L'Unité d’octobre 1943, n°1

Genre : Image

Type : Presse clandestine

Source : © Archives FNDIRP Droits réservés

Détails techniques :

Journal manuscrit et illustré. Dimensions : 26,7 x 21 cm.

Date document : Octobre 1943

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Parmi les journaux clandestins réalisés à la centrale d’Eysses, neuf exemplaires ont été conservés. Il s’agit notamment de quatre numéros de l’Unité, organe des embastillés d’Eysses. Ici le numéro 1 d'octobre 1943.

Ces journaux permettent de comprendre les ressorts de l’organisation interne et la nature des débats engagés en détention. On y trouve un grand foisonnement d’articles souvent critiques, permettant de saisir la vie d’une communauté nombreuse avec ses difficultés quotidiennes mais aussi ses constants efforts d’unité et d’organisation.


Auteur : Gérard Michaut
Sources : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Contexte historique

Les journaux clandestins écrits collectivement à Eysses entre octobre 1943 et mai 1944 sont le fruit d'une organisation élaborée, comprenant une équipe rédactionnelle et une équipe technique. Ils permettent l'expression des résistants de toutes tendances, communistes, gaullistes (vocable regroupant en fait tous les résistants non communistes), républicains espagnols. Chaque numéro, généralement en exemplaire unique, est affiché dans les préaux, passant à tour de rôle de l'un à l'autre. Les articles répondent à des objectifs bien précis d'efficacité immédiate pour la lutte menée en prison, et d'une formation politique et culturelle destinée à préparer l'après-guerre. Ils permettent également de cimenter le groupe des détenus autour des valeurs fondatrices du "collectif d'Eysses" : l'unité, la solidarité, la combativité contre l'oppresseur et pour la libération de la France. 

Les journaux clandestins sont écrits et dessinés à la main sur papier, généralement en un seul exemplaire. Ils comprennent 2 ou 4 pages, calligraphiées et illustrées, en une, deux ou même trois couleurs. Ce travail (auquel participent en particulier Pierre Bonfante pour l'écriture et Louis Cuoq pour les dessins) est réalisé la nuit, sous une veilleuse, entre deux rondes de surveillants. La réalisation de ces journaux clandestins est particulièrement soignée afin de leur donner un aspect véritablement professionnel malgré l'absence de tout moyen d'impression. 

Parmi les thèmes abordés, on trouve d'abord l'organisation et la vie des détenus à l'intérieur de la prison. Les événements qui cimentent le groupe sont particulièrement mis en valeur et l'unité entre tous les résistants est célébrée, même si les difficultés rencontrées dans ce domaine ne sont pas masquées. Des informations sont données et commentées sur la résistance extérieure et le déroulement de la guerre. Une place est toujours réservée à la culture générale (éducation, histoire, littérature, poésie, art...) et à l'avenir de la France libérée (montrant des aspirations éducatives, économiques, sociales et démocratiques proches de celles du programme du Conseil national de la Résistance). Enfin, malgré la dureté de la situation, quelques rubriques humoristiques (comme « Qui Eysses qui rit ? dans Le Patriote enchaîné daté du 20 décembre 1943 ») sont là pour entretenir le moral.


Auteur : Gérard Michaut
Sources : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Journaux clandestins réalisés par les résistants emprisonnés à Eysses