Voir le recto

Ecusson FFI-FTP Seine-et-Oise

Légende :

Au recto, écusson FFI-FTP Seine-et-Oise. Au verso, celui de la Seine.

Genre : Image

Type : Objet

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Ecusson en tissu brodé

Lieu : France - Ile-de-France

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Au centre de l'écusson un bonnet phrygien, symbole de la liberté depuis la Révolution française. En faut, la devise des FTP "France d'abord". 


Contexte historique

L'origine des Francs-Tireurs et Partisans, mouvement de lutte armée initié par le PCF au printemps 1942, remonte à l'automne 1940. Le parti communiste, alors durement frappé par une série d'arrestations, crée l'Organisation spéciale (OS), chargée d'assurer la protection des militants. A cette mission initiale s'ajoute rapidement le ramassage d'armes et des actes de sabotage dont l'existence est attestée aussi bien par les archives allemandes que françaises. Jusqu'à l'été 1941 la lutte armée reste embryonnaire et ni la propagande communiste, ni l'appel à la constitution d'un front national de lutte pour l'indépendance de la France, lancé à la fin du mois de mai 1941, n'y font allusion. L'attaque de la Wehrmacht contre l'URSS, le 22 juin 1941, ouvre de nouvelles perspectives. Le 2 juillet, L'Humanité clandestine lance le premier appel à l'action directe : "La libération de la France dépend de la victoire de l'URSS Notre devoir est donc d'aider le pays du socialisme par tous les moyens dans sa lutte contre le fascisme [...]", c'est-à-dire ralentir, par la grève ou le sabotage, la production de guerre au service de l'Allemagne. D'emblée, l'Ile-de-France est, avec le Nord-Pas-de-Calais, à la pointe du combat. Déraillements et sabotages contre la production ennemie se multiplient à partir du mois de juillet. Ces opérations sont effectuées par de petits groupes de trois à cinq individus issus du PCF, des Jeunesses communistes et de la Main d'oeuvre immigrée. Elles provoquent un durcissement brutal de la répression avec l'exécution, dès la seconde quinzaine de juillet, de plusieurs militants communistes. Le 29 du même mois, pour la première fois, l'Humanité clandestine, incite à s'attaquer directement aux troupes d'occupation : "L'ouvrier parisien André Masseron a été fusillé par les Allemands. Le sang de ce camarade et de tous les martyrs de la liberté crie : Vengeance !". Le 20 août, au lendemain de l'exécution de d'Henri Gautherot et Samuel Tyszelman, un tract à destination des "jeunes gaullistes, catholiques et communistes" lance le mot d'ordre : "10 officiers allemands répondront de la vie d'un jeune patriote français".
C'est Pierre Georges qui donne l'exemple, le 21 août 1941, en abattant, au métro Barbès, l'aspirant de la Kriegsmarine, Alfons Moser. D'autres actions suivent, essentiellement à Paris, à l'instigation des groupes armés des JC, les 'Bataillons de la jeunesse'. A l'automne 1941, trois commandos de combattants parisiens sont envoyés en province pour stimuler, par des actions d'éclat, l'extension géographique des combats. Les 20 et 21 octobre, en coordination avec des groupes locaux, ils réalisent simultanément à Bordeaux, Nantes et Rouen, plusieurs sabotages et abattent deux officiers allemands. Le lendemain, les Allemands exécutent 50 otages à Nantes, Bordeaux et Châteaubriant. Les Français sont indignés, mais ils désapprouvent les attaques contre les troupes d'occupation jugées d'autant plus téméraires et prématurées que, sur le front de l'Est, l'Armée rouge recule. Conscient du décalage entre sa stratégie et l'opinion publique, le PCF ne revendique pas ces actions. Cependant, loin de renoncer à la lutte armée, il décide, le même mois, l'unification des groupes armés du parti, des JC et de la MOI dans une organisation unique et cloisonnée, qui conserve d'abord le nom originel d'Organisation spéciale, avant d'adopter, au printemps 1942 celui de Francs-Tireurs et partisans (FTP). Orchestrée par un comité militaire national dirigé par Charles Tillon, cette tâche est confiée en Région parisienne à Henri Tanguy, commissaire militaire, Raymond Losserand, commissaire politique, chargé du recrutement, et Gaston Carré, commissaire technique, responsable de l'armement et du ravitaillement.

Au milieu du mois de mai 1942, la police française décapite une première fois l'OS parisienne. Gaston Carré, Raymond Losserand et 69 autres résistants tombent. Henri Tanguy, seul rescapé, de l'état-major forme, à la fin du mois, une nouvelle direction interrégionale avec Roger Linet au poste de commissaire politique et Raymond Colin à celui de commissaire technique. C'est sous le commandement de ce nouveau triangle que l'interrégion parisienne des FTP acquiert une forme véritablement structurée. Calquée sur l'organisation du PCF, elle se divise en neuf régions auxquelles s'ajoutent le groupe de la MOI, dirigé par Boris Holban. Au cours de l'été 1942, chaque région est progressivement dotée d'un état-major complet, de services d'armement et de renseignement.

A l'été 1942, plusieurs groupes, comme celui de Maurice Le Berre, sont démantelés. En septembre suivant, Henri Tanguy est muté en Anjou-Poitou pour des raisons de sécurité. En décembre 1942 et janvier 1943, l'interrégion parisienne des FTP est décapitée pour la deuxième fois. Eugène Hénaff, commissaire politique national des FTP, rappelle alors Henri Tanguy pour lui demander de former un nouvel état-major. Suite à des problèmes de liaisons, celui-ci n'arrive à Paris qu'en avril 1943. Pourtant les actions se poursuivent à un rythme relativement soutenu (au moins une par jour), malgré les chutes et l'absence de direction pendant près de trois mois. Elles sont en grande partie le fait des groupes de la MOI, moins touchés par la répression.

De retour dans la capitale, Henry Tanguy recrute au poste de commissaire technique interrégional un camarade "métallo", Edouard Vallerand et, à celui de commissaire militaire, un ancien des Brigades internationales, le Polonais Joseph Epstein. Sous la direction du nouveau triangle interrégional, de nouvelles formations apparaissent, comme les détachements Marceau, Carré et Victor Hugo en banlieue Nord. Cette reconstitution relativement rapide de l'organisation s'explique par les défaites allemandes en URSS et en Afrique du Nord et, surtout, par la mise en place du STO qui amène à la lutte armée de nouveaux volontaires. En Seine-et-Marne par exemple, le révérend père Jacques, adhérant au Front national, cache des réfractaires dans son couvent d'Avon avant de les faire passer aux FTP. L'organisation recrute désormais au-delà de l'obédience communiste. L'arrivée de catholiques comme Claude Warocquier en témoigne.
A l'été 1943, les victoires soviétiques et le débarquement allié en Italie marquent un nouveau tournant. La défaite nazie ne fait plus aucun doute et les organisations du PCF et du Front national orientent leurs efforts vers la préparation de l'insurrection nationale et le soutien aux FTP, destinés à devenir les cadres de la future armée de la libération nationale dont les troupes seraient puisées dans le vivier des réfractaires.
Cette mutation se répercute au plan militaire par une nette intensification des actions et la mise en oeuvre, à partir de juillet-août 1943 de la ‘tactique Epstein'. Celle-ci, en améliorant la protection des combattants lors du repli, permet aux FTP de s'attaquer à des détachements allemands très supérieurs en nombre. D'abord mise en oeuvre par les FTP-MOI parisiens, désormais commandés par Missak Manouchian, cette tactique est ensuite étendue à la province.
Ces efforts sont considérablement ralentis par la répression. A l'automne 1943, la police démantèle une nouvelle fois l'interrégion parisienne des FTP, arrêtant notamment, le 16 novembre, Joseph Epstein et Missak Manouchian. Pour le commissaire militaire national, Albert Ouzoulias, ces chutes sont la preuve que l'organisation parisienne est sous surveillance étroite, voire infiltrée par la police. Il propose donc, vers décembre 1943, une refonte totale de sa structure. Le CMN refuse. En effet, après la capitulation de l'Italie fasciste et la libération de la Corse, la perspective d'un débarquement allié en Europe se précise et la direction des FTP intensifie les préparatifs en vue de l'insurrection nationale. Or le projet d'Albert Ouzoulias impliquerait nécessairement un ralentissement sensible des actions pendant plusieurs semaines. Albert Ouzoulias s'incline finalement devant les arguments de ses camarades et accepte de confier la direction des FTP parisiens à son adjoint, André Duroméa. Celui-ci tient à peine plus de trois mois. Il est arrêté en mars 1944 ainsi qu'une grande partie des dirigeants du mouvement.
Le CMN se rallie donc aux vues de son commissaire militaire et une nouvelle structure voit le jour au printemps 1944, dirigée par André Merlot, Jung et André Breton, rejoints à partir de juin 1944 par Pierre Georges. A cette époque, les FTP, avec 15 compagnies, sont la principale organisation militaire de la Région parisienne. Cette prédominance conduit légitimement à la nomination d'Henri Tanguy ("Rol") à la tête des FFI de la Région parisienne au début du mois de juin 1944, après l'arrestation de Pierre Lefaucheux.

Le rôle des FTP dans les combats de l'été 1944 reste encore à étudier. Il n'en est pas moins considérable. Opposés aux consignes lancées à partir du 10 juin par le général Koenig, appelant à freiner la guérilla, les FTP prônent la levée en masse de la population. Ainsi, tout en multipliant les actions armées, ils protègent les manifestations populaires, notamment lors du 14 juillet. Ils encadrent les Milices patriotiques, particulièrement nombreuses dans les usines de la Région parisienne, et qui, malgré le manque d'armes réalisent de nombreux sabotages. Ils lèvent de nouvelles compagnies. Celles-ci, commandées par Albert Ouzoulias à partir de la mi-juillet, atteignent le nombre de 45 le mois suivant.

La percée d'Avranche précipite les événements. Le 8 août, Charles Tillon place l'ensemble des FTP parisiens sous l'autorité directe de Rol-Tanguy. Dans la nuit du 10 au 11 août, alors que les cheminots, à l'instigation d'André Tollet, enclenchent la grève générale, Albert Ouzoulias fait placarder sur les panneaux administratifs de la région une affiche appelant les Parisiens à la mobilisation. Le 17 du même mois, il réunit dans sa planque de Champigny les principaux chefs FTP de la région ; au total, une trentaine de personnes. Cette réunion, calée entre le début de la grève de la police (15 août) et l'appel du Comité parisien de libération à l'insurrection (18 août), marque le franchissement d'un nouveau seuil dans l'intensification des combats. Le jour-même et le lendemain, des compagnies FTP commencent à s'emparer de certaines mairies de banlieue, les Lilas, Montreuil, Bondy...

Lors de l'insurrection parisienne, les FTP s'illustrent particulièrement dans la réduction des poches de résistance allemandes. Aux côtés des chars de la 2e DB, ils sont à l'avant-garde des combats du jardin du Luxembourg et s'emparent de la caserne du Prince Eugène, place de la République. Après la libération de la capitale, ils participent au "nettoyage" de la banlieue parisienne. Ils se dissolvent en septembre 1944 au sein des unités FFI destinées à être amalgamées à l'armée française. Certains d'entre eux, à l'instar des membres de la colonne Fabien, poursuivront le combat jusqu'à la victoire finale.


Axel Porin in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004