Plaque en hommage à Conrado Miret I Musté, mort pour la France

Légende :

Plaque en hommage au premier chef des groupes armés de la MOI Conrad(o) Miret I Musté, dit "Lucien", mort pour la France à la prison de la Santé le 27 février 1942, située à la prison de la Santé, à l'angle du boulevard Arago et de la rue Messier, Paris XIVe

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Wikimedia Commons Libre de droits

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 13 juin 2014

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

La plaque a été inaugurée le 13 juin 2014.


Informations Mairie de Paris.

Contexte historique

Il est difficile de séparer les deux frères Miret Musté, tant leur double engagement dans la Résistance semble lié et tant leur fin tragique les rassemble encore. Ils ont tous deux joué un rôle important dans les premiers noyaux de Résistance en zone occupée. Les noms des deux frères ont pourtant été très souvent déformés et la forme adoptée ici est conforme au catalan, puisqu'ils sont originaires de Barcelone.

Josep Miret i Musté naît à Barcelone le 23 septembre 1907. Membre du Comité exécutif du PSUC – le Parti socialiste unifié de Catalogne, le Parti communiste catalan –, Josep Miret i Musté fait partie du gouvernement de la Généralité de Catalogne. Il est également commissaire de la 43e Division pendant la guerre d'Espagne. Exilé en France après la défaite républicaine, il réorganise le PSUC clandestin en zone occupée et assure la direction politique de la guérilla urbaine menée par les Espagnols dans la région parisienne. Les premiers contacts de dirigeants communistes espagnols et catalans avec les responsables de l'Organisation spéciale, l'OS – presque tous anciens combattants des Brigades internationales – se nouent à l'été 1941.

Vivant clandestinement sous le nom de Jean Régnier, Josep Miret i Musté est arrêté lors de la rafle du 30 novembre 1942, mais les policiers ne parviennent pas, dans un premier temps, à percer son identité. Il passe rapidement sous la juridiction allemande et, après avoir été torturé et incarcéré dans la prison de Fresnes, il est déporté au camp de Mauthausen le 27 août 1943, sous l'inscription "Nuit et brouillard". Le 10 septembre 1943, Josep Miret i Musté est envoyé au Kommando extérieur de Schwechat et meurt le 17 novembre 1944 pendant le bombardement du Kommando de Florisdorf par l'aviation américaine. Josep Miret i Musté, simplement blessé lors de ce bombardement, est en fait achevé d'une balle dans la nuque – ainsi que son compagnon d'infortune, Juncosa Escoda – par le SS chef du Kommando qui les considère désormais inutiles pour le travail.

Présenté dès 1941 par son frère Josep aux responsables de l'OS, Conrado Miret i Musté s'engage très tôt dans la guérilla urbaine, où il est notamment chargé de la protection de certains militants et de l'intimidation des "traîtres". Chimiste, ancien combattant d'Espagne, Conrado Miret i Musté – "Lucien" dans l'OS ou "Alonso" dans la MOI, la Main-d'oeuvre immigrée –  prend rapidement la direction de l'OS-MOI, c'est-à-dire des groupes armés de diverses nationalités organisés par la MOI et qui luttent aux côtés des groupes français de l'OS. "Lucien" est assisté de Joseph Boczor. L'OS-MOI, constituée au printemps 1941 avec des anciens combattants d'Espagne, aurait fait dérailler, les 11 et 24 juillet 1941, deux convois militaires allemands dans la banlieue Est.

Les effectifs de combattants étant encore peu nombreux, les responsables sont parfois contraints de s'engager eux-mêmes, au mépris de toutes les règles de sécurité nécessitées par la lutte clandestine. Ainsi, l'incendie d'un garage allemand, au 44 avenue de Paris à Vincennes, le 5 septembre 1941, est déclenché par le colonel Dumont – ancien responsable de la XIVe Brigade internationale en Espagne –, par Conrado Miret i Musté et par un couple de militants allemands. Conrado Miret i Musté participe aussi, le 19 septembre 1941, à l'attaque, avec des bouteilles d'essence et des cocktails Molotov, de l'usine SOGA – qui assurait la réparation de voitures de l'armée d'occupation –, située boulevard Pershing dans le XVIIIe arrondissement de Paris.

Arrêté le 10 février 1942 aux Invalides par des inspecteurs de la BS2, au cours d'une rafle qui décime les Bataillons de la Jeunesse, Conrado Miret i Musté disparaît sans que l'on puisse retrouver sa trace. Il serait décédé dans sa cellule dans la nuit du 26 au 27 février 1942. Il n'est en tout cas pas présent lors du procès qui juge ses camarades à la Maison de la Chimie, du 7 au 14 avril 1942. Selon toute vraisemblance, il est mort sous la torture infligée par la Gestapo. Il a été inhumé le 1er mars 1942 au cimetière de Bagneux. Joseph Boczor, son adjoint, le remplace à la tête de l'OS-MOI ; lui-même sera condamné parmi les vingt-trois résistants de "l'Affiche rouge" et fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien.


Auteur : Geneviève Dreyfus-Armand, in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.

Sources :
Archives de la Préfecture de Police rapports des RG.

Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le Sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, 1989.
Miguel Angel Sanz, Luchando en tierras de Francia. La participación de los Españoles en la Resistencia, Madrid, ediciones de La Torre, 1981.
Service des cimetières de la Mairie de Paris.