Plaque en hommage à Henri Frager, dit "Paul"

Légende :

Plaque en hommage à Henri Frager, dit "Paul", chef du réseau Jean-Marie-Buckmaster du SOE, située 13, boulevard-du-Montparnasse, Paris VIe

Genre : Image

Type : Plaque

Producteur : Association Libération-Nor

Source : © Association Libération-Nord Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur scannée.

Date document : 2013

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Analyse média

La plaque a été inaugurée le 20 juin 2014.


Contexte historique

Jacques Henri Frager est né le 3 mars 1897 à Paris (VIe) de parents d'origine alsacienne. Etudiant en architecture, il prend part aux combats de la Première guerre mondiale. Sérieusement blessé à une jambe en 1916, il est démobilisé.

Devenu architecte et gérant d'immeubles, la Deuxième guerre mondiale interrompt ses projets professionnels. Mobilisé comme capitaine, il combat dans l'artillerie lourde sur rail. En juillet 1940, il se trouve en Algérie où il tente avec un groupe d'amis de passer à Gibraltar pour aller s'engager au Canada. L'opération est ratée et se solde par plusieurs arrestations. Frager monte à Vichy et là obtient de nombreuses libérations. Il reste à Vichy où il prend contact avec plusieurs personnes du Deuxième Bureau.
Passé en Afrique du Nord en décembre 1940 en espérant que la lutte se poursuivrait, il revient clandestinement dans le Sud de la France probablement pendant l'été 1941. Il entre en contact avec André Girard, fondateur du réseau Carte implanté dans la région d'Antibes. Frager ("Paul") est chargé du recrutement pour ce réseau. A la fin de l'année 1941 ou au début de 1942, il fait son premier voyage en Angleterre, ramène ordres et consignes et reprend son activité.

En décembre 1942, à la suite d'un conflit avec Carte, Frager crée son propre réseau qu'il nomme Jean-Marie (Donkeyman). Il recrute essentiellement parmi les membres de l'ancien réseau Carte. Il s'applique à étendre méthodiquement le rayon d'action de sa nouvelle organisation. Ainsi, il encourage la création de multiples antennes dans de nombreux départements français. Dans son rapport de juillet 1943, Frager indique par exemple la création d'un groupe à Mantes et demande pour lui un parachutage. Parallèlement, il tente d'obtenir une véritable légitimité auprès du colonel Buckmaster et son adjoint, Bodington. Pour cela, il s'envole régulièrement à Londres ; le plus long de ses séjours s'étend de novembre 1943 à février 1944. Pendant ce temps, le réseau est infiltré par l'Abwehr.

Frager regagne la France en février 1944. Devenu officier britannique, informé du futur débarquement, il est chargé d'organiser des actions armées contre l'ennemi. Il choisit de déléguer la direction de toutes les antennes de son réseau pour ne conserver que celle de l'Yonne. En mai, il y implante le PC national du réseau.

L'arrivée de Frager dans l'Yonne entraîne une profonde réorganisation de l'antenne de l'Yonne et plus globalement du réseau. Il s'applique à structurer militairement celui-ci.Encadrant de jeunes maquisards, il participe à des actions de sabotage. Cependant, le 25 juin 1944, des soldats allemands attaquent le PC. Refusant un combat trop inégal, le commandant "Paul" ordonne l'évacuation du PC avant l'assaut final. Il décide de rejoindre sa sœur à Paris. Il n'en aura pas le temps puisque Hugo Bleicher de l'Abwehr, l'arrête, le 2 juillet 1944 à la station de métro Duroc. Henri Frager est incarcéré dans les locaux de la Gestapo. Bleicher lui révèle la trahison de son second, Roger Bardet. Frager est déporté le 12 août 1944 àBuchenwald (où il arrive le 17) et fusillé le 5 ou 6 octobre 1944. Lors de son exécution, on le lie à un autre déporté, Pierre Mulsant, responsable du réseau Guérin-Minister.

A la Libération, ses compagnons de Résistance désireux de saluer la mémoire de leur chef fondent deux associations, Les amis de Paul et l'Amicale du réseau Jean Marie. Cette dernière se réunit chaque année dans le village de Grandchamps où une stèle à été érigée en l'honneur du commandant "Paul".


Fabrice Bourrée

Archives nationales, 72 AJ 6 et 7 (archives de l'abbé Guillaume) ; 72 AJ 41 (dossier Roger Bardet).
Archives du SOE, Londres (dossier individuel d'Henri Frager).
Public Record Office, Londres, HS6/578 (rapport du 27 novembre 1944 sur Frager).
Thierry Roblin, "Henri Frager" in CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, ARORY-AERI, 2004.
Gérard Fournier, "Henri Frager" in CD-ROM La Résistance dans le Calvados, Résistance et Mémoire -AERI, 2004.