Victor Michaut

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Inconnu

Source : © SHD, Bureau Résistance, 16 P 416657 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie d’identité en noir et blanc, agrafée sur son dossier de demande d’homologation.

Date document : 1947

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Contexte historique

Victor Michaut est né à Paris (5ème) le 28 avril 1909, dans une famille très modeste. Son père Gustave, enfant de l’Assistance Publique élevé dans des familles d’accueil de la Côte d’Or, exerce la profession de tailleur de pierre. Sa mère Elisa, originaire de la Creuse, travaille comme couturière à domicile. Victor a deux frères cadets, Roger et Louis. La famille Michaut vit dans le 13ème arrondissement, dans un petit logement de deux pièces sans eau, ni gaz, ni électricité. Toute la famille attrapera la tuberculose.

Le père de Victor, lecteur de L’Humanité, adhère du Parti socialiste en 1919, puis rejoint le Parti communiste (PC) dès sa création en 1920. Sa mère adhère également au PC après la journée de lutte contre la guerre du 1er août 1929 au cours de laquelle elle est arrêtée puis condamnée à 4 mois de prison.

Victor passe le certificat d’études et fait 3 années de cours complémentaire. Il commence à travailler à l’âge de 14 ans comme apprenti graveur-guillocheur, puis au polissage et sciage des pierres, jusqu’en 1929, quand il devient permanent des Jeunesses communistes (JC).

Très jeune, Victor Michaut s’engage contre les guerres coloniales. Il est arrêté à 15 ans, pour avoir collé des papillons contre la guerre du Maroc. En réaction à cette arrestation, Victor adhère aux Jeunesses communistes, où il va très vite prendre des responsabilités de plus en plus importantes : secrétaire de cellule, secrétaire de la région Paris Sud, participation pendant 6 mois à l’école de l’internationale communiste des jeunes à Moscou, secrétaire national des JC à partir de 1933, date de son élection au Comité central du PCF. Il est réformé définitif des obligations militaires en 1932 pour une tuberculose pulmonaire, qui lui vaut de fréquents séjours à l’hôpital ou en sanatorium. A partir de 1933, il est également rédacteur en chef, puis directeur de l’Avant-Garde (journal des JC) qui connaît un essor important pendant cette période (tirage multiplié par 4). Il quitte l’Avant-Garde et les JC en avril 1939 pour devenir rédacteur politique à L’Humanité où il travaille avec Gabriel Péri et Lucien Sampaix.

Après l’interdiction du PC en septembre 39, Victor Michaut joue un rôle actif dans la direction clandestine du parti où il est d’abord chargé de la réalisation de L’Humanité clandestine, puis, avec Danielle Casanova de la propagande politique dans l’armée. Il quitte Paris le 13 juin 1940 et arrive à Toulouse. A l’issue d’une réunion organisée par Benoit Frachon en juillet, il est désigné comme responsable politique de la zone sud, où il travaille à la réorganisation du PC clandestin et à la réalisation de L’Humanité clandestine. A partir du mois d’avril 1941, Victor Michaut participe à la création en zone sud du « Front national pour l’indépendance de la France » et organise le recrutement des premiers groupes de l’OS (Organisation spéciale, noyau des futurs FTPF), chargés de la constitution de dépôts d’armes pour la Résistance. Mais le 28 juin 1941, il est arrêté à Toulouse et transféré dans les locaux de la sureté de Limoges.

Le 23 septembre il est condamné aux travaux forcés à perpétuité par la section spéciale du tribunal militaire de Périgueux. Il est emprisonné à Limoges, Périgueux, Pau, Tarbes, où il multiplie les actions collectives pour que les résistants emprisonnés obtiennent le statut de prisonnier politique, et recherche des moyens d’évasion. Arrivé à la centrale d’Eysses en octobre 1943, il est responsable du triangle communiste dirigeant (Michaut – Doize – Turrel). Il impulse l’union des détenus résistants de toutes tendances (communistes, gaullistes, socialistes, chrétiens…) au sein d’une large organisation clandestine, le Front national des détenus, et contribue à renforcer l’unité d’action au sein du Comité directeur du collectif d’Eysses. Il est l’un des rédacteurs des messages signés « Mistral » en direction de la Résistance extérieure et l’un des dirigeants du bataillon FFI de la centrale d’Eysses. Le grade de capitaine FFI lui sera attribué après guerre (à compter du 1er juin 1940).

Après l’insurrection du 19 février1944, Victor Michaut fait partie des 50 otages désignés par les autorités de Vichy, dont 12 seront condamnés à mort par la cour martiale et fusillés le 23. Il est transféré le 13 mai 1944 avec les autres otages à la prison de Blois, puis livré aux Allemands et déporté à Dachau par le tristement célèbre « train de la mort », parti de Compiègne le 2 juillet, où les « Eyssois » organisent la survie au sein du wagon plombé. Arrivé à Dachau, Victor Michaut est envoyé au commando de Blaichach avec Elie Mignot et Jean Lautissier, qui lui sauve la vie à plusieurs reprises.

En avril 1945, lors d’un transfert des déportés de Blaichah vers l’Autriche, Victor Michaut réussit à s’évader avec ses compagnons et à organiser un détachement armé de déportés français. Ils sont rapatriés le 12 mai 1945 par l’armée française. Victor Michaut pèse alors 35 kg.

Dès son retour, il participe avec Stéphane Fuchs à la création de l’ « Amicale des anciens détenus patriotes de la centrale d’Eysses » et fait partie de la délégation qui se rend à Villeneuve-sur-Lot du 7 au 11 juin pour en lancer les bases. D’abord vice-président de l’Amicale d’Eysses, il en sera le président de 1955 jusqu’à sa mort en 1974. Deux mois avant sa mort, il tient à participer au 30ème congrès de l’Amicale d’Eysses et mobilise ses dernières forces pour se rendre à Villeneuve-sur-Lot, malgré l’avis des médecins. Il y prononcera son dernier discours, le discours de clôture du Congrès. Dès son retour de déportation, Victor Michaut reprend également une activité politique. Il organise l’accueil des déportés communistes survivants, et est réélu au Comité central. Il devient secrétaire de la fédération de Seine-Inférieure [aujourd’hui : Seine Maritime]. Il est nommé membre de l’Assemblée consultative en juillet 1945, élu à l’Assemblée constituante, puis élu député de Rouen à l’Assemblée nationale le 10 novembre 1946 (vice-président de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre et auteur d’une proposition de loi portant sur la définition du statut des internés et déportés de la Résistance). Elu membre suppléant du bureau politique du PCF en 1947 et directeur des « Cahiers du Communisme », il est remplacé par Roland Leroy à la tête de la fédération de Seine-Inférieure du PCF. En juin 1951, bien que la liste qu’il conduit devance très largement les listes concurrentes, il n’est pas réélu à l’Assemblée nationale du fait de la loi sur les apparentements. La dégradation de son état de santé l’amène à quitter le Bureau Politique du PCF et la direction des Cahiers du Communisme en 1954. Il décide de quitter le Comité central du PCF en 1964, bien sûr pour des raisons de santé, mais surtout pour « faire de la place aux jeunes ». Il devient rédacteur en chef des « Cahiers de l’Institut Maurice Thorez » (revue d’histoire et d’analyse du communisme et du mouvement ouvrier).

Marié le 20/02/1937 avec Claudine Chomat (secrétaire de l’Union des jeunes filles de France puis organisatrice des Comités féminins de Résistance), ils ont une petite fille, Marie-Claude, née le 23/11/1938. Le couple, séparé pendant les années de clandestinité et d’incarcération de Victor, ne se reforme pas après la guerre. Victor Michaut rencontre à Rouen Paulette Lefebvre (institutrice, résistante, rédactrice à l’Avenir Normand puis directrice du mensuel Femmes Françaises) avec laquelle il se marie le 20/12/1947 à Petit-Quevilly (76). Ils ont quatre enfants : Danielle, François, Gérard et Jean-Yves.

Victor Michaut décède à Clamart le 16 avril 1974. La dégradation de son état de santé ayant été considérée comme une conséquence de sa longue incarcération et de sa déportation pour fait de résistance, il a été déclaré « Mort pour la France ».


Auteur : Marie-Claude Hugues et Gérard Michaut. 
Sources : Archives privées Marie-Claude Hugues, fille de Victor Michaut. Archives Gérard Michaut, fils de Victor Michaut. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Cahiers d'histoire de l'institut Maurice Thorez n° 7 (nouvelle série). Site Internet www.mchugues.fr "Familles communistes aux 19è et 20è siècle. Assemblée nationale : biographie des députés de la IVè République. "Un instant d'avenir - La vie de Vicor Michaut" ouvrage collectif, 1985.