Maurice Korzec

Légende :

Maurice Korzec, dit Henri Marcellin, membre du détachement Marat FTP-MOI et de l'UJRE de Marseille (1924-1943)

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Yad Vashem Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Contexte historique

Maurice Korzec naît à Herserange en Meurthe-et-Moselle le 9 avril 1924 dans une famille juive immigrée de Pologne. Poussé par le chômage, le père, Morka Korzec, gagne Paris avec sa famille. Mordka Korzec, devenu ouvrier boulanger, milite au sein de la CGT et devient membre de la commission intersyndicale juive de Paris. Après avoir obtenu le certificat d'études, Maurice Korzec suit les cours à l'école d'apprentissage de l'ORT, organisation juive vouée à la formation professionnelle qui apparaît en France en 1920.

En 1941, Maurice Korzec et sa sœur Rose gagnent Marseille. Maurice Korzec travaille comme presseur dans la maison de confection Thierry. Dès 1942, Maurice Korzec milite avec sa sœur au sein de la résistance juive communiste. Lorsque l'Union de la jeunesse juive (UJJ) et l'Union des Juifs pour la résistance et l'entraide (UJRE) se créent au printemps 1943, Maurice Korzec en devient membre et reçoit la direction d'un des groupes de combat de l'UJRE lors de sa création début 1944. Comme ses camarades de l'UJRE de Marseille, il participe aussi aux actions du détachement Marat des FTP-MOI. Rose s'occupe de la « technique », fabrication de faux papiers et d'explosifs.

En tant que membre de l'UJRE, Maurice Korzec mène des actions contre des objectifs spécifiquement juifs ; en tant que FTP-MOI, il participe aux actions armées contre des objectifs généraux. Le 8 avril 1943, il pose sa première bombe devant un cantonnement allemand à l'Estaque. Le 8 mai, il participe à la « nuit des transformateurs ». Des équipes de FTP-MOI détruisent seize transformateurs qui alimentent des usines travaillant pour les Allemands dans plusieurs quartiers de Marseille. Lors de la minutieuse préparation de ces sabotages, les jeunes FTP forment des couples d'amoureux. Maurice Korzec doit se déguiser en jeune fille pour faire équipe avec Stefano Bau. Le 18 mai, Maurice Korzec avec son groupe pose une bombe devant un cantonnement allemand rue de l'Eclipse. Les 24 et 29 mai, Maurice Korzec et ses camarades, détruisent des locomotives et des wagons-citernes en gare d'Arenc.

Le 5 juin 1943, vers 22 heures, Maurice Korzec, couvert par Albéric d'Alessandri et Marcel Bonein, lance une grenade à la sortie du cinéma Le Capitole, réservé aux soldats allemands. Sept militaires allemands sont blessés ainsi que des civils français et deux gardiens de la paix. Maurice Korzec, blessé, est immédiatement arrêté ainsi que Albéric d'Alessandri. Maurice Bonein est arrêté ultérieurement. Conduit au siège de la Gestapo et torturé, Maurice Korzec est transféré à Lyon avec ses deux camarades. Ils sont condamnés à mort. Maurice Korzec est fusillé le 13 septembre. D'Alessandri et Bonein le 1er novembre.

Le corps de Maurice Korzec jeté dans le charnier de la Doua près de Villeurbanne (Rhône) est inhumé après la guerre dans la nécropole nationale de la Doua. Le 29 août 1945, Maurice Korzec est décoré à titre posthume de la croix de guerre avec palme. Gaston Beau, ancien commandant des FTPF des Bouches-du Rhône atteste de son rôle dans la Résistance : « Son audace et son efficacité dans l'action, son héroïsme lors des interrogatoires et lors de son exécution en ont fait un héros légendaire de la Résistance dans les Bouches-du-Rhône. »
En 1946, le conseil municipal de Marseille donne à la rue de l'Eclipse et à l'école qui s'y trouve le nom de Maurice Korzec.


Auteur : Sylvie Orsoni

Sources
Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 8 W 64
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 322432
Notice KORZEC Maurice [dit Henri MARCELLIN] par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 25 juin 2014, dernière modification le 20 novembre 2020.
David Diamant, Les Juifs dans la résistance française 1940-1944 (avec armes ou sans armes), Roger Maria Editeur, 1971.
Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, Paris, éditions Tirésias, 2011.
RobertMencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
JacquesRavine, La résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.