Une du bulletin Unis comme à Eysses, n°180, novembre 1992

Genre : Image

Type : Journal associatif

Source : © Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Dimensions : 21 x 29,7 cm.

Date document : Novembre 1992

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Ce bulletin des anciens d’Eysses de novembre  1992 met à l'honneur Georges Charpak, ancien d'Eysses et Dachau, qui vient de recevoir le prix Nobel de physique. 


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

Le premier numéro du bulletin des anciens d’Eysses paraît le 19 juin 1945. Il continue de paraître sans discontinuer quatre fois par an depuis 1945 ; il constitue le lien entre ses membres, dispersés aux quatre coins de France et d’Europe, quelques-uns même aux Etats-Unis. Une rubrique spécifique constitue le lien entre les membres de la famille d’Eysses, avertit des décès et des naissances mais aussi des décorations obtenues pour fait de Résistance, des réussites professionnelles des uns et des autres. L’amicale se sent ainsi honorée de l’obtention par l’un des siens, le physicien Georges Charpak, du prix Nobel de physique en 1992 et le bulletin mentionne l’information en première page (bulletin n°180, novembre 1992). Mais l’amicale ne serait à la hauteur des objectifs fixés si elle n’avait été capable, dans les moments difficiles traversés par certains de ses membres, de leur apporter un soutien actif. Les occasions ne manquent pas, dans un contexte marqué par la guerre froide, les mouvements sociaux, les guerres coloniales et le franquisme.

Si tout ce qui renvoie au passé commun, Résistance et lutte pour l’épuration rassemble, les prises de position sur des sujets éloignés de la Résistance étaient plus délicates à tenir et l’unité plus difficile à maintenir. Dans les années d’après guerre, la construction européenne est suivie avec attention et si l’on salue un projet de paix, le projet de Communauté européenne de Défense (CED) et le réarmement allemand font l’objet d’une condamnation commune des communistes et des gaullistes (bulletins de 1951 et 1952). Les prises de position les plus fréquentes, au gré de l’actualité, touchent au combat pour la paix et le désarmement, contre l’extrême droite et le révisionnisme, autant de fils directeurs qui permettent de maintenir l’unité, par delà des positions politiques divergentes. En 1967, le congrès vote une résolution contre la guerre du Vietnam, en 2003, contre la guerre en Irak. Le congrès de 1992 vote une résolution sur la situation en ex-Yougoslavie et proclame son inquiétude sur la notion de « territoire ethniquement pur » demandant à toutes les parties en cause d’assurer le respect de la « Charte internationale des droits de l’homme ».

Il est plus difficile de maintenir l’unité sur les autres sujets brûlants de l’actualité ; la position de principe est de ne pas prendre de position partisane, tout en affirmant l’attachement à de grands principes, celui de la liberté et de la démocratie par exemple.

L’amicale d’Eysses parvient à rester un vecteur d’unité au moment de la guerre froide alors que les amicales de déportés se déchirent. La mémoire y reste fusionnelle alors qu’elle devient ailleurs, souvent conflictuelle. En cela, l’amicale d’Eysses semble avoir constitué une exception, mémoire fusionnelle où a joué, sans doute inconsciemment, le désir de perpétuer le « mythe d’Eysses » constitué en prison.

En janvier 2012 paraîtra le 259e numéro du bulletin Unis comme à Eysses.


Sources : Corinne Jaladieu, « Naissance d’une amicale », article non publié.