Affiche de recrutement

Légende :

Au lendemain de la libération de la Drôme, l'armée recrute des volontaires pour continuer la guerre.

Genre : Image

Type : Affiche

Source : © AERD Droits réservés

Date document : 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Le texte est imprimé en noir sur du papier grisâtre. La pénurie de papier et d'encres de couleur expliquent la sobriété de cette affiche de recrutement. On joue sur la grandeur des caractères pour attirer l'attention des hommes. L'affiche est placardée dans des lieux publics.

Deux phrases, sonnant comme des ordres, bénéficient de gros caractères. La première traduit la nécessité de faire vite pour abattre l'ennemi et terminer la guerre et pour que la France ait une place importante lors des traités de paix. Cette obligation est étayée par une phrase du général de Gaulle, symbole de la Résistance, homme fort et incontournable à ce moment de l'histoire de France.

Pour cela, il est nécessaire de s'engager dans les FFI, Forces françaises de l'intérieur. On peut remarquer l'emploi du tutoiement, à consonance républicaine, rappelant la camaraderie des la combats de la Résistance. Comme pour la première phrase, une citation conforte cet ordre. Elle est du général de Lattre de Tassigny (remarquer l'orthographe DELATTRE). Ce dernier reconnaît la valeur militaire des Résistants. On peut penser que cette citation est surtout un moyen de flatter et d'attirer des jeunes engagés dans la Résistance quand on connaît les réticences de militaires de carrière vis-à-vis de la valeur réelle des unités de la Résistance créées à partir du 6 juin 1944. Toujours en tutoyant, on propose un engagement dans la demi-brigade de la Drôme en offrant un grand choix de spécialités. On peut douter de la réalité de ce choix car l'armement est insuffisant pour permettre la création d'unités spécialisées, notamment dans l'aviation. Proposer un engagement dans les sections d'éclaireurs skieurs, est alléchant car ces unités bénéficient d'une très belle image liée à leur action en 1940 dans les Alpes, face aux Italiens. Dans la réalité, l'armée française a surtout besoin d'hommes, même si les difficultés pour les armer sont grandes.

L'affiche se termine par l'indication du lieu de renseignement : la publication En Avant FFI dont le siège est à Valence-sur-Rhône.

Le document est intéressant car il utilise les moyens classiques pour enrôler des jeunes qui, engagés dans la Résistance, ne savent comment retourner à la vie civile. On leur propose, avec une action patriotique, de s'enrôler dans une unité bénéficiant d'une bonne organisation, en leur faisant miroiter des spécialités modernes. Après avoir vécu dans la clandestinité, avoir combattu avec un armement insuffisant, disparate, on peut comprendre que de nombreux hommes se sont engagés dans la demi-brigade de la Drôme. Elle aura, porté sur la manche gauche, un écusson bien spécifique.


Auteur : Alain Coustaury

Contexte historique

Après le débarquement de Provence, sous la poussée des forces alliées débarquées et des FFI, la XIXème armée allemande commence sa retraite vers le nord et l'est.

À la fin du mois d'août, les FFI reçoivent l'ordre de se reporter, aussitôt dépassés par les colonnes américaines, sur la frontière des Alpes, de façon à saisir au plus tôt les cols-frontière et à couvrir le plus loin possible vers l'est, sur le versant italien, l'avance des troupes alliées.

En Haute-Maurienne, l'ennemi est refoulé au début du mois de septembre. Les Allemands abandonnent le 2 septembre Saint-Jean-de-Maurienne et Saint-Michel le 4. Modane est libéré le 14. Lanslebourg est atteint le 16, mais les Allemands s'accrochent solidement à la frontière. Les moyens sont trop faibles, le mouvement s'arrête et les adversaires s'installent.

À la mi-septembre, les Allemands, après de durs combats, ont été chassés des vallées, mais ils se sont repliés sur les sommets et continuent à tenir une ligne de front qui suit à peu près l'ancienne frontière italienne, où ils bénéficient des ouvrages fortifiés français. Ils tiennent les hauts, gardant les bons observatoires et disposant de positions solides. Ils contrôlent notamment les cols, les sentiers qui franchissent la frontière. Ils ont pour priorité d'en interdire l'accès aux forces alliées.

Les Français, dans les fonds, ont une situation précaire.

Les unités FFI présentes sont engagées sans interruption depuis la mi-août. Dépourvues de tout, elles fatiguent énormément, d'autant plus que le temps a fraîchi sérieusement et que la neige a fait son apparition sur les hauts. Elles ont un besoin urgent d'être relevées et renvoyées à l'arrière, pour se reposer, se réorganiser et se rééquiper.

Le 7 septembre, le général de Lattre crée la 1ère Division Alpine FFI forte de 20 000 hommes issus des FFI de la région R1 et en confie le commandement au lieutenant-colonel Vallette d'Osia. Cette division a pour mission d'assurer la flanc-garde droite de la 1ère Armée française et d'assurer la défense de la frontière des Alpes de la frontière suisse à la vallée de l'Ubaye.

La relève des unités FFI engagées depuis le mois d'août sera le souci primordial de la division FFI.

La division est constituée d'éléments du génie, d'artillerie, de cavalerie et de 5 demi-brigades. La 1ère de Savoie, la 2ème de la Drôme, la 3ème d'Isère, la 4ème d'Ardèche-Rhône et la 5ème de l'Ain-Rhône.

La 2ème demi-brigade, forte de 3 000 hommes est composée d'anciens maquisards de la Drôme et du Vercors. Commandée par le lieutenant-colonel de Lassus Saint-Geniès, ancien chef départemental des FFI de la Drôme, elle comprend un état-major, des éléments d'artillerie (2è GAAD), du génie (2è compagnie du génie) et de cavalerie (2è escadron de reconnaissance) et de 5 bataillons. Le 1er bataillon FTPF commandé par le commandant Fajardot, le 2ème bataillon AS commandé par le capitaine Bonnot, le 3ème bataillon AS commandé par le commandant Bernard, le 4ème bataillon FTPF commandé par le commandant Morvan et le 5ème bataillon commandé par le commandant Giry.

La demi-brigade se porte vers la mi-septembre en Maurienne où elle relève, à partir du 22 septembre, les unités FFI originaires de Savoie et de l'Isère qui vont à l'arrière.

Les bataillons de la demi-brigade sont postés dans la vallée de la Maurienne. Le 1er bataillon occupe le quartier du Charmaix situé au-dessus de Modane. Le 2ème bataillon et l'état-major de la demi-brigade occupent Bramans, le 3ème Termignon, le 4ème Saint Avre et le 5ème La Chambre. La demi-brigade de la Drôme fait partie du groupement Maurienne qui reçoit pour mission d'interdire à l'ennemi l'accès en Maurienne en barrant solidement cette vallée à l'est par Modane ; de couvrir les villages occupés de cette vallée jusqu'à Termignon ; de pousser les avant-postes au plus près de la frontière et d'assurer la liaison avec le sous-secteur Durance.

Les unités fraîches organisées rapidement manquent d'instruction et sont dotées d'un armement disparate. Placées en ligne dans une situation tactique défavorable, dominées par l'ennemi qui tient les hauts, les positions restent précaires. Par ailleurs, la pénurie matérielle est très importante (tenues, artillerie, camions...).

La neige commence à tomber au début du mois d'octobre et le mauvais temps va alors empêcher toute opération d'envergure. L'ennemi s'installe et verrouille les cols qui assurent les arrières des forces de l'Axe en Italie du nord. La ligne tenue par les Allemands n'est pas figée dans son tracé. Durant tout l'hiver, les Allemands ne cessent de pousser des reconnaissances profondes dans les lignes françaises.

La demi-brigade tient le contact avec les Allemands cramponnés aux sommets de la rive gauche de l'Arc. Ses activités se traduisent par des patrouilles et reconnaissances, coups de main et combats ainsi que l'aménagement des positions occupées.

L'ennemi était essentiellement constitué jusqu'au début du mois d'octobre d'unités retirées de France. Afin de remplacer ces unités fatiguées par la retraite et de renforcer la ligne tenue, elles sont relevées par des unités de valeur prélevées sur les forces allemandes stationnées en Italie et renforcées par des éléments italiens.

La demi-brigade fait notamment face à la 5e division de montagne allemande, composée surtout d'Autrichiens. Ceux-ci sont de très bons soldats expérimentés et de bons montagnards qui ont déjà combattu en Grèce, en Crète, devant Léningrad puis en Italie.

La demi-brigade est relevée entre le 7 et le 9 novembre par la 3ème demi-brigade. Elle part pour l'instruction, notamment des exercices de tir, et pour se reformer au camp de Chambaran. Elle passe à la 27ème division alpine le 16 novembre puis contribue à former le 159ème régiment d'infanterie alpine à compter du 16 décembre. La demi-brigade devient alors bataillon de commandement et 3e bataillon du 159e RIA grâce à l'adjonction d'effectifs venant de l'Ain. Le colonel Marielle-Tréhouard(t ?) prend le commandement de ce régiment et le lieutenant-colonel de Lassus devient son adjoint. Mis à disposition de la 1ère Armée à partir du 7 janvier 1945, le 15/9 part en Alsace. Il assure la défense de Strasbourg jusqu'au 23 février. Il rejoint les Alpes le 9 mars et relève, à partir du 9 avril la 7e demi-brigade en Maurienne. À la fin du mois d'avril, il pénètre en Italie et occupe la région de Suse peu avant la capitulation allemande.


Auteur : Maurice Bleicher
Sources : Général de Lassus Saint Geniès, Pierre de Saint-Prix, Combats pour le Vercors et pour la liberté, société d'éditions Peuple libre, Valence, 1982, p. 98. J. Mabire, La bataille des Alpes, Presses de la cité, Paris, 1986, p. 9-11. Ministère de la défense, État-major de l'armée de terre, Service historique, Les grandes unités françaises, historiques succincts, Forces françaises de l'intérieur, Imprimerie nationale, Paris, 1980, p. 564-565. Commandant le groupement de la Maurienne, ordre de défense, 24 octobre 1944, SHD carton 12 P 27-3. Général Doyen, La campagne du détachement d'armée des Alpes, Arthaud, Grenoble, Paris, 1948, p. 195.