Règlement de la Maison centrale d’Eysses

Genre : Image

Type : Document officiel

Source : © Centre de détention d’Eysses, salle de mémoire Droits réservés

Détails techniques :

Photocopie d’un document comprenant trois pages dactylographiées. Format : 21 x 27 cm.

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Ce document est une reproduction du règlement de la Maison centrale d’Eysses intitulé « Instructions ».
Il s’agit d’une copie conforme (datée du 12 septembre 1945) du règlement établi le 20 octobre 1943 et signé par le directeur Lasalle. Il a été vraisemblablement rédigé suite à l’arrivée massive des détenus politiques au sein de la Maison centrale d’Eysses. Il constitue en quelque sorte le règlement « officiel » propre aux détenus politiques. Ce règlement comprend 14 rubriques relatives à l’emploi du temps, aux locaux, aux soins et à l’hygiène, à la tenue vestimentaire et aux liens avec l’extérieur (parloirs, correspondances…).


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

Non seulement les détenus sont astreints au silence, mais ils doivent observer une obéissance absolue à toutes les prescriptions réglementaires.
La journée d’un détenu comporte de l’heure du lever, sept heures, à l’heure du coucher, dix-neuf heures, les soins de propreté (lavabos à leur disposition, salles de douche tous les quinze jours), le travail dans les services généraux ou ateliers (durant la guerre le travail cesse en raison des pénuries de matières premières), la promenade dans la cour (une heure par jour), les repas pris au réfectoire en commun (à onze heures et dix-huit heures), l’école pour les illettrés et, certains jours, les lectures, correspondances, visites et cultes.
Les liens avec la famille (uniquement réservés aux parents proches): mandats, parloirs, lettres et colis sont strictement réglementés. Ce sont ces liens qui permettent aux détenus de tenir dans les conditions de détention très dures des centrales.
Les détenus portent un costume pénal : une vareuse, un pantalon, un gilet, un béret, des chaussons, des sabots, une chemise, un caleçon, et une cravate.
L’alimentation de base est insuffisante, de façon à pousser le détenu à s’assurer un surplus grâce à son travail. La surveillance incombe au personnel et parfois à des détenus eux-mêmes, porteurs de galons, dénommés prévôts. Des punitions sont infligées à la suite d’une comparution du détenu devant le prétoire disciplinaire (tenu par le directeur) : privation de promenade, de cantine, de correspondance (puis de colis), réclusion, c’est-à-dire la mise en cellule dans les locaux du quartier cellulaire, avec comme seule alimentation pain et eau. Le directeur doit tenir un prétoire de réclamations au cours duquel les détenus ont droit de présenter des doléances.
Par leur unité, leur organisation et leur détermination, par une lutte collective quotidienne, les résistants d’Eysses vont pourtant réussir à imposer leurs propres règles de fonctionnement au sein de la prison dans de nombreux domaines.


D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Autres sources : A. Mosse, Les prisons et les institutions d’éducation corrective, Paris, 1929, p. 318. M. Perrot, Les ombres de l’histoire, crime et châtiment au XIX e siècle, Paris, Flammarion, 2001.

Portrait d'un résistant à Eysses