Fanion du clan de scouts-routiers - Guy de Larigaudie

Légende :

Le fanion du clan Guy de Larigaudie arbore la cravate aux couleurs de la Médaille de la Résistance ainsi que la Médaille elle-même, qui lui a été décernée par décret en date du 24 avril 1946

Genre : Image

Type : Fanion

Source : © Collection Maurice Cattin Droits réservés

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Franche-Comté) - Territoire de Belfort - Belfort

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Analyse média

Les Routiers étaient les scouts âgés de 17 à 19 ans, organisés en clan de 10 à 20 scouts. Leur couleur distinctive était le rouge, d'où la couleur du fanion. Les tranches d'âge des Scouts de France utilisaient chacune des couleurs distinctives : jaune pour les Louveteaux (9-12 ans), vert pour les Eclaireurs (12-17 ans), rouge pour les Routiers (17-19 ans). En 2004, Scouts de France et Guides de France ont fusionné en une association unique, d'où le nom de Scouts et Guides de France (SGDF). Les Routiers s'appellent désormais les Compagnons. Le groupe local SGDF de Belfort utilise toujours ce fanion pour ses cérémonies.

Le clan des scouts-routiers de Belfort portait le nom de Guy de Larigaudie, routier célèbre mort au combat le 11 mai 1940. Sa célébrité tenait au fait qu'il avait réalisé en 1937-1938, avec Roger Drapier, le premier raid automobile Paris-Saïgon.

Le fanion des Routiers de Belfort porte l'emblème des Scouts de France, la croix potencée (ou croix de Jérusalem) chargée de la fleur de lys. La fleur de lys est l'emblème mondial du scoutisme, choisi par Baden-Powell dès 1907. Il ne faut donc y voir aucune connotation politique, tandis qu'en France, cet insigne était un symbole monarchiste. De 1920, date de leur fondation, jusqu'à 1940, les Scouts de France avaient pour cette raison remplacé la fleur de lys par un trèfle. Le trèfle est l'emblème mondial des Guides, la branche féminine du scoutisme.

La croix potencée est un symbole catholique choisi par le RP Sevin en 1920, lors de la fondation des Scouts de France. Ses quatre branches, qui représentent les quatre coins de l'horizon, expriment l'universalité du salut du genre humain.

Les Scouts de France sont une association catholique de scoutisme. Il existe des scouts d'autres confessions : scouts laïques (Eclaireurs de France), protestants (Eclaireurs unionistes), juifs (Eclaireurs israélites).



Auteur : Jean-Jacques Gauthé

Contexte historique

Le clan Guy de Larigaudie présente l’étonnante particularité d’être la seule unité des Scouts de France qui ait été décorée à titre collectif de la Médaille de la Résistance.

Le clan de Belfort fut très actif dans la Résistance : renseignement, liaison, distribution de tracts et de journaux clandestins dont Témoignage chrétien. A partir du début de 1944, le clan participa à la réception des parachutages d’armes autour de la commune d’Etobon, près de Belfort, transportant le matériel parachuté, des explosifs et des détonateurs. C’est notamment sous l’action de leur aumônier, Pierre Dufay, qui était également aumônier du lycée de Belfort, et officier lors de la campagne de 1940 que le clan s’engagea dans la Résistance. Pierre Dufay, qui avait aussi été l’un des introducteurs du scoutisme dans la région à la fin des années 1920, était, depuis l’été 1943, chef départemental des Forces françaises de l’intérieur sous le pseudonyme de " Raten ". 

C’est après le Débarquement qu’un grand nombre de scouts-routiers rejoignent les maquis et participent aux très violents combats autour de Belfort pendant cinq semaines en novembre 1944. 105 maquisards sont tués durant les combats. Chez les scouts du clan Guy de Larigaudie, 11 des 24 scouts tombent au combat. Une plaque à la citadelle de Belfort rappelle leur sacrifice. 

Bernard Braun, agent de liaison du père Dufay, est arrêté à Auxelles-Haut le 16 septembre 1944. Torturé durant deux jours, il meurt à 20 ans, le 15 avril 1945, en camp de concentration. 
Charles Clavey, commissaire de district Scouts de France de Belfort en 1938-1939, fondateur de la 3e Belfort, responsable d’un dépôt d’armes, meurt le 5 janvier 1945 au camp de concentration de Gross-Rosen. 
Les frères Hartweg, Pierre et Claude, moururent d’épuisement tous les deux en camps de concentration : Pierre, le 24 janvier 1944 à Buchenwald et Claude, le 7 mars 1945 au camp de Flossenburg. Tous deux avaient été arrêtés alors qu’ils tentaient de franchir la frontière espagnole pour rejoindre la France libre. 
Yves Hennin, 16 ans, diffuseur de journaux clandestins, meurt le 21 septembre 1944 lors de la libération de Belfort, tué par un éclat d’obus. 
Pierre Kammerlocher est tué le 20 novembre 1944 après avoir traversé les lignes ennemies, alors qu’il guide une unité des commandos d’Afrique qui tente de s’emparer d’une usine où les Allemands sont retranchés. Il sera décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec palmes. 
Salvador Serena est tué le 27 septembre 1944, alors qu’il participe à l’attaque d’un convoi allemand. 
Pierre Dupont, chef de la troupe 2e Belfort, est tué au maquis le 16 septembre 1944. 
L’abbé Pierre Dufay meurt le 31 décembre 1944 dans un accident de voiture, alors qu’il inspecte les postes de combat sur le Rhin. Il avait à ce moment-là intégré la brigade Alsace Lorraine d’André Malraux. 

Le 21 juillet 1946, devant des milliers de personnes, Edmond Michelet, ministre des Armées, remet la Médaille de la Résistance au fanion du clan routier de Belfort. Lors de la même cérémonie, le corps des pompiers de Belfort était également décoré de la Médaille de la Résistance.


Auteur : Jean-Jacques Gauthé