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Création des Milices patriotiques à Romans-sur-Isère

Genre : Image

Type : Lette

Source : © Archives communales Romans-sur-Isère Droits réservés

Détails techniques :

Papier pelure 21 x 27.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

Cette lettre au président du Comité local de Libération de Romans-sur-Isère l’informe de la création des Milices patriotiques.

L’en-tête porte la mention « République française. MILICES PATRIOTIQUES. Ville de Romans. Place Jules-Nadi », ce qui lui donne un caractère officiel. L’adresse est celle de la mairie. Elle est adressée au président du Comité local de Libération.

Transcription de la lettre :

DIR. N° I/279
Romans, le 27 septembre 1944

Monsieur le Président,

Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance que conformément aux instructions reçues de Monsieur le Responsable Régional, nous avons procédé à la constitution et l’installation des Bureaux des MILICES PATRIOTIQUES de la Ville de Romans.
Les effectifs de cet organisme, soigneusement choisis parmi les anciens F.F.I. s’élèvent au nombre de quatre-vingts, et seront répartis suivant le plan d’organisation annexé à la présente, et constituent un élément discipliné à votre disposition pour assurer l’ordre et la sécurité publique.
Nous vous exprimons par avance nos vifs remerciements pour l’aide précieuse que vous voudrez bien nous accorder et nous vous prions de croire, monsieur le Président, à l’assurance de notre parfaite considération.
Les Responsables


Suivent 3 signatures illisibles

Notations manuscrites :
Nourriture –
Logement –
Paiement –
 

Un plan d’organisation de ces milices patriotiques est annexé à la lettre. Il a pour en-tête : CONSEIL DÉPARTEMANTAL. Il indique pour ROMANS :
DIRECTION :
- Un directeur technique, M. Bardin, disposant d’un chef comptable et d’un secrétaire.
- Un directeur politique, M. L. Maisonnat, disposant d’un secrétaire et d’un agent de liaison.
- Un directeur-administrateur, M. Fernand Théolat.
POLICE. Renseignements généraux :
- Service Étrangers : un inspecteur, un secrétaire.
- Interrogatoires : un inspecteur, un secrétaire.
- Sécurité-Surveillance :
. Un inspecteur principal chargé des hôtels, garnis, hôpitaux, cafés, bars, assisté de 8 inspecteurs.
. Un inspecteur principal chargé des gares, cars, voie publique, assisté de 8 inspecteurs.
. Un inspecteur principal chargé du nord de la Drôme et du casier central avec 2 secrétaires et 2 archivistes.
. Un inspecteur principal chargé des fraudes et du marché noir, assisté de 8 inspecteurs.
. Un inspecteur principal, gardien-chef du camp, chargé de l’infirmerie spéciale, assisté d’un sous-chef et de 16 gardes.
Soit 7 personnes à la direction, 7 à la police et 50 à la sécurité, et deux groupes en réserve (16), au total 80 personnes. C’est donc un nombre important de personnes chargées en particulier de la sécurité, ce qui montre que le climat politique était loin d’être serein quelques jours après la Libération (la Drôme est entièrement libérée le 1er septembre 1944) et que l’on craignait le retour des collaborateurs aux responsabilités.

Il est à noter que le président du Comité local de Libération n’est pas le promoteur de cette création mais qu’il en est avisé par des « responsables » locaux agissant sur instructions du responsable régional.

Un camp a été créé, à la caserne Servan, à Romans après la Libération. Les collaborateurs connus y ont été enfermés. Les milices patriotiques s’étaient donné pour mission la surveillance de ce camp avec un inspecteur principal, un sous-chef et 16 gardiens.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Archives communales Romans-sur-Isère. 156 S1.

Contexte historique

En septembre 1943, la direction du Parti communiste français réclame l’instauration de « Milices patriotiques » à implanter dans les entreprises, les villages, les quartiers des villes, groupes armés quadrillant le territoire lors du futur débarquement allié afin de paralyser l’ennemi et de protéger les populations contre ses exactions. Ces milices patriotiques sont consacrées par le Conseil national de la Résistance (CNR), le 15 mars 1944.

Le CNR charge les Comités de Libération de créer ces milices patriotiques en accord avec les FFI (Forces françaises de l'intérieur) et leur assigne des missions d’ordre public et de soutien de ces Comités de Libération.

Les Milices patriotiques se mettent en place lentement et très partiellement sous l’impulsion, le plus souvent, des militants communistes, dans un climat assez tendu. Le 10 août 1944, le CNR en fixe le statut et place les milices patriotiques sous l’autorité des Comités de Libération.

Après le Libération, les Milices patriotiques deviennent une sorte de police supplétive auxiliaire de l’épuration. C’est bien ce que montrent les documents romanais.

La structure de Romans n’aura pas duré longtemps puisque les milices patriotiques sont dissoutes un mois après, le 28 octobre 1944, par le GPRF (Gouvernement provisoire de la République française). Cette décision est critiquée par le CNR. Elle est condamnée par le PCF jusqu’au retour de son secrétaire général, Maurice Thorez, qui se prononce sans ambiguïté pour une police nationale unique, en janvier 1945.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Roger Bourderon, « Milices patriotiques », Dictionnaire historique de la Résistance, dir. François Marcot.