Voir le verso

Stèles en hommage aux fusillés d'Arbonne

Légende :

Le 21 juillet et le 17 août 1944, à six jours de la libération de Fontainebleau, trente-six civils et résistants sont sortis de la prison de Fontainebleau où ils ont été torturés. Amenés les mains liées dans le dos aux carrières de sable de la plaine de Chanfroy, ils sont exécutés par les Allemands et enterrés sommairement dans deux fosses communes.

Genre : Image

Type : Stèle

Source : © Collection Claude Cherrier Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Ile-de-France - Seine-et-Marne - Arbonne-la-Forêt

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Le site comprend trois plaques commémoratives.

- une plaque de marbre noir sur un bloc de grès rapporté portant la mention :
" PASSANT
Ici victimes de la barbarie nazie
36 hommes sont morts
pour que vive la FRANCE
SOUVIENS TOI"

- deux plaques de marbre noir sur deux stèles en grès et granite comprenant les inscriptions suivantes :
" LE 21 JUILLET 1944
22 FRANÇAIS SONT MORTS
POUR QUE VIVE LA FRANCE"

"LE 17 AOUT 1944
14 FRANÇAIS SONT MORTS
POUR QUE VIVE LA FRANCE"

Les deux stèles identiques sont érigées aux deux emplacements où, transportés depuis la prison de Fontainebleau, 36 Français résistants et maquisards ont été fusillés et sommairement inhumés.


Contexte historique

Le 4 juillet 1944, les Allemands cassent dans l'œuf le maquis forestier d'Achères-la-Forêt, créé par André Prenant : cinq arrestations ont lieu dont celle du jeune garde forestier, Laurent Poli, figure emblématique. Suivent trois interventions du SD, pratiquement trois jours de suite qui conduiront aux exécutions d'Arbonne. Le 11 juillet, les communes de Blandy et de Moisenay sont investies. Dix résistants sont arrêtés dont le chef du groupe Bara, André Perret. Le lendemain, c'est l'attaque du maquis épisodique du bois de Valence et l'exécution de son chef, André Taboulet (on laissera croire aux proches à une détention à Fontainebleau). Si à Nanteau-sur-Essonne, le 20 juillet, six forestiers sont abattus, le nombre des arrestations encourage les Allemands à procéder à une première vague d'exécutions à Chanfroy, près d'Arbonne : le 21 juillet, 23 résistants sont fusillés ; parmi eux les cinq d'Achères, dix du groupe Bara (dont André Perret et son frère Auguste), cinq de Villebéon (dont les Morel père et fils, FTP de l'Yonne), deux du groupe VPO de Lorrez-Villebéon…

Le 27 juillet, Korf est au scolasticat de la Brosse-Montceaux, cherchant les armes d'un parachutage récent. Une partie du stock avait été emportée le 17 juillet par le Délégué militaire départemental, Yves Masié dit "Coret" et son adjoint Jacques Desbois. Korf abat de sa propre main cinq religieux, les frères Cuny, Perrier, Nio et les pères Piat et Gilbert. Masié est arrêté le même jour à Paris. Jacques Desbois tombera également à une date inconnue comme le commandant André Berge (OCM) à Meaux le 5 août et Georges Papillon (CDLR), le 16 août.

Le 17 août, une seconde exécution de 13 résistants s'est déroulée à Arbonne (Yves Masié, Jacques Desbois, Georges Papillon, André Berge...).

Le 7 décembre 1944, alors qu’ils viennent chercher du sable dans un ancien terrain d’exercice militaire situé au cœur de la plaine de Chanfroy, des soldats américains découvrent des corps en creusant le sol. Les autorités sont alertées. Un déblaiement délicat est effectué qui permet la mise au jour de deux charniers distincts. Trente-six cadavres sont découverts : le nombre des détenus de la prison de Fontainebleau. Il s’avère que les massacres ont été perpétrés à la mitraillette. On retrouve sur place quantité de douilles de 9 millimètres. L’identification des corps se révèle très difficile. Le 14 décembre 1944, des funérailles nationales se déroulent à Fontainebleau. La plupart des corps des victimes ont été rendus à leurs familles. Quelques dépouilles sont inhumées dans le grand carré militaire du cimetière de Fontainebleau.

Les 22 fusillés de la plaine de Chanfroy du 21 juillet 1944 :
Ceux du maquis « Bara » de Moisenay arrêtés sur dénonciation :
André léonard Perret (45 ans) artisan carrier, chef du groupe
Auguste Perret (23 ans) son fils
Eugène Bailay (38 ans) résistant cheminot
André David (25 ans)
Jean Méry (21 ans)
Victor Gervaise (19 ans)
Albert Guart (20 ans)
Bernard Ourteau (29 ans)

Ceux de Villebéon :
Robert Canaux (23 ans)
Marcel Calmel (23 ans)
Raymond Golisset (24 ans)
Léon Morel (48 ans)
André Morel (20 ans) fils Gilbert Ingrain (22 ans)

Ceux d’Achères-la-Forêt :
Laurent Poli jeune garde forestier (20 ans)
Germinal Matta (19 ans)
Robert Rius (30 ans) poète du mouvement surréaliste
Jean Simonpoli (32 ans) directeur des Cahiers de poésie
Marco Ménégoz jeune poète normand (16 ans et demi)
René Girard (24 ans)
Edgar Ferrand (49 ans) agriculteur FN-Vengeance
Maurice Daudet (34 ans) du MLN- FTPF

Les 14 fusillés du 17 août 1944 :
Le colonel Yves Masiée (47 ans) responsable FFI
Le capitaine Jacques Desbois (44 ans) commandant FFI de Seine-et-Marne
André Berge (39 ans) chef militaire FFI du secteur de Meaux
Marius Billard (55 ans) réseau Guérin-Buckmaster
Jean Bolastre (35 ans) Résistance Nord
Jean Etienne (34 ans) Résistance Nord
Henri Rivoire (29 ans) Résistance Nord
Marc Chemin (20 ans) FTPF
Claude Chailleux de l’organisation ‘‘Vélite Thermopyle’’
Georges Papillon (33 ans) du mouvement Ceux De La Résistance
Maurice Renoul (50 ans) sans doute en mission, de réseau inconnu.
Robert Fournier résistant de la commune de Mouroux
Roger Genty (22 ans)


Claude Cherrier, "Les massacres de l'été 1944 en Seine-et-Marne" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004
Site de l'association Les Amis de Milly-en-Gâtinais et Environs - LAMGE