Henri Frenay

Légende :

Henri Frenay, co-fondateur du mouvement Combat, ici au début des années 1940

Henri Frenay, co-founder of the Combat movement, seen here in a photo taken in the early 1940’s

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C. 20540 USA Libre de droits

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Années 1940

Lieu : France

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Contexte historique

Alias : Nef – Charvet - Henri Mollin – Lefebvre - Jeannin

Fils d’officier de carrière, Henri Frenay est né le 19 novembre 1905 à Lyon. Bachelier, il entre en 1924 à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. De 1926 à 1929 il sert comme officier dans l’armée du Rhin d’abord au 10e Bataillon de mitrailleurs puis au 156e Régiment d’infanterie. De 1929 à 1932, il est successivement affecté en Syrie au 16e Régiment de tirailleurs tunisiens puis au 8e Bataillon assyro-chaldéen. De retour en métropole en 1933, il rejoint, à Hyères, le 3e Régiment d’infanterie alpine avant d’effectuer, en 1935, un stage d’observateur aérien à Lyon-Bron. Stagiaire à l’Ecole supérieure de Guerre en 1936 et 1937, il est capitaine d’infanterie breveté.
En 1938, il est à Strasbourg où il suit les cours du Centre des hautes études germaniques et en obtient le diplôme. Cette occasion lui permet d’observer de près la doctrine nationale-socialiste et son application en Allemagne. En 1939, le capitaine Frenay est affecté à Ingwiller, à l'Etat-major de la 17e Région militaire. Pendant la campagne de France, officier d’Etat-major au Col du Donon, il est fait prisonnier au mois de juin 1940. Parvenu à s’évader et à rejoindre sa mère en zone Sud à Sainte-Maxime, il reçoit une citation. En juillet 1940, Henri Frenay est en garnison à Marseille. Refusant farouchement la défaite, il écrit dès le 15 août 1940 un manifeste, premier appel à la lutte armée. Il organise dès lors les premiers recrutements parmi ceux qui, comme lui, n’acceptent pas l’armistice. En décembre 1940, il est affecté au 2e Bureau de l’Etat-major de l’armée à Vichy. Il n’est pas hostile au début à la figure du maréchal Pétain mais s’en détache petit à petit devant la politique de collaboration.

En janvier 1941, il démissionne de l’armée et entre rapidement dans la clandestinité. Il publie le 16 juillet suivant le premier numéro clandestin des Petites Ailes. Au même moment, il rencontre pour la première fois Jean Moulin qui se prépare à partir pour Londres. Il fonde ensuite le mouvement de Libération nationale et édite le journal Vérités à partir de septembre 1941 avec l’aide de Berty Albrecht, qu’il connaît depuis 1934 et qui a été sa compagne. En novembre à Grenoble, il rencontre François de Menthon qui dirige le mouvement Liberté, éditant un journal du même nom. De la fusion du MLN et de Liberté naît le mouvement Combat qui fait paraître en décembre 1941 le premier numéro de son journal. Combat, toujours avec l’aide de Berty Albrecht, devient peu à peu le premier mouvement de Résistance de la zone Sud en terme d’effectifs. Grâce aux fonds fournis par Jean Moulin, Combat peut financer ses cadres et se développer dans différents domaines : renseignement, noyautage des administrations, propagande, action armée... Convaincu de l’importance de former la résistance à la lutte armée, Frenay met en place les premières cellules d’une armée secrète et les premiers groupes francs durant l’année 1942.

Dès juin 1942, il est recherché par la police de Vichy. A l’été 1942, Combat tire à cent mille exemplaires. En septembre 1942, Henri Frenay part pour Londres en compagnie d'Emmanuel d'Astier, et y rencontre le général de Gaulle. Il est de retour en France en novembre 1942 par une opération aérienne. Début 1943, sous l’impulsion de Jean Moulin sont créés les Mouvements unis de Résistance (MUR) qui voient l’unification des principaux mouvements de la zone Sud : Combat, Libération et Franc-Tireur. Henri Frenay, qui s’oppose souvent au délégué Jean Moulin en contestant ce qu’il considère comme une mainmise de Londres sur la Résistance française, est alors membre du Comité directeur des MUR. En juin 1943, "Charvet" alias Henri Frenay confie la direction du mouvement à son adjoint Claude Bourdet et retourne à Londres. En juillet, il part pour Alger où, le mois suivant, le général de Gaulle lui remet la Croix de la Libération.

Nommé en novembre 1943 à la tête du commissariat aux Prisonniers, Déportés et Réfugiés du Comité français de la Libération nationale (CFLN) à Alger, il continue à écrire dans Combat, fait plusieurs discours à la radio et est appelé à siéger à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger au titre de la Résistance. En août 1944, Henri Frenay devient ministre des Prisonniers, Déportés et Réfugiés du Gouvernement provisoire de la République française. Il arrive en France le 1er septembre 1944, sur la Jeanne via Cherbourg avec les membres du GPRF. Le lendemain il arrive à Paris et participe au premier Conseil des ministres le jour même. Il se consacre à la tâche immense visant à assurer le retour en France des prisonniers de guerre et déportés. Malgré les nombreuses difficultés, en mars 1945 ont lieu les premiers retours (20 000) puis en avril (313 000), en mai (900 000) et en juin (276 000). En juillet, le ministère considère le rapatriement comme terminé.

En novembre 1945, Henri Frenay est l’initiateur de ce qui deviendra le Mémorial de la France combattante au Mont Valérien avant de démissionner de son poste de ministre qui est d’ailleurs supprimé. En septembre 1946 il est élu président de l’Union européenne des Fédéralistes (UEF). Il est co-fondateur de l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR). En 1954, il démissionne de sa fonction à l’UEF en raison de l’échec de la Communauté européenne de Défense. Directeur de plusieurs sociétés et associé à l’exploitation du quotidien Combat, il est administrateur de sociétés d’édition et publie en 1973 ses mémoires de la Résistance : La Nuit finira puis, en 1975, Volontaires de la Nuit. Dans un ouvrage polémique qui fait grand bruit, L’Enigme Jean Moulin, il accuse ce dernier d’avoir été un agent crypto-communiste et s’oppose violemment à Daniel Cordier qui, pour défendre la mémoire de son ancien patron, s’en fait le biographe.

Henri Frenay est décédé le 6 août 1988 à Porto Vecchio en Corse où il est inhumé.

Décorations :
Grand Croix de la Légion d'honneur ; Compagnon de la Libération - décret du 24 mars 1943 ; Grand Croix de l'Ordre National du Mérite ; Croix de Guerre 1939/1945 (2 citations) ; Médaille de la Résistance

Publications :
Combat (1946, Denoël)
La Nuit finira (1973, Robert Laffont)
Volontaires de la Nuit (1975, Robert Laffont)
L'Enigme Jean Moulin (1977, Robert Laffont)

 

Son of a career officer, Henri Frenay was born November 19, 1905 in Lyon. After passing the Baccalaureate, he enrolled in 1924 at L’Ecole Speciale Militaire at Saint-Cyr. From 1926 to 1929 he served as an officer in the army of the Rhine first with the 10th Machine-Gunner Battalion and later joined the 156th Infantry Regiment. Between 1929 and 1932 he was assigned to Syria with the 16th Tunisian Infantry Regiment and 8th Assyro-Chaldean Battalion. After returning to the metro pole in 1933, he rejoined, at Hyères, the 3rd Alpine Infantry Regiment before completing, in 1935 observational flight training at Lyon-Brun. An intern at L’Ecole supériere de Guerre in 1936 and 1937, he was captain of the patented infantry. In 1938, he was in Strasbourg where he took courses at the Center for High Germanic Studies and obtained a diploma. This permitted him to observe closely the national-socialist doctrine evolving in Germany. In 1939 Captain Frenay was installed in Inwiller, at the major center of the 17th military region. During the French campaign, he was taken prisoner at Col du Donon in the month of June 1940. After succeeding in escaping and rejoining his mother, he was awarded a military citation. In July of 1940, Henri Frenay was garrisoned at Marseille. Ferociously refusing defeat, he wrote on August 15, 1940 a manifesto under the form of a call to arms. He then started organizing the recruitment of all those, whom, like him, did not accept the armistice. In December of 1940, he was placed at the 2nd desk of the general staff of the French army in Vichy. He was not hostile in the beginning to person of Marshal Petain, yet little by little he detached himself because of the political collaboration.

In January 1941, he resigned from the army and entered immediately into the clandestine life. He published July 16 the first clandestine issue of Petites Ailes. At the same time, he met Jean Moulin for the first time who was preparing to go to London. Frenay then founded the national liberation movement and published the newspaper Vérités beginning in September 1941 with the help of Berty Albrecht, whom he had known since 1934 and who was his partner. In November at Grenoble, he met François de Menthon who directed the movement Liberté and published a newspaper under the same name. With the fusion of MLN and Liberté birthed the movement Combat which published its first underground newspaper in December 1941. Combat, always with the aid of Berty Albrecht, became little by little the premier movement of the Resistance in the southern zone in terms of number of members. Thanks to funding by Jean Moulin, Combat could finance its executives and develop across different domains: intelligence, infiltration of administrations, propaganda, armed action, etc. Convinced of the importance of forming the resistance to fight as an army, Frenay put in place the first cells of a secret army and the first combat groups during 1942.

Starting in June of 1942, he was searched for by the Vichy police. In the summer of 1942, Combat put 100,000 copies into circulation. In September of 1942, Henri Frenay left for London with Emmanuel d’Astier and met with General de Gaulle. He returned to France in November of 1942 by an aerial operation. At the beginning of 1943, under the impulse of Jean Moulin, the United Movements of the Resistance (MUR) was created which saw the unification of the principal movements from the southern zone: Combat, Libération, and Franc-Tireur. Henri Frenay, who often opposed differing to Jean Moulin with what he considered a stranglehold from London on the French Resistance, was later made committee director of MUR.

In June 1943, “Charvet”, alias of Henri Frenay, entrusted the direction of the movement to Claude Bourdet and returned to London. In July, he left for Algiers where, the next month, General de Gaulle gave him la Croix de la Libération. Named in November 1943 to the head of the commissariat of Prisoners, Deportees, and Refugees, of the French Committee of the National Liberation (CFLN) at Algiers, he continued to write for Combat, made multiple discourses on the radio, and called for a siege of the provisionary consultant assembly of Algiers in the name of the Resistance. In August 1944, Henri Frenay became minister of Prisoners, Deportees, and Refugees of the Provisional Government of the French Republic (GPRF). He arrived in France September 1, 1944 on the Jeanne, via Cherbourg with members of the GPRF. The next day he arrived in Paris and participated in the first Council of Ministers the same day. He was entrusted with the large task aimed at assuring the return to France of prisoners and deportees of the war. In spite of a number of difficulties, in March 1945 the first returns took place (20,000), then in April (313,000), in May (900,000), and in June (276,000). In July, the ministry considered repatriation as complete.

In November 1945, Henri Frenay was the initiator of what would become the Memorial of French Combattants at Mont Valérien, before resigning from his ministry post which was then cut. In September 1946, he was elected president of the European Union of Federalists (UEF). He co-founded the Democratic and Socialist Union of the Resistance (UDSR). In 1954, he decommissioned his function in the UEF because of the failure of the European Defense Community. As director of multiple societies and associated to the running of the daily newspaper Combat, he was administrator to societies and in 1973 published his memoirs of the Resistance: La Nuit finira and then in 1975, Volontaires de la Nuit. In a polemical work that caused a lot of noise, L’Enigme Jean Moulin, he accused Moulin of having been a crypto communist agent and opposed vehemently Daniel Cordier who, to defend the memory of his old boss, wrote an autobiography of him.

Henri Frenay passed away August 6, 1988 at Porto Vecchio in Corsica where he is buried.

Decorations:
Grand-Croix de la Legion d’honneur; Liberation Campaign- decorated March 24, 1943 Grand-Croix de la Ordre National du Mérite ; Croix de Guerre 1939/1945 (2 citations); Médaille de la Résistance.

Publications :
Combat (1946, Denoël)
La Nuit finira (1973, Robert Laffont)
Volontaires de la Nuit (1975, Robert Laffont).


Site Internet de l'Ordre de la Libération

 

Traduction : John Vanderkloot