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Les Jeunesses communistes

Légende :

L'Avant-garde est depuis le début des années 1920 le journal de la Fédération des Jeunesses communistes de France. Interdit en août 1939, le mensuel devient alors clandestin et sa parution, moins régulière, ne cesse pas.

Genre : Image

Type : Presse clandestine

Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés

Date document : 1er octobre 1940

Lieu : France

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Contexte historique

Dans les années 1930, l’immigration de familles juives fuyant les pays d’Europe de l’Est pour venir s’installer à Paris entraîne la constitution d’importantes communautés juives dans certains quartiers populaires de la capitale, notamment dans les XXe et XIe arrondissements. Ces communautés constituent un vivier de recrutement pour le Parti communiste (PC) à la fois parce que beaucoup de ces immigrés étaient déjà des militants communistes dans leur pays d’origine mais aussi parce que le PC leur permet de bénéficier de certaines formes d’entraide et de solidarité dans un contexte économique et social qui rend leur intégration difficile. Alors que les parents militent au PC, leurs enfants rejoignent des organisations sportives ou culturelles développées par le PC à l’intention de la communauté juive, qui constituent une sorte de tremplin avant de s’engager dans les Jeunesses communistes. Au sein du YASK (Yiddisher Arbeiter Sport Klub), club ouvrier juif affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), se forment par exemple des groupes de camarades juifs qui militeront ensemble au sein des JC.

Les Jeunesses communistes présentent pour ces jeunes immigrés juifs l’équivalent d’une seconde famille, qui permet de développer des formes d’entraide et de faciliter leur intégration. Cela explique que lorsque les JC, comme l’ensemble des organisations affiliées au PC, sont interdites en septembre 1939 du fait du pacte germano-soviétique, beaucoup de ces jeunes militants juifs leur restent fidèles. Et malgré les risques encourus, ils participent à leur reconstitution dans la clandestinité en 1940. Sous couverture d’associations sportives ou culturelles, des réunions clandestines sont organisées ainsi que des cours de formation idéologique. Certains de ces jeunes militants juifs se trouvent investis de responsabilités importantes en étant chargés du recrutement et de l’organisation des actions de propagande. Les principales actions menées entre l’automne 1940 et le printemps 1941 consistent à diffuser des tracts ou des numéros de l’Humanité clandestine pour montrer que le PC reste actif malgré son interdiction. Les jeunes militants des JC sont également mobilisés lors des manifestations populaires organisées par le PC. Au cours de cette période, la ligne consiste à dénoncer la politique réactionnaire du régime de Vichy et à demander la libération des militants communistes emprisonnés. En maintenant la dénonciation de la poursuite d’une "guerre impérialiste" dans le contexte du pacte germano-soviétique, la propagande communiste s’attaque assez peu en revanche à l’occupant allemand et refuse d’apporter son soutien aux Britanniques et à la France libre qui continuent la lutte.

Le déclenchement de l’opération Barbarossa le 21 juin 1941 marque un tournant. La propagande communiste renoue avec sa ligne antifasciste de l’avant-guerre et le parti appelle désormais à la lutte armée contre l’occupant. Parmi les jeunes militants juifs, quelques-uns sont recrutés pour intégrer les premières formations de combat constituées au cours de l’été 1941 pour développer des attentats (exécutions d’officiers allemands, sabotages), les "Bataillons de la jeunesse". Ils seront également bien souvent les premières victimes d’une répression française et allemande qui s’intensifie contre les menées communistes. En 1942, alors que les rafles contre les Juifs s’intensifient, il est décidé pour des raisons de sécurité de séparer les jeunes communistes juifs de leurs camarades français et de les organiser dorénavant sous la direction de la section juive de la MOI. Cette section juive de la MOI sert de vivier pour le recrutement des groupes armés de la FTP-MOI.


Auteur : Fabrice Grenard

Sources et bibliographie
Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes : les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004.
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger : les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1994.
Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Perrin, 2018.