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Les dernières lettres des condamnés à mort

Légende :

Dernière lettre de Célestino Alfonso à sa famille, prison de Fresnes, 21 février 1944

Genre : Image

Type : Lettre

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Lettre manuscrite

Date document : Février 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Val-de-Marne - Fresnes

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Analyse média

Sous l’Occupation, les condamnés à mort et les otages désignés pour être fusillés ont généralement eu la possibilité d’écrire des lettres d’adieu, soumises à la censure et remises aux familles plusieurs jours après l’exécution. Certaines ont été transmises de façon plus clandestine.

Toutes ces dernières lettres ont aussitôt été perçues pour ce qu’elles étaient : les traces peut-être les plus tangibles du sens que les résistants entendaient conférer à leur engagement. Certaines ont circulé dans la presse clandestine, un premier recueil en est paru à Londres dès 1944. Car ces lettres reflètent les valeurs communes qui pouvaient animer les résistants de toutes origines.

La lettre d'Alfonso, fils d'immigré et militant communiste, qui revendique de mourir en soldat pour la France, montre ainsi comment le combat résistant a pu être synonyme de réaffirmation du patriotisme chez des militants politiques par ailleurs résolument internationalistes. C'est l'attachement à la France de la Révolution française qu'il proclame, au moment où la Libération approche et, avec elle, la perspective de refonder la République après la disparition du régime de Vichy.


Bruno Leroux

Sources:
La vie à en mourir. Lettres de fusillés 1941-944, Tallandier, 2003, p. 291
Morts pour la France, Société des Editions de la France libre, Londres, 1944

Contexte historique

Célestino Alfonso est l’un des 23 membres des FTP-MOI de la région parisienne condamnés à mort en février 1944 à Paris et désignés à la vindicte populaire par « l’Affiche rouge ». Sa photo en médaillon y est légendée : « Alfonso-espagnol rouge-7 attentats ».

Ce fils d’immigrés espagnols a été un des premiers à s’engager dans les Brigades internationales en 1936 pour venir en aide à l’Espagne républicaine. Interné à ce titre à son retour en France en 1939, puis arrêté à nouveau en 1941, il s’est engagé dans les FTP-MOI et est devenu en 1943 un des responsables de « l’équipe spéciale » - celle qui, le 28 septembre 1943, a tué le responsable allemand pour la France des réquisitions de main d’oeuvre, Julius Ritter.

Il est fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien avec son chef Missak Manouchian et vingt de ses camarades. Quatorze autres membres du groupe ont écrit, comme lui, une dernière lettre à leur famille. L'unique femme,Olga Bancic, sera transférée en Allemagne pour y être décapitée. 


Bruno Leroux

Source :
Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le sang de l’étranger, Fayard, 1989