Monument du maquis Caillet

Légende :

Monument édifié par le maquis Caillet sur la route allant de Mirmande à Marsanne.

Genre : Image

Type : Monument

Source : © Photo Jean Sauvageon Droits réservés

Date document : 2004

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Marsanne

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Contexte historique

Charles Caillet, maire de Mirmande révoqué par le gouvernement de Vichy, constitue, dès 1942-1943, une structure d'accueil, avec l'aide de certains fermiers de sa commune et des communes voisines. Le cadre local constitue un milieu sans doute favorable, par son histoire, ses capacités nourricières, son esprit modéré, solidaire et patriote.

"Dès 1942, écrit Pierre de Saint-Prix, une organisation de camouflage et de "planquage" des militants recherchés par la police, des Juifs et plus tard, des jeunes qui veulent échapper au STO, fonctionnait efficacement. Plus de 1500 réfractaires ont transité à Mirmande, soit chez Louis Combe, soit dans la ferme de Charles Caillet, véritable dispatching où s'opérait la répartition des candidats bergers ou arboriculteurs, chez les exploitants agricoles du voisinage. Tout Mirmande résistait : le boulanger Coste, Besson le menuisier, Rouveyre le cafetier, Testu, Monsieur et Madame Blanc, l'instituteur secrétaire de mairie et sa femme, etc. Marcelle Rivier hébergeait Lövenstein qui put longtemps, bien que de confession israélite, vivre à découvert, informé par les gendarmes de Loriol, que Caillet tenait en main, des raffles ordonnées par Vichy".

Il s'agit naturellement de confronter ce tableau idéal à d'autres témoignages : il ne peut y avoir eu 1500 réfractaires. Le colonel Moulin, excessif dans l'autre sens, "compte en tout treize hommes" pour l'effectif du maquis. En fait, selon des anciens de ce maquis, il comptait entre cinquante et cent personnes, selon le moment, entre avril et septembre 1944.

La constitution du maquis Caillet fin avril 1944, est provoquée par l'arrestation par la Gestapo de Marc Pestre, maréchal-ferrant de Saulce, sympathisant communiste, membre du réseau Buckmaster-Roger, qui cachait des armes. Mais celle-ci échoue dans sa tentative d'arrestation de Pierre de Saint-Prix et trois autres résistants, chez eux. Tous les quatre doivent se cacher et ils créent un camp dans la forêt de Mirmande, avec la complicité de Caillet, aux Grands Rigauds.

Le débarquement du 6 juin 1944, et l'appel à l'insurrection qui l'accompagne, bousculent les réfractaires : les plus décidés quittent leur ferme et rejoignent le camp. Quelques jeunes de Mirmande et Saulce, des fugitifs, viennent également en renfort.

Jean Bouyon fuit les Chantiers de jeunesse pour revenir à Saulce. Le 3 juin 1944 ; il arrive aux Grands Rigauds et donne, plus tard, ses impressions sur le camp. "Il était installé sur une pente douce, à flanc de colline. On y avait édifié quelques cabanes très rustiques, faites avec des branchages. Nous changions assez souvent ces branchages et, plus spécialement, ceux formant le toit, car, au bout de quelques jours, cette végétation commençait à flétrir, étant ainsi plus facilement repérable du ciel : nous étions survolés de temps à autre par un petit avion allemand, un mouchard qui observait la région pour essayer d'y repérer d'éventuels maquis. L'intérieur était entièrement occupé par un grand bas-flanc situé à quatre-vingts centimètres au-dessus du sol. Une quinzaine de personnes pouvaient y dormir. Nous nous rasions quand le coeur nous en disait. L'eau était à peu près à 800 mètres de notre camp".

"Comment nourrir tout ce monde ?" questionne Fred Samuel, ancien légionnaire, réfugié aux Reys-de-Saulce chez Courtin, alors sergent-chef de la compagnie ; il est l'un des rares à avoir une formation militaire.  "Les fruits, abondants, ne suffisaient pas. Il fallut quêter dans les fermes un mouton, quelques poulets. Les bouts de papier signés en échange ne contentaient pas certains fermiers. Néanmoins on renouvela l'opération avec les débits de tabac. Comment faire autrement ? Cela dura jusqu'à la fin juin. À ce moment-là, le succès des Alliés encouragea les directeurs de dépôts à nous ravitailler largement, depuis Montélimar."

Quant à l'armement et à son maniement, l'appréciation de Jean Bouyon est édifiante : "Le lendemain de mon arrivée, on me confiait une mitraillette Sten. Ce même jour on m'initia au maniement des grenades, des cordons Brickford et des détonateurs qui allaient avec". Pierre de Saint-Prix précise certaines des difficultés rencontrées : "Nos connaissances en armement étaient limitées. Il s'agissait de retrouver, pour les monter ensuite ensemble, toutes les pièces constituant une même arme. Ce jeu de puzzle était long et fastidieux. Nous décidâmes d'essayer les Stens".

Les actions militaires du maquis Caillet sont très diverses. Outre l'écoute de la radio de Londres, la récupération des parachutages et la cache des armes, le barbouillage des panneaux de circulation, destiné à dérouter l'ennemi en retraite, il y eut des sabotages de voies ferrées, "mais, écrit Jean Bouyon, nous n'étions ni spécialisés, ni entraînés pour ce genre d'opérations. De plus, nous ne possédions pas du tout le matériel nécessaire. Plusieurs tentatives avortèrent."

D'abord maquis-refuge,  il devient partie intégrante d'une compagnie FFI de l'AS en juin 1944. Paul Coste, réfractaire à Mirmande depuis le printemps 1943, remarque que, se joignant à une douzaine de transfuges du STO, quittant Mirmande, ils sont allés chercher du côté de Bourdeaux une organisation et un chef aptes à leur proposer un véritable plan de lutte.

Le maquis Caillet participera à quelques escarmouches, peu de ses membres ayant reçu une formation à l'armement, même léger. 


Auteurs : Patrick Martin et Michel Seyve
Sources DVD-Rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, édition AERI-AERD, 2007.