Le monument d'Ambel, commune d'Omblèze.

Légende :

Le monument se situe à quelques centaines de mètres de la ferme d'Ambel.

Genre : Image

Producteur : Coustaury Alain

Source :

Détails techniques :

Photo argentique couleur

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Omblèze

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Analyse média

Le monument se situe en bordure de la route départementale 199 au lieu-dit La Gardiole à 1 125 mètres d'altitude. La ferme d'Ambel était à un kilomètre au sud. Il a été inauguré le 23 août 1964 par Benjamin Malossane. Des blocs calcaires ont été utilisés pour la construction. Deux bas-reliefs signifient l'histoire du lieu. Celui de gauche rappelle la défaite de 1940. Celui de droite date de 1942 le début de la Résistance symbolisée par une tête de lion et une croix de Lorraine. Entre les deux bas-reliefs un texte explique qu'en ce lieu, sur le domaine d'Ambel, a été créé le camp numéro 1 du maquis du Vercors qui serait le premier maquis de France. Cette affirmation doit être discutée. L'inscription est surmontée du chamois, insigne de l'association des Pionniers du Vercors.


Coustaury Alain

Contexte historique

Le monument d'Ambel ne fait que suggérer l'histoire complexe de la ferme d'Ambel. Fin décembre 1942, un groupe de 31 réfugiés polonais se cache quelques jours dans la ferme d'une clairière d'Ambel, au centre d'une vaste exploitation forestière. Ils sont relayés le 6 janvier 1943 par un groupe de huit cheminots de Fontaine (Isère), réfractaires au STO. Le site a été reconnu le 17 décembre 1942 par deux Résistants, Simon Samuel (frère du docteur Eugène Samuel), de Villard-de-Lans et Louis Brun (1900-1974), cafetier et tourneur sur bois, adjoint au maire de Pont-en-Royans, en quête d'un lieu pour héberger des réfractaires. Difficile d‘accès, aucune route n'atteignant directement le site, la maison forestière, capable d‘abriter plusieurs dizaines de personnes, a quatre co-propriétaires : Victor Huillier, transporteur et André Glaudas, marchand de vin, Résistants de Villard-de-Lans qui ont eu l'idée d'utiliser ce bâtiment, Gravier (de Briançon) et Guillet (de Grenoble), qui ignorent totalement ce projet. Le Résistant Pierre Brunet, garagiste de Pont-en-Royans, embauché comme sous-directeur de l'exploitation, s'occupe des faux papiers et du ravitaillement, en liaison avec Benjamin Malossane, de Saint-Jean-en-Royans. Quant au directeur, Louis Bourdeaux, ancien officier de chasseurs alpins, d'abord à l'écart du projet, il est vite mis dans la confidence et participera activement, sous le nom de « Fayard », à la Résistance locale. Il recrute en février 1943 un jeune ingénieur forestier André Valot  « Stephen » qui participe à l'encadrement du camp. Les réfractaires qui viennent de Grenoble transitent par Villard-de-Lans et Pont-en-Royans d'où ils sont acheminés à Ambel par Louis Brun, après avoir traversé la Bourne en barque. Un système d‘alerte installé à Bouvante permet de couper l'électricité alimentant la ferme et de provoquer, après trois interruptions successives, la dispersion immédiate de ses habitants. Début 1943, Ambel abrite 85 hommes, mais des raisons de sécurité conduisent à ne garder au "C1" qu'un nombre plus réduit qui travaille à l'exploitation du bois. Quelques armes parviennent au printemps mais seul le parachutage de Darbounouze, dans la nuit du 13 novembre 1943, permet de commencer un véritable entraînement militaire. Début 1944, les Allemands, qui ont besoin de bois pour leurs chantiers, achètent l'exploitation. Cela n'empêche pas la cache et l'entraînement des maquisards de se poursuivre, aux frais de l'occupant qui les paye comme forestiers ! Le 16 avril 1944, la Milice découvre les caches d'armes et brûle la ferme. En juin et juillet 1944, la compagnie « Fayard » participe à la défense et aux combats du Vercors, mais peu de ses combattants ont connu l'époque des débuts du C1. Quant à l'affirmation qu'Ambel aurait été le premier maquis de France, elle semble exagérée. Le passage du lieu de refuge à une base d'hommes armés, entraînés, prêts au combat est malaisé à dater. La formule « premier maquis de France », en plus de sa prétention, prête à confusion, en jouant sur le sens pris par le mot « maquis ». En décembre 1942, c’est un lieu de regroupement de réfractaires, et non un camp encadré et voué à une préparation militaire. Après la Libération, le domaine d'Ambel est acheté par le conseil général de la Drôme. Une grosse bâtisse a été construite. Refuge, elle peut accueillir sur trois niveaux une vingtaine de randonneurs. On peut regretter que l'histoire du lieu ne soit pas mentionnée sur le nouveau refuge.


Gilles Vergnon, Alain Coustaury Sources :Vergnon Gilles, Le Vercors, Histoire et mémoire d'un maquis, les Éditons de l'Atelier, 2002, 256 pages