Appareil photographique Kodak

Légende :

C’est ce type d’appareil photo qui est entré clandestinement dans la centrale et qui a permis la réalisation de nombreux clichés.

Genre : Image

Type : Objet

Source : © Collection Marc Fineltin Droits réservés

Détails techniques :

Dimensions : 15 x 8 x 12,5 cm.

Date document : Sans date

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Cet appareil photo de marque Kodak est le modèle Brownie 2A comme l’indique l’inscription sur une des faces. Le tout premier Brownie apparait aux Etats-Unis en 1900 ; il était alors destiné aux enfants mais fut adopté par tous. Vendu 1 dollar, le Brownie fera le tour du monde et inaugurera l'ère de la photographie moderne. Le modèle 2A fut fabriqué aux Etats-Unis entre 1907 et 1924 et était vendu 3 dollars. Il s’agit d’un modèle très courant diffusé à travers le monde à des millions d’exemplaires.
Un modèle de ce type est entré clandestinement au sein de la centrale d’Eysses et a servi à la réalisation de nombreux clichés.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : http://cdanslaboite.e-monsite.com/

Contexte historique

Ces photographies prises à Eysses sont issues d'un fond exceptionnel : les anciens détenus résistants d'Eysses ont conservé un carton entier de photos prises dans la centrale entre décembre 1943 et janvier 1944, avec un appareil photo rentré clandestinement. Certaines ont été développées grâce à l'aide de la résistance extérieure et la complicité de certains surveillants et envoyées aux familles. L'appareil photo comprenant les derniers négatifs, camouflé dans la cour du préau 1 avant la livraison des détenus aux SS et leur déportation, a été récupéré en 1945.

Ces clichés sont essentiellement des photos de groupe prises dans les préaux ou quelques photos individuelles. Scènes de vie quotidienne, elles sont en apparence banales, mais si l'on y jette un regard plus précis, elles interpellent l'historien sur l'image que les prisonniers ont souhaité renvoyer d'eux-mêmes et de leur vie derrière les barreaux.   Quelques photos sont même exceptionnelles si on les replace dans leur contexte : prises par des détenus politiques incarcérés dans les prisons de Vichy. C'est le cas des clichés qui immortalisent un événement particulier survenu à la centrale d'Eysses : la cérémonie funèbre et les honneurs rendus par ses camarades à un interné administratif, Barthélemy Duprillot. Arrivé à Eysses le 23 octobre 1943 avec les autres internés, il s'est donné la mort pendant la bataille dite des "Trois glorieuses", le 10 décembre 1943, de peur d'être livré aux Allemands.   Les photos prises dans la centrale saisissent rarement des individus seuls, à l'exception des délégués des détenus comme Henri Auzias photographié quelques semaines avant son exécution par la cour martiale le 23 février 1944. La plupart sont des clichés de frères d'armes. La photo est le résultat d'une volonté d'immortaliser des moments de joie mais aussi de détermination collective, alors que pour beaucoup ces années de clandestinité furent marquées par la peur. Replacée dans son contexte, elle résonne comme un défi, renvoyant l'image de combattants.     


D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Photographie prise clandestinement dans la centrale d’Eysses