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L’organisation des maquis

Légende :

Note de Jean-Pierre Vernant (« Berthier »), chef départemental FFI, où il tire la leçon des « fortunes diverses » du développement des maquis après le 6 juin 1944 et où il précise les consignes à appliquer

Genre : Image

Type : Note

Source : © Archives privées Claude Cartier-Bresson Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié de deux pages (présentées ici en recto-verso) extrait du CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009.

Date document : Juin - juillet 1944

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne

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Analyse média

Dans cette note, Jean-Pierre Vernant, chef départemental FFI, tire la leçon des " erreurs commises après la mobilisation générale " du 6 juin 1944. Il donne des instructions pour renforcer la sécurité et les rapports avec la population, pour lutter contre " les actes de banditisme accomplis par des canailles " et pour développer des actions de guérilla.

Voir la biographie de Jean-Pierre Vernant dans la rubrique "Médias liés".


D'après Michel Goubet, "L'organisation des maquis", extrait du CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009.

Contexte historique

Les premiers maquis apparaissent de manière informelle en 1943. Ils sont peu nombreux. Ils se situent dans des zones isolées, où se réfugient des individus recherchés ainsi que des réfractaires au STO. Un premier maquis est ainsi créé à l'automne 1943 à Campells, dans les Pyrénées, dans le secteur d'Aspet. Un groupe Blanqui est également formé dans la Montagne noire, à l'initiative de Jacques d'Andurain (" René "). Peu nombreux, mal armés, mal équipés, ces premiers maquis ne jouent pas de rôle déterminant. Ils sont beaucoup moins actifs que les groupes francs, les éléments de la 35e brigade MOI et les guérilleros qui concentrent alors leurs activités en milieu urbain, à Toulouse principalement. Une bonne partie des résistants relève encore de réseaux ou de groupes statiques sédentaires. Les MUR ont créé une organisation régionale des maquis, mais son impact départemental est faible. Au mieux, à l'exemple de ce que fait Albert Lautmann dans la région de Grenade, on se contente le plu souvent de repérer les emplacements de futurs maquis. Tout change au printemps 1944. L'état-major départemental de l'AS charge Francis Strugo (" Victor ") d'organiser des maquis dans la zone pyrénéenne. Un ancien chef de corps-franc des maquis du Jura, le lieutenant Pierre Alibert (" Ransac "), y développe alors le maquis de Campells (ou d'Aspet), ainsi que le maquis de Saint-Bertrand de Comminges. Dans la Montagne Noire, un corps-franc du même nom est créé : parmi ses fondateurs, on trouve le toulousain Roger Monpezat (" commandant Roger "). Après le Débarquement du 6 juin, le mouvement s'accélère et s'amplifie. Pierre Lachaux (" Duclos ") crée le maquis Bidon V dans la région d'Arbas. La mobilisation d'éléments des groupes statiques de la Résistance suscite un afflux de FFI. Celui-ci est plus important en termes quantitatifs que qualitatifs, et il pose de graves problèmes d'intendance, surtout en termes d'approvisionnement et d'armement. Des opérations de réquisitions et de prélèvements doivent être organisées dans les perceptions, dans les bureaux de tabacs et dans les bureaux de postes.  Des bons de réquisitions sont délivrés. Mais des abus sont commis, d'autant plus facilement que des faux maquis apparaissent, qui transforment ce qui est prélèvements légaux et exceptionnels en actions de banditisme. A majorité d'origine AS-CFL, les maquis prolifèrent dans des zones boisées (maquis Roger autour de Grenade, maquis de Rieumes au sud de Muret, maquis de Cazères dans la partie sud-est du département), ainsi que dans les zones montagneuses de la Montagne noire et de la bordure pyrénéenne (maquis de Betchat, maquis d'Aspet, maquis de Boulogne-sur-Gesse). Pour des raisons de sécurité, les groupements sont mobiles, ils doivent se déplacer et changer de cantonnement en fonction des circonstances. S'ils ont tous des caractéristiques communes, chacun a en fait sa propre histoire. Après le 6 juin 1944, malgré un armement et un équipement souvent déficient, les maquis participent activement au développement de la guérilla. Ils créent un climat d'insécurité pour l'occupant et ses alliés vichystes. D'où les tentatives faites pour les éliminer. Plusieurs combats opposent les maquisards à des forces ennemies supérieures en nombre et en armement (les combats de Rieumes-Savères, de Naples-Le Burgaud, de Campells, de Labaderque). Au prix de pertes minimes, de décrochages et de changements de positions, les maquisards parviennent à résister et se repositionner. Toute autre est la situation des groupements qui se sont installés sans bonne préparation ou dans des zones mal protégées. Plusieurs ont  une vie très courte (48 heures pour le maquis d'Arnaud-Guilhem - compagnie Durrieu, dans le sud du département), d'autres sont décimés par une sévère attaque ennemie (c'est le cas du maquis de Saint-Lys, à une vingtaine de kilomètres au sud de Toulouse, et du maquis de Meilhan dans le Gers, près de L'Isle-en-Dodon). La direction départementale FFI sera alors conduite à dissoudre les maquis les plus exposés.


D'après Michel Goubert, "Le développement des maquis en Haute-Garonne", extrait du CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009.