Plaque à la mémoire de Jean Nicoli, Bastia (Haute-Corse)

Légende :

Plaque apposée au 3 cours Pierangeli à Bastia

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Marie-Geneviève Tokarz

Source : © Collection Marie-Geneviève Tokarz Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2016

Lieu : France - Corse - Haute-Corse - Bastia

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Contexte historique

Jean Nicoli, l'un des dirigeants les plus actifs du Front national (FN) corse, membre du Comité départemental, est aussi l'une des dernières victimes de la répression conduite par l'OVRA (Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme), la police politique italienne. Il est exécuté dix jours avant l'insurrection du 9 septembre 1943, après avoir montré un courage et des convictions exemplaires.

Jean Nicoli est né le 4 septembre 1899 à San-Gavino-di-Carbini. Il a trois frères et une soeur et ses parents sont de petits épiciers. Après l' Ecole normale d'instituteurs d'Ajaccio, et le service militaire accompli dans le Génie en 1920, il rejoint son premier poste à Sorio, dans le Nebbio. Il se marie en 1922 avec une institutrice, Marie Jeanne Olivieri, et a un fils, Don Jacques, en octobre 1923. Il est alors en poste à Ste-Lucie de Porto-Vecchio, puis en 1924 à San Gavinu. Sa femme et lui obtiennent alors un poste double dans le Haut-Sénégal (aujourd'hui le Mali), successivement à Kayes puis à Bamako où naît Francette Nicoli en avril 1925. Il reste en Afrique jusqu'en 1934, et y devient directeur d'école à Mopti. Il y tient un journal, riche en observations critiques sur certaines pratiques de la colonisation et écrit un livre, L'Ecolier noir. La dégradation de l'état de santé de sa femme l'oblige à regagner la France. Elle est soignée à Paris - en vain -. Elle décède en février 1937 en Corse où les Nicoli ont pu rentrer, d'abord à Olmeto puis à Propriano. Jean est directeur d'école. Il se trouve donc à Paris dans une période cruciale, celle de l'affrontement des gauches et des droites et de la venue au pouvoir du Front populaire. Il est alors instituteur rue Lepic. Il adhére au Parti socialiste. Sa carrière d'enseignant se termine dès 1938, à la suite d'une grave opération de la gorge. Il s'occupe alors avec son frère de problèmes d'équipement dans son village natal, par exemple de l'adduction d'eau. Il réagit à la situation internationale en donnant des articles au Journal de la Corse, en particulier, en rejetant les visées du gouvernement fasciste sur la Corse en 1938. Quand la guerre éclate, il est mobilisé dans le Génie à Corte, puis à Rodez. Il revient en Corse après l'armistice et il prend tout de suite des positions anti-pétainistes. Il participe à la formation des premiers petits groupes de résistants à San Gavinu et à Casalabriva. En 1942, il est dans le Sartenais et a des contacts avec le Front national : François Carli, Nonce Benielli, et Arthur Giovoni avec lequel il s'efforce de trouver des armes, à la fin de 1942, pour les patriotes. Il serait l'un des auteurs du Chant des patriotes en Corse, la Sampiera.

Il adhère au Parti communiste clandestin, le 28 décembre 1942. Après l'arrivée de la mission De Saule, il contribue activement à la réception et à la distribution des armes fournies par Alger, par parachutages ou débarquements de sous-marins. Il parvient à équiper les patriotes du Sartenais. Il participe à la conférence de Porri, en mai 1943, après l'arrestation de Fred Scamaroni. Le Comité départemental du Front national y est solidement organisé. Jean Nicoli est désigné comme responsable à l'armement. Le 17 juin 1943, il échappe de peu à une arrestation à la Brasserie nouvelle à Ajaccio où il arrivait avec un peu de retard. Mais il est recherché par l'OVRA qui possède une photo de lui et est arrêté en même temps que Jérôme Santarelli, un autre responsable du FN, le 27 juin 1943, à Ajaccio. Tous deux se trouvaient chez Jacques Bonafedi où ils préparaient un débarquement d'armes. Il est incarcéré à Ajaccio jusqu'à son transfert à Bastia le 26 août 1943. Sa fille Francette espére en vain une évasion, d'abord de sa prison, puis pendant le transfert que les résistants avaient prévu par chemin de fer. Un plan a été mis au point avec les cheminots. Mais les Italiens, sans doute informés, choisissent la route. Jugé par le tribunal militaire italien à Bastia, les 27 et 28 août 1943, il est condamné à "être fusillé dans le dos" pour espionnage militaire. Les tentatives de sa fille pour obtenir, du général Magli, un recours ont été sans effet tout comme les contacts pris par les dirigeants du Front national avec le colonel des Chemises noires, Cagnoni, pour essayer de le sauver. Il est exécuté le 30 août 1943 à 7 h 30. Son corps porte des traces de mutilation à l'arme blanche.


Hélène Chaubin, CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.