L’esprit d’Eysses à Dachau

Légende :

Témoignages de Josep Cardona, Henri Laffitte et Joan Martorell extraits du documentaire « Eysses, une prison dans la Résistance » (Amicale d'Eysses  / IFOREP).

Genre : Film

Type : Documentaire filmé

Producteur : Amicale d’Eysses / IFOREP

Source : © Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Durée totale : 52 minutes. Durée de l'extrait : 00 :01 :08s.

Date document : 1987

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Le film retraçant l'histoire d'Eysses est décidé lors du 40ème congrès en 1985 pour donner un contenu plus historique que celui du livre édité précédemment. Le film tourné à Villeneuve-sur-Lot et à Eysses en février 1986, sort en janvier 1987, sous le titre « Eysses, une prison dans la Résistance ». Il retrace en cinquante deux minutes les victoires remportées dans la prison, le grand dessein : l'évasion du 19 février et son échec, ce qu'était l'esprit d'Eysses, fait de tolérance, de civisme, d'abnégation, tout en le replaçant bien dans le contexte.

Dans cet extrait,  Josep Cardona, Henri Laffitte et Joan Martorell évoquent le maintien de la solidarité mise en place à Eysses dans les camps de concentration nazis, principalement à Dachau.

Retranscription :
Anna Dupuis-Defendini : "Mais l’esprit d’Eysses a-t-il pu survivre à Dachau ?"  
Josep Cardona (avec un fort accent espagnol) : "Oui, nous avons vite compris en arrivant que le régime hitlérien, le régime fasciste, avait converti les hommes en sauvages, qui se seraient mangés les uns les autres. Alors, les petits morceaux de pain qu’on était habitués à se donner à Eysses, on l’a organisé pour les donner aux plus jeunes et aux camarades plus âgés."
Henri Laffitte : "Chacun de nous donnait son petit morceau de pain et on finissait par avoir des sommes relativement importantes. Je crois qu’une fois, nous avons eu plus de vingt kilos à pouvoir distribuer."
Joan Martorell : "L’esprit c’est l’esprit de continuer le combat et il faut sauver les gens dans la mesure du possible avec l’espoir de pouvoir continuer la lutte jusqu’à la victoire."
Henri Laffitte : "Grâce à la fermeté des gars d’Eysses, des quantités considérables de camarades ont pu être sauvés. Il est probable que si cela n’avait pas existé, il y en a beaucoup d’entre nous qui seraient restés dans les camps de concentration. Il n’était plus question d’âge, d’idéal politique, de nationalité, cela jouait dans tous les sens. Jamais une chose pareille ne se verra à aucun autre moment."


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

Se connaissant et bénéficiant d’une commune expérience dans les luttes diverses, les anciens d’Eysses ne se sont jamais sentis isolés, ni à Dachau, ni plus tard dans les kommandos où ils furent dispersés. Toute l’action antérieure menée dans la centrale, toutes les expériences qui y furent acquises, représentent dès lors un important capital. Ainsi s’expliquent le maintien et le développement jusqu’à Dachau d’une pensée commune et d’une volonté d’action concertée. Les détenus résistants d’Eysses déportés à Dachau amenaient donc avec eux une organisation à peu près unique dans les prisons de France et qui ne pouvait manquer d’avoir ses prolongements dans l’enceinte de Dachau. Bientôt les anciens d’Eysses, quelques temps réunis à Dachau, ne tarderont pas être dispersés, envoyés vers des destinations inconnues, répartis par petits groupes dans une multitude de kommandos divers, dépendant toujours du camp central. Partout où les Eyssois se trouvent réunis, fut-ce même en petit nombre, ils dirigent l’organisation clandestine française des kommandos. Au gré des départs et des décès, ils s’ingénient à établir ou rétablir la solidarité, l’unité, baraquement par baraquement, chantier par chantier.
La plus belle citation qu’ait reçue le bataillon d’Eysses est cette remarque faite par d’autres résistants rescapés, qui se joignirent, au camp, au mouvement fraternel proposé par les Eyssois et qui déclarent : « Non seulement ils ont tenu, mais ils ont fait tenir autour d’eux des centaines de patriotes déportés ».


Sources : Amicale des anciens d’Eysses, Eysses contre Vichy 1940-…, Tiresias, 1992.