Pierre Villon

Légende :

Pierre Villon, secrétaire et représentant du Front national - mouvement créé par le Parti communiste - au Conseil National de la Résistance

 

Pierre Villon, secretary and representative of Front National—the movement created by the communist party—in the National Council of the Resistance

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives privées Thomas Ginsburger Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : 1945

Lieu : France

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Contexte historique

Fils de Moïse Ginsburger, rabbin et historien du judaïsme, et de Coralie Hecker, Roger Ginsburger naît le 27 août 1901 à Soultz (Haut-Rhin), dans une Alsace annexée à l'Allemagne. Il fait des études d'architecture en Allemagne de 1919 à 1922. Après son service militaire, il s'établit comme architecte et décorateur à Paris, en s'inspirant des conceptions modernistes de Le Corbusier et du Bauhaus.

Il épouse en 1929 Doris Niedermann, musicienne, décédée en 1939, et dont il a un fils.

Roger Ginsburger adhère au Parti communiste en octobre 1932.


A partir de novembre 1935, il travaille directement pour le PCF, au secrétariat administratif, puis à la section de propagande (1936-1938) et, enfin, à partir de l'automne 1938, comme directeur des Editions sociales internationales. Après la dissolution du Parti communiste, Roger Ginsburger quitte son domicile et rédige L'Humanité clandestine jusqu'en juin 1940. Resté à Paris occupé par l'armée allemande, il prend la direction d'une autre publication clandestine, Les Cahiers du Bolchévisme. Arrêté par la police française le 8 octobre 1940 et condamné à huit mois de prison, il est maintenu en détention administrative après avoir purgé sa peine. Il s'évade le 17 janvier 1942 du château de Gaillon (Eure). Caché à Paris, il succède à George Politzer, fusillé, à la tête des comités d'intellectuels du Front national, puis devient secrétaire général du Front national, mouvement de résistance créé par le PCF, qui tente alors d'encadrer l'ensemble de la Résistance intérieure. En sus de sa rencontre avec le colonel Rémy et ses différents contacts avec la France Libre, il est chargé par la direction du parti de transformer les comités de Front National en un parti politique, le Front National (FN).
Le 18 mars 1943, il présente à Pierre Brossolette et au colonel Passy le comité directeur du nouveau parti, formé par ses soins.

C'est également à cette période qu'il charge Marcel Servin de mettre sur pied, en zone Nord, un appareil territorial distinct de celui du PCF, ouvert aux non communistes. Il propose à Madeleine Braun d'occuper la fonction de secrétaire du FN de la zone Sud, où lui-même entretient des rapports parfois tendus avec certains cadres communistes. C'est le cas au printemps 1944 où il s'oppose à Georges Marrane, partisan du transfert des communistes des Mouvements Unis de Résitance (MUR) au FN.

Sous le pseudonyme de "Pierre Villon", qu'il conservera après la Libération, il siège au Comité de coordination des mouvements de Résistance de la zone Nord, le 26 mars 1943, puis, dès sa constitution, le 27 mai 1943, au Conseil national de la Résistance.

Membre du bureau permanent, il est le principal rédacteur du programme du CNR, adopté le 15 mars 1944. ll y siège d'ailleurs au nom du FN, du PCF et de la Fédération républicaine. Militant particulièrement actif, c'est lui qui est à l'origine de la plupart des écrits de combat du CNR, et notamment de son programme d'action, dont il rédige une première mouture en décembre 1943.

Adversaire résolu de l'attentisme comme des projets anglo-saxons de balkanisation des forces armées de la Résistance, Villon négocie avec sucès la constitution, en février 1944, d'une direction centrale des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI). Le mois suivant, il obtient que cet état-major national soit placé sous le contrôle du CNR, via un Comité militaire d'Action (COMAC) tripartite où Pierre Villon, qui représente les Francs-Tireurs et Partisans devenus la branche armée du FN, révèle une véritable vocation de stratège  de la guérilla. Immobilisé par un grave accident consécutif à une tentative d'arrestation, il doit attendre le 24 mai pour voir le COMAC reconnu comme "l'organe du commandement suprême des FFI en France".

Le 29 août, dans Paris libéré, il est reçu par le général de Gaulle qui lui propose le ministère de la Guerre, proposition qu'il décline pour présider la commission de Défense nationale de l'Assemblée consultative. A partir du 31 août, il fait partie du Comité central du PCF et siège même, officieusement, à son bureau politique.

Son ascension dans la hiérarchie du parti s'arrête rapidement. En 1945, il est écarté de la direction du Front national à la suite de l'échec de la fusion avec le Mouvement de Libération nationale ; il ne siège plus non plus au bureau politique du PCF, mais figure au comité central jusqu'en 1970.

Le 21 octobre 1945, il est élu député de l'Allier à la première Assemblée nationale constituante comme tête de la liste communiste, qui recueille 36,9 % des suffrages exprimés et deux sièges, et préside la commission de la défense nationale.

Il est réélu le 2 juin 1946, sur la liste communiste (35,3 % des suffrages exprimés et deux sièges) et dépose le 10 septembre 1946 une proposition de loi fixant le statut et le droit des combattants volontaires de la Résistance.

En juin 1952, il est élu secrétaire général de l'ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance) et, en 1954, il succède à Charles Tillon à sa présidence. Il est également vice-président de la Fédération internationale des résistants.

Pierre Villon s'éteint le 6 novembre 1981 à Vallauris, auprès de sa seconde épouse, Marie-Claude Vaillant-Couturier, qu'il avait épousée le 7 novembre 1949.


Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur ; croix de guerre 1939-1945 ; médaille de la Résistance (avec rosette) ; médaille des évadés.

 

 

 

Son of Moïse Ginsburger, rabbi and Jewish historian, and Coralie Hecker, Roger Ginsburger was born August 27, 1901 in Soultz (Haut-Rhin), in an Alsace region which had been annexed to Germany. He complete his architectural studies in Germany from 1919-1922. After his military service, he established himself as an architect and decorator in Paris, taking inspiration from the modernist conceptions of Le Corbusier and Bauhaus.

 

He married Doris Niedermann, musician, in 1929. Together, they had one son before she passed away in 1939.

 

Roger Ginsburger joined the Communist Party in 1932.

 

Starting in November 1935, he worked directly for the PCF, as administrative secretary, then in the department of propaganda (1936-1938), and finally starting in the autumn of 1938, as director of the Social-International Editions. After the dissolution of the Communist Party, Roger Ginsburger left his home and redirected the clandestine L’Humanité until June 1940. Remaining in occupied Paris, he took the direction of another clandestine publication, Les Cahiers du Bolchévisme. Arrested by the French police October 8, 1940 and condemned to eight months in prison, he was maintained in administrative detention after he had served his time. He escaped January 17, 1942 to château de Gaillon (Eure). Hidden in Paris, he succeeded George Politzer, who had been shot, as the head of the Intellectual Committees in the Front National and then becoming the General Secretary of the Front National, the resistance movement created by the PCF, which held its place in the greater ensemble of the interior Resistance. In addition to his meeting with Colonel Remy and his different contacts with Free France, he was charged by the party direction to transform the committees of the FN into a political party. March 18, 1943, he was introduced to Pierre Brossolette and Colonel Passy the committee director of the new party, formed under their direction.

 

It was also during this period of time that he charged Marcel Servin to start, in the Northern Zone, a territorial apparatus distinct to the PCF, yet open to non-communists. He proposed to Madeleine Braun the occupation of the function of secretary of the FN in the southern zone, where he himself would keep sometimes tense relations with certain communist cadres. As was the case in the spring of 1944, he opposed Georges Marrane, partisan who transferred the communists to the Movements Unis de Résistance.

 

Under the pseudonym of “Pierre Villon”, which he would retain even after the Liberation, he occupied a seat at the Committee for the Coordination of Resistance Movements in the Northern Zone, March 26, 1943 and then also at the constitution May 27, 1943 of the CNR.

 

Member of the permanent bureau, he was the principal author of the CNR’s agenda, adopted March 15, 1944. He sat in the committee for various parties including the FN, PCF, and the Fédération Républicaine. As a particularly active militant, it was he who was the origin of most the combat writing in the CNR and notably from his program of action which he wrote a first draft in 1943.

 

A resolute adversary to the waiting for Anglo-Saxon plans in the Balkans, Villon negotiated with success the constitution, in February 1944, in the central direction for the French Forces of the Interior (FFI). The following month, he learned that this would be placed under the control of the CNR, via a Committee of Military Action (COMAC) tripartite where Pierre Villon, who represented the Francs-Tireurs and Partisans becoming the military branch of the FN, revealed a guerrilla warfare strategy. Immobilized by a terrible accident followed by a tentative arrest, he had to wait for May 24 in order to see COMAC recognized as “the organ of supreme commandment for the FFI in France.”

 

August 29, in liberated Paris, he was received by General de Gaulle who proposed to him the position of Minister of War, which Villon declined to preside over the Commission of National Defense of the Consultative Assembly. Starting August 31, he was part of the Central Committee of the PCF and sat as well, officially, at his political office.

 

His ascension up the hierarchy of the party stopped rapidly. In 1945, he was removed from the direction of the Front National following the failure of the fusion with Mouvement de Libération nationale; he would never sit again for the political bureau of the PCF, but would be a representative in the central committee until 1970.

 

October 21, 1945, he was elected deputy of the first constituent National Assembly as head of the communist ballot, which received 36.9% of the expressed vote and two seats, and presided over the Commission of National Defense.

 

In June 1952, he was elected secretary general of the ANACR (National Association of Ancient Combatants of the Resistance), and in 1954 he succeeded Charles Tillon as the president. He was also Vice-President of the International Federation of Resistants.

 

Pierre Villon passed away November 6, 1981 at Vallauris, beside his second wife Marie-Claude Vaillant-Couturier, who he married November 7, 1949.

 

Decorations :
Chevalier de la Légion d’Honneur; Croix de Guerre 1939-1945; Médaille de la Résistance (with distinction) ; Médaille des Evadés.

 

 

 

Traduction : John Vanderkloot

 


D'après le site Internet de l'Assemblée nationale et le Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Robert Laffont, 2006.