Couverture du dossier de demande d’homologation du bataillon FFI

Genre : Image

Type : Document officiel

Source : © Service historique de la Défense, Bureau Résistance et Seconde Guerre mondiale, 19P47/24. Droits réservés

Détails techniques :

Support papier. Format : 27,5 x 22 cm.

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Le document ici présenté est le recto de la chemise-bordereau du dossier de demande d’homologation de l’unité FFI « Patriotes de la centrale d’Eysses ». Ce dossier est conservé au Bureau Résistance (Vincennes) sous la cote 19P47/24. La couverture comprend le numéro de la région militaire (4ème), le nom du département concerné (Lot-et-Garonne) puis le nom de l’unité. Sont énumérées ensuite les pièces composant le dossier (voir l’album joint à la présente notice), à savoir :
- Historique de la formation.
- Résumé des opérations.
- Etat nominatif des cadres officiers.
- Etat des morts, disparus et déportés.
- Attestation du capitaine Cluzeau (association des anciens FTP), 21/06/1947.
- Attestation du Comité départemental de libération du Lot-et-Garonne, 18/06/1947.
- Attestation du commandant Gaudillat – Pelletier, 30/06/46.
- Attestation du commandant Gabriel Laguille, 16/06/47.
- Attestation du lieutenant-colonel Jean-Pierre (Fernand Thomas), 16/06/47.
- Certificat de Pierre Déchet, 04/04/1946.

Les signataires des attestations composant le dossier sont des responsables de la Résistance en Lot-et-Garonne ayant été en contact à un moment ou à un autre avec l’organisation clandestine des résistants incarcérés à Eysses :
- Paul Cluzeau : chef des groupe-francs Raymond de la région de Villeneuve-sur-Lot ;
- Jean Gaudillat-Pelletier : commissaire aux renseignements (Service B) à Toulouse ;
- Pierre Déchet : GMR et résistant, responsable de la garde extérieure de la Centrale d’Eysses ;
- Gabriel Laguille : un des responsables du bataillon Prosper ;
- Fernand Thomas : un des responsables locaux de l’Armée secrète puis du bataillon Palissy.

La reconnaissance de l’action résistante se pose à double titre, collectif et individuel. La bataille pour la reconnaissance collective est rapidement couronnée de succès. Le 24 novembre 1947, la qualité d’unité FFI est reconnue - à compter du 9 décembre 1943 (lutte engagée contre l’envoi en zone nord des internés administratifs) - sous la dénomination de « Bataillon FFI.de la centrale d’Eysses », à la formation combattante constituée par les membres de la Résistance incarcérés à la centrale d’Eysses. La fiche annexe mentionne deux opérations : la première est l’insurrection des 9, 10 et 11 décembre 1943 pour empêcher la livraison aux Allemands des internés administratifs, au cours de laquelle 1450 hommes sont engagés et qui se solde par une victoire (les 150 internés administratifs étant envoyés à Sisteron avant de former une unité participant aux combats de la Libération) ; la seconde concerne la tentative d’évasion collective du 19 février 1944, en vue de rejoindre la résistance extérieure ; les détenus capitulent après treize heures de combat à la suite d’arrivée de renforts allemands.

Une seconde bataille commence alors, afin de faire reconnaître le « Bataillon » d’Eysses comme Unité combattante ; des demandes sont déposées à cette fin en 1957, 1970, 1985. Le rapport de présentation devant la commission -prévue à l’article A.119 du Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes-, concernant le « Bataillon FFI de la centrale d’Eysses », rédigé en 1985 par l’amicale en vue de demander l’assimilation de cette formation à une unité combattante, stipule que ce dossier est, par sa nature, exceptionnel : « il concerne une unité dans laquelle les éléments détenus dans une prison se sont soulevés collectivement pour tenter de s’évader et de rejoindre le maquis. Aussi, si cette formation ne remplit pas toutes les conditions habituellement demandées à un organisme de Résistance traditionnellement constitué, c’est précisément que les détenus se sont formés en un bataillon dans des conditions très particulières. En conséquence, il semble équitable que le jugement porté sur le caractère combattant de cette formation tienne compte des circonstances exceptionnelles dans lesquelles elle a dû s’opérer…».

La demande aboutit enfin le 20 avril 1990 ; le Bataillon FFI de la centrale d’Eysses est alors reconnu Unité combattante pour « les actions des Trois Glorieuses, débutant le 9 décembre 1943, empêchant la livraison en zone nord des internés administratifs et du 19 février ayant pour but de rejoindre la résistance extérieure ». De nouveaux plans d’évasion étant en cours après l’échec du 19 février, l’existence d’un bataillon, Unité combattante, est reconnue officiellement jusqu’au 30 mai 1944, date de la déportation des détenus politiques. L’ensemble de pièces fournies : messages clandestins envoyés à Denis, témoignages de leurs principaux alliés à l’extérieur de la prison, est assez imposant. Munis d’un certificat d’appartenance à une unité combattante, les anciens prisonniers politiques ont désormais plus de facilité pour faire reconnaître leurs droits individuels.


Sources : Site internet de l’association pour la mémoire des résistants d’Eysses (http://www.eysses.fr). Documentation Corinne Jaladieu.

Contexte historique

L'ensemble des dossiers d'homologation constitue en quelque sorte une carte d'identité de la Résistance armée. Ces dossiers ont été constitués après la Libération par les chefs des maquis ou des groupements FFI en vue d'obtenir la reconnaissance de leurs formations comme unités combattantes. Réalisés en exécution des prescriptions d'un ensemble d'ordonnances et de décrets d'application s'échelonnant de 1943 à 1953, chaque dossier comprend une chemise-bordereau portant entre autre les avis de commissions départementales et régionales. Ces commissions donnaient leur avis sur la date de début d'activité et sur les effectifs. Elles comprenaient un ou deux représentants de chaque mouvement et leurs présidents étaient en général un membre du mouvement le plus important du secteur.

A l'intérieur de ces chemises figurent un tableau de base, un historique succinct, un résumé chronologique de ses opérations, un état nominatif des cadres officiers ainsi que celui des pertes. Ces dossiers sont conservés au Service historique de l'armée de terre à Vincennes. Les formations reconnues figurent au Bulletin Officiel du Ministère de la Guerre n°328 (1958).

Si d'une manière générale, les dossiers ont été correctement constitués, bon nombre sont manuscrits et incomplets. Sans mettre systématiquement en doute la nature des renseignements, il n'est pas inutile de souligner qu'il s'agit de documents rédigés dans un but précis : obtenir une homologation. Par ailleurs ils ont été conçus après les événements et généralement sans archives. On comprend la volonté d'y rassembler tous les actes valorisants au premier rang desquels les pertes infligées à l'ennemi. Consciemment ou inconsciemment, ceux qui ont renseigné ces dossiers ont parfois surestimé la réussite de certaines actions comme ils ont pu s'en approprier abusivement d'autres.

Malgré les dérives, oublis et falsifications, ces dossiers permettent de faire une sorte d'état des lieux de cette architecture complexe que sont les mouvements de la Résistance intérieure. Le croisement de ces dossiers avec d'autres sources comme les rapports des renseignements généraux ou de gendarmerie apporte un éclairage utile sur l'activité effective des organisations et le fonctionnement de la mémoire résistante.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Alain Bernède et Gilles Massardier, " Les dossiers d'homologation FFI " in Revue historique de l'Armée, n°3, 1989.