne s’arrêtera que lorsque le drapeau tricolore flottera à nouveau sur Paris et sur Strasbourg. 

Quelques jours plus tard, de Gaulle lui écrira: «Vous venez de prouver à l’ennemi qu’il n’en a pas fini avec l’armée française. Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire.» Si la prise de Koufra passe inaperçue en France – un seul journal annonce que des troupes anglaises ont occupé l’oasis – elle est, en revanche, saluée avec enthousiasme dans tous les territoires de l’Empire ralliés à la France Libre. Il s’agit, commente la BBC, du «premier acte offensif mené contre l’ennemi par des forces françaises partant de territoires français, aux ordres d’un commandement uniquement français ».


Fondation de la France libre, dossier "Les Français libres"