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Sifra Haham, Choura, Annie

Légende :

Certificat d'appartenance aux Forces françaises de l'intérieur délivré à Sifra Haham le 9 mai 1950.

Genre : Image

Type : Document officiel

Source : © Service historique de la Défense, GR 16 P 283428 Droits réservés

Date document : 9 mai 1950

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Contexte historique

Choura Haham naît le 1er janvier 1903 à Konrad en Roumanie. Dans ce shtetl (petite bourgade juive), elle connaît les difficultés des familles juives pauvres. Révoltée par l'antisémitisme et les pogroms, elle s'engage dans la lutte révolutionnaire. Elle émigre avec son mari Abram Haham en Belgique. Choura devient ouvrière métallurgiste. En 1931, le couple est expulsé à cause de son militantisme au sein du parti communiste et s'installe à Marseille.

Membres de la Main d'oeuvre immigrée (MOI), Abram et Choura Haham sont de toutes les luttes antifascistes. Choura adhère à l'Union des femmes françaises et participe au comité de soutien à l'Espagne républicaine. Abram Haham est arrêté le 10 mai 1940 pour reconstitution du parti communiste, interné à la prison Saint Pierre à Marseille puis au camp du Vernet (Ariège). De là, il est déporté à Buchenwald d'où il ne revient pas.

Choura continue la lutte sous le pseudonyme d'Annie. En 1941, elle participe au comité de solidarité avec les internés. Malgré les différences idéologiques, Choura Haham, Hélène Taich et d'autres femmes juives communistes entrent en contact avec le rabbin hassidique Zalman Schneerson qui secoure les internés des camps. Par ailleurs, Choura, avec d'autres militants de la MOI, commence dans le quartier populaire de Vauban la rédaction et l'impression de tracts distribués sur les marchés. En 1942, Choura devient responsable du centre d'impression clandestin installé rue Neuve-Sainte-Catherine. De là sortent les publications en français et en yiddish pour l'Union des Juifs pour la résistance et l'entraide (UJRE), le Mouvement national contre le racisme (MNCR) et plus généralement la presse clandestine communiste. Choura participe également au sauvetage de familles juives en procurant faux papiers, planques et familles d'accueil pour les enfants.

En 1943, Choura devient membre de la compagnie FTP-MOI Marat sous la direction de Basil Serban, Jeannot. En mai 1943, c'est chez Choura que Basil Serban, grièvement blessé après un sabotage, se réfugie. Par précaution, Choura doit détruire tous les documents qui révélaient son rôle dans l'impression de la presse clandestine. En septembre 1943, Choura participe à l'attentat contre les locaux de l'organisation « Jeunes pour l'Europe nouvelle ». Elle transporte des armes, des munitions, sert d'agent de liaison et avec d'autres combattants FTP-MOI, se retrouve le 21 août 1944 dans le secteur de la place Castellane et du cours Lieutaud.

Après la guerre, Choura est membre de la direction de l'UJRE. Elle se bat pour que les survivants des familles spoliées puissent retrouver appartements et commerces. Elle contribue à l'aide aux enfants de fusillés et déportés ainsi qu'aux rescapés des camps et ghettos d'Europe orientale. Jusqu'à son départ pour la Roumanie en 1954, elle demeure une militante très active au sein du parti communiste et des associations qui lui sont liées. Choura Haham, décédée en 1981, est enterrée dans le cimetière juif de Beltsy.


Auteur : Sylvie Orsoni

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes, 16 P 283428 (dossier individuel Sifra Haham, Choura, Annie)

David Diamant , Les Juifs dans la résistance française 1940-1944 (avec armes ou sans armes), Paris, Roger Maria Editeur, 1971.
Renée Dray-Bensousan, Hélène Echinard, Catherine Marand-Fouquet, Eliane Richard, Yvonne Knibiehler, Dictionnaire des Marseillaises, éditions Gaussens, 2012.
Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, Paris, éditions Tirésias, 2011.
Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Christian Oppetit ( dir.), Marseille, Vichy et les nazis, le temps des rafles, la déportation des juifs, Marseille, Amicale des déportés d'Auschwitz et de Haute-Silésie, 1993, p.41-43.
Jacques Ravine, La résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.
Taich Hélène, « Haham Alexandra Sufra, dite Choura », Renée Dray-Bensoussan et al., Marseillaises. Vingt-six siècles d'histoire, Aix-en-Provence, Edisud, 1999, p. 131-132.