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Registre d’écrous correctionnels de la maison centrale d’Eysses

Légende :

Couverture (recto) et page de garde (verso) d’un registre d’écrous de la maison centrale d’Eysses.

Genre : Image

Type : Registre d’écrous

Source : © Archives départementales de Lot-et-Garonne, série 940W. Droits réservés

Détails techniques :

Registre papier. Dimensions : 49 x 34 cm.

Date document : 11 janvier au 21 septembre 1944

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

L'écrou est le procès-verbal consigné sur registre constatant qu'un individu a été placé en détention dans un établissement pénitentiaire. Les registres se présentent de façon chronologique, dans l’ordre des mises sous écrou. Chaque détenu fait l'objet d'une notice organisée en huit colonnes, s'étendant sur une double page. Chaque double page contient les notices de trois détenus.

Ces registres sont riches d'informations sur le profil et sur le parcours des détenus. On y trouve :
- Le numéro d’ordre (ou numéro d’écrou) ;
- les informations d’état civil, les caractéristiques physiques et le signalement anthropométrique du détenu ;
- les peines prononcées à son encontre ;
- l’acte de remise du condamné au surveillant-chef de la maison centrale ;
- un extrait du jugement en vertu duquel il a été écroué ;
- la date de commencement de peine ;
- l’époque a laquelle la peine doit se terminer (ou la date selon les registres) ;
- la cause et la date de la sortie.

Certains registres émanant également de la maison centrale d’Eysses comportent des colonnes supplémentaires :
- Description des vêtements du détenu à son arrivée (à noter que cette colonne est plutôt utilisée pour mentionner les peines prononcées).
- Description des vêtements du détenu à sa sortie (colonne non utilisée).


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Archives départementales du Lot-et-Garonne, série 940W.

Contexte historique

La prison parle et permet de lever l’anonymat de résistants la plupart du temps clandestins. Les sources de la répression n’écartent a priori personne ; le paysan qui aide le maquis a autant de risques d’être arrêté que le responsable local d’un mouvement pris en train de distribuer des tracts. Il fait donc partie de notre corpus d’emprisonnés. Elles sont donc précieuses pour l’étude de la Résistance comme mouvement social, permettant d’insérer dans le champ résistant les pratiques d’aide et de solidarité, conformément à la nouvelle optique suivie depuis plusieurs années par la plupart des historiens. En même temps, les peines révèlent le regard porté sur les formes de résistance par les forces de répression et leur perception du danger.

Le profil sociologique type du détenu politique d’Eysses est celui d’un ouvrier, d’instruction primaire, âgé de 30 ans en 1943. Les Eyssois, essentiellement originaires du midi, sont jeunes, d’origine sociale variée, mélange d’une société ouvrière mais aussi rurale, étudiante et aisée, à l’image de la grande diversité sociale des résistants dans leur ensemble. Mieux insérés dans la société que les droits communs, d’une condition sociale supérieure, ils sont plus instruits et viennent de tout l’éventail socioprofessionnel. On est loin des clientèles traditionnelles de transgression sociale des centrales.
Pour beaucoup, surtout parmi les jeunes, la Résistance fut l’occasion du premier engagement ; cependant, certains milieux ont constitué des terreaux favorables à l’entrée dans le combat. Une forte minorité de détenus s’était déjà engagée, à divers degrés, dans les mouvements politiques, syndicaux ou associatifs, comme militants de base. Les détenus politiques d’Eysses comptent dans leurs rangs plusieurs responsables syndicaux nationaux (dans les secteurs professionnels du textile, des mines, de la métallurgie et de l’alimentation), des responsables politiques, essentiellement dans la mouvance communiste, mais également des cadres de différents mouvements et réseaux de résistance n’ayant eu aucun engagement avant guerre.

Le profil pénal type du détenu politique d’Eysses est celui d’un résistant arrêté et condamné en 1943 pour activité communiste par la section spéciale de Limoges. Condamné à une peine de plus de cinq ans de prison, il connaît trois maisons d’arrêt dont la prison Saint Paul de Lyon avant d’être transféré à Eysses en octobre 1943. Il est livré aux nazis le 30 mai 1944 et ne rentrera de déportation qu’au printemps 1945, après plus de deux ans d’incarcération, dont un an passé dans les prisons françaises.


D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Autres sources : Site internet du musée national des prisons (http://www.musee-prisons.justice.gouv.fr). Jean-Claude Farcy, Guide des archives judiciaires et pénitentiaires 1800-1958, CNRS Editions, 1992.