Détail du drapeau du corps des sapeurs-pompiers de Belfort

Légende :

Cravate aux couleurs de la Médaille de la Résistance, Médaille de la Résistance et insigne "Rhin et Danube" du drapeau du corps des sapeurs-pompiers de Belfort

Genre : Image

Type : Drapeau régimentaire

Source : © Patrice Pruniaux Droits réservés

Détails techniques :

Drapeau en tissu. 

Date document : 31 décembre 2012

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Franche-Comté) - Territoire de Belfort - Belfort

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Analyse média

Dans l'album joint à la présente notice sont présentés le revers et l'avers du drapeau. Suite au siège, le drapeau porte l'inscription : "Siège de Belfort – 1870-1871". 

A noter également, la devise : "Honneur et Dévouement" qui diffère de celle des sapeurs-pompiers communaux, "Courage et Dévouement".

Outre la Médaille de la Résistance qui lui a été attribuée par décret en date du 3 janvier 1946, la drapeau arbore la médaille pour "Actes de Courage et Dévouement". La citation à l'ordre de la Nation en 1946 précise : « Unité d'élite qui, sous l'impulsion de ses chefs, a montré un remarquable esprit de discipline, de courage, de dévouement et d'abnégation en toutes occasions et d'une façon plus particulière au cours des nombreux sinistres occasionnés par les bombardements spécialement violents pendant la période des combats de juin 1940, pendant l'occupation et celle particulièrement tragique de septembre 1944 au 24 novembre 1944, où le département s'est trouvé séparé de la patrie. Malgré ses morts et ses blessés en service commandé, toujours sur la brèche au service de la population malheureuse, elle a continué la magnifique tradition d'abnégation de ses aînés de 1870 et 1914. »

Le drapeau a également droit au port de l'insigne "Rhin et Danube" par décision du général de Lattre en date du 20 novembre 1948 : « Compte tenu de la part prise dans les combats qui ont précédé la libération de Belfort le 20 novembre 1944 : les pompiers qui auront figuré au corps des sapeurs-pompiers de la ville de Belfort entre le 20 août et le 20 novembre 1944 seront considérés comme ayant figuré sur les contrôles de la 1ère Armée française et, de ce fait, seront autorisés à porter l'insigne caractéristique « Rhin et Danube ».

Dissous, le corps de sapeurs-pompiers de Belfort a cessé d'exister le 31 décembre 1998. Le 9 janvier 2004, son drapeau est remis officiellement à Jean-Pierre Chevènement, maire de Belfort. Il est aujourd'hui entreposé au musée du Château de Belfort.


Auteur : Patrice Pruniaux

Contexte historique

Le Corps de Belfort est la seule unité de sapeurs-pompiers dont le drapeau soit décoré de la Médaille de la Résistance et de l'insigne « Rhin et Danube » de la 1ère Armée française.

En août 1940, des Belfortains mettent à l'abri une statue érigée avenue Jean Jaurès devant l'entrée de l'hôpital. Elle représente Miss Cawell, infirmière britannique fusillée par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Le geste est déjà un symbole fort. Parmi eux, le caporal Georges Blind.

En novembre 1940, un petit groupe se forme à Belfort. Le caporal Aloïs Martin en fait partie.
Témoignage écrit de R. Hennin : « En novembre 1940, formation d'un groupe, d'une équipe de sabotage, peut-être la première, avec Pierrepaque, Martin, Schwimmer, Boilletot , Guiguon, Spahn et Vebrel. A l'arrivée d'un chef de la Gestapo, organisateur du réseau de mouchards dans le Territoire, j'ai été chargé de surveiller ses activités. Me sentant surveillé de près, j'ai remis mon équipe entre les mains d'un autre groupe…» En fait, il met ses camarades en relation avec le capitaine Maurice Ferrand. Le « groupe Ferrand » entreprend des actions qui marquent la ville et la région.

Sur certaines activités au sein du Corps, voici ce que rapporte Jacques ERB, entré au Corps en 1942, et qui devient l'un des responsables du mouvement Lorraine : « J'étais à cette époque au mouvement Lorraine et en contact permanent avec le chef régional, René Fallas-Magnin, et avec Dugois et Chaignot, responsables départementaux. Grâce aux dérogations dont bénéficiaient les pompiers, et en particulier les cartes de circulation de nuit, nous avons pu mener certaines actions. L'une des premières fut la distribution de tracts et de journaux clandestins : Défense de la France et Lorraine. Journaux fournis par Fallas, que nous recevions de Paris, Montbéliard ou Nancy. Beurier et Vallet étaient les premiers contactés. Ces journaux distribués dans les postes [de pompiers] étaient diffusés de nuit dans les boîtes aux lettres. Début 1944, c'est au poste central que tous les journaux furent livrés. Jean Beurier, aidé par Hoenner, était chargé de la réception et d'en remettre une partie sur Montbéliard où ils firent plusieurs liaisons. Lorraine se servit des pompiers comme agents de liaison entre les différents responsables du mouvement, puis entre les membres de l'état major FFI qui fut organisé fin 1943-début 1944. En 1943, la compagnie eut à combattre des incendies dont l'origine se situait dans les organisations de Résistance. Les plus importants furent la menuiserie Dupont et les usines Renault. Le lieutenant Deshaie et le caporal Martin A. participèrent à de nombreuses actions de sabotage. La manière dont furent conduites les attaques de feu eut pour résultat la destruction totale de ces deux établissements travaillant pour l'ennemi. Petit à petit, nous étions arrivés à un état d'esprit essentiellement résistant à tous les échelons de la compagnie. Le capitaine Perriguey n’y participa pas directement à l'origine, mais devant l'ampleur de cette activité, ferma les yeux, puis milita lui-même vers mai-juin 1944 dans un réseau… »

Une part importante est donnée à l'évacuation de résistants, pilotes, réfractaires au STO Monsieur Fallas-Magnin, responsable régional de Lorraine, lui-même, en bénéficie. Sa tête est mise à prix, il est évacué sur la gare de Lure (70), celle de Belfort étant étroitement surveillée. Le sergent Lemercier et un conducteur, parfaitement au courant des risques, assurent le transport. Le sergent chef Walter héberge chez lui de nombreux jeunes Alsaciens déserteurs de l'organisation Todt. Il effectue plusieurs transports vers la frontière suisse.

D'autres actions plus symboliques, d'initiative personnelle, ont lieu. Tel est le cas du lieutenant Henri Deshaie qui, plusieurs fois, hisse le drapeau tricolore sur les glacis du château, drapeau que les pompiers, réquisitionnés, doivent enlever !!!

Reprenons le témoignage de Jacques Erb : « […] Après les arrestations massives d'octobre - novembre 1943, le poste central fut chargé d'aider la Croix-Rouge à porter les repas aux prisonniers détenus à la caserne Friedrich. Tous ceux qui eurent ce travail à accomplir devinrent porteurs de messages clandestins des prisonniers à leurs familles. » [...] « La liaison aussi fut un travail important, de même que le transport en ambulance de certains responsables locaux. L'abbé Dufay, commandant militaire du Maquis T.B. (Territoire de Belfort), bénéficia à plusieurs reprises de l'ambulance pour se rendre dans les différentes zones occupées par les maquisards. Le poste des Forges devenait, certains soirs, le lieu de rendez-vous de l'état major FFI. L'abbé Dufay, Guillaume et Folinais s’y retrouvaient en toute sécurité. Exemple typique de l'esprit de solidarité qui régnait alors : le fait que des réfractaires au STO, cachés depuis plusieurs mois, réapparaissaient en tenue pour apporter leur aide lors des bombardements et disparaissaient une fois le travail terminé. Certains Sapeurs Pompiers, une vingtaine, beaucoup réfractaires S.T.O, rejoignirent les maquis de la région, Lomont, T.B.… »

Cette libération à laquelle ils oeuvrent depuis le début, en tant que premiers engagés dans la Résistance, trois sapeurs-pompiers ne la vivent pas : les caporaux Aloïs Martin, Georges Blind, le lieutenant Henri Deshaie, tous trois du « groupe Ferrand ».

Arrêté le 27 janvier 1944 à Montbéliard alors qu'il est en mission de liaison avec son ami Marcel Schwimmer, Aloïs Martin est fusillé le 26 février 1944 à 7 h 29 à la citadelle de Besançon, il est le premier sapeur-pompier du corps mort pour la France en tant que résistant.

Le lieutenant Henri Deshaie, quant à lui, est arrêté le 1er septembre 1944. Le 5 septembre, il se trouve déjà dans un wagon du convoi I. 285 qui, au départ de Belfort, va conduire 176 hommes au camp de Buchenwald, lorsque des Allemands (SD Dijon) viennent le rechercher. Où est-il condui t? Probablement au siège du SD. Je ne retrouve sa trace que le 13 septembre, date à laquelle il est interné par le SD Dijon à la caserne Friedrich. Il est inscrit entrant à 16 h 00 dans la cellule 60. Motif : « Unterstützung der Résistanz. » (" Soutien à la Résistance "). C'est finalement le 3 octobre 1944 à 19 h 00, qu'il quitte définitivement Friedrich. Le registre d'écrou porte la mention : « Durch SD abgehölt. » (" Retiré par le SD "). Il prend place dans un wagon du convoi I. 289 qui, de Belfort, conduit 60 hommes au camp de Buchenwald. A son arrivée le 6 octobre, il reçoit le matricule N° 54615. Il est ensuite affecté au kommando de Langensalza, une petite ville où une ancienne usine textile est reconvertie en fabrique de munitions et pièces détachées pour avions. Le 7 avril, devant l'avancée des forces alliées, des déportés de Buchenwald sont évacués par un train sur le KL de Dachau. Sur les 5 009 déportés présents au départ dans les wagons, 816 survivants sont enregistrés à l'arrivée à Dachau. La moitié décède immédiatement ou dans les premiers mois après leur libération. Au 1er janvier 1946, ils ne sont plus que 400... Le lieutenant Deshaie repose dans une fosse commune de Dachau. Il est décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume.

Quant à Georges Blind, le célèbre « fusillé souriant », une notice lui est consacrée.


Auteur : Patrice Pruniaux, auteur du site http://pompiersbelfort.canalblog.com.