Jean Sassi, lieutenant Nicole, membre de la mission Jedburgh "Chloroform"

Légende :

Jean Sassi, futur Nicole, en février 1944, au centre d'entraînement des Jedburgh de Milton Hall (Angleterre), avant de sauter sur Gap et de rayonner jusqu'au Vercors pour participer à la Libération, dans le cadre de la mission Jedburgh "Chloroform"

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Yves Sassi Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Février 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Dieulefit

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Contexte historique

Jean Sassi naît le 11 juin 1917 en Tunisie, alors sous protectorat français, où il passe la majeure partie de son enfance et de son adolescence. Ses parents sont originaires de Sartène, en Corse. Appelé sous les drapeaux en octobre 1938, Jean Sassi participe à la campagne de France.

Démobilisé, il rejoint l’Afrique du Nord et se porte volontaire pour se battre sur le territoire national occupé. Pour cela, il rejoint Londres au début de l’année 1943 où il est rapidement affecté au Bureau Central de Renseignements et d’Action (BCRA).
Jean Sassi est remarqué pour son courage, et on lui propose de participer à l’opération Jedburgh. Il est interrogé à la Patriotic School, passe les épreuves de sélection, et suit l'entraînement de trois mois à Milton Hall. Il y apprend le maniement de toutes les armes, le combat au poignard ou à main nue, les techniques de sabotage, l'utilisation d'explosifs et d'appareils radio, l'envoi et le chiffrage de messages codés, le saut en parachute dans les pires conditions (stage à Ringway). Il est breveté parachutiste le 28 février 1944, avec le grade de sous-lieutenant, chargé de mission de 3e classe, et la fonction d'officier radio. 


Dans la nuit du 29 au 30 juin 1944, l’équipe Jedburgh dont il est l’officier radio est parachutée à Dieulefit, dans la Drôme. C'est l'enclenchement de l'opération "Chloroform". Il arme et organise des maquis, mène des opérations de sabotage contre l’armée allemande pour préparer le débarquement allié en Provence, et participe à la libération de la région.

[La mission Chloroform] "a pour objectif de préparer le terrain aux troupes alliées, à la veille de leur débarquement en Provence, le 15 août 1944. Elle est composée de trois hommes : le capitaine Jacques Martin, alias J. Martino, nom de guerre « Joshua », Français, chef de mission ; le lieutenant Henry D. McIntosh, nom de guerre « Lionel », Américain, second ; le sous-lieutenant Jean Sassi, alias J.H. Nicole, nom de guerre « Latimer », opérateur radio. Elle est accueillie par un détachement du régiment de la Drôme et rapidement mise en contact avec Francis Cammaerts « Roger », chef du réseau Jockey du SOE et avec le colonel Zeller, qui a autorité sur toutes les formations FFI du Sud-Est.
Elle est aussitôt dirigée vers les Hautes-Alpes, où elle s'emploie à armer les résistants en place, à couper la voie ferrée Briançon-Gap et à perturber le trafic ennemi sur la RN 94, en tendant des embuscades aux convois allemands et en détruisant matériels et véhicules.
Par la suite, elle contribue à secourir les réfugiés échappés du Vercors, fait sauter le pont de chemin de fer sur la Savines à la veille du débarquement allié sur la Côte d'Azur. Elle favorise par ses succès une avancée rapide des forces alliées, qui peuvent remonter des côtes provençales jusqu'à Lyon. Elle participe ainsi notamment à la prise de Gap, de Briançon, de Barcelonnette, jusqu'à libération du département, achevée le 21 août 1944.
Au cours de ces derniers combats de la Libération, le sous-lieutenant Sassi est décoré de la Légion d'honneur au feu. Il était prévu qu'il participe comme volontaire dans une autre mission Jedburgh en Allemagne. Il s'agissait de travailler avec des SS retournés. Cependant cette mission fut abandonnée, les précédentes missions de ce type ayant été des échecs, pour cause de non fiabilité des Allemands sélectionnés."

Dégoûté par les dérives de l’épuration, Jean Sassi se porte volontaire pour combattre contre le Japon qui a pris le contrôle de l’Indochine en 1945. Il est parachuté au Laos, avec pour mission de lever des maquis afin de harceler les troupes japonaises. Il est finalement rappelé en France en 1946, quelques mois après la capitulation japonaise. 

De retour en métropole, après un passage à l’école des troupes aéroportées, il est affecté au 11e bataillon parachutiste de choc en 1949.

En 1953, le Capitaine Sassi s’embarque pour l’Indochine. En charge de plusieurs maquis au Laos, il forge sa légende de spécialiste de la « guerre non conventionnelle ». Il recrute plusieurs maquis au sein du peuple montagnard des Hmongs qui combattent le Vietminh par des embuscades et des coups de main sur ses arrières. En 1954, il mobilise 2 000 combattants Hmongs et lance l’Opération Desperado, dont l’objectif est de porter secours aux soldats français de Dien Bien Phu. L’unité arrive au lendemain de la chute du camp retranché le 8 mai 1954, et l’opération se transforme en une mission de sauvetage : environ deux cents combattants français sont ainsi exfiltrés à travers la jungle.

Il effectue un séjour en Algérie de 1959 à 1960, où il occupe des fonctions opérationnelles au sein de la 27e Division d’Infanterie Alpine (DIA). Il quitte l’armée en 1971 à l’âge de 54 ans avec le grade de colonel. Il fonde alors « Bagheera », l’Association nationale des anciens parachutistes du 11e Choc, dont il a assuré la présidence de 1977 à 1989.

Jean Sassi meurt le 9 janvier 2009 à Eaubonne (Val-d'Oise).


Le colonel Jean Sassi a reçu treize titres de guerre, dont cinq étrangers. Il est notamment commandeur de la Légion d’honneur, et officier de l’ordre du Million d’éléphants et du parasol blanc, la plus haute distinction du Royaume du Laos.
Le colonel Jean Sassi demeure cet « extraordinaire serviteur de la France, véritable icône, soldat exceptionnel, un grand parmi les plus grands, légende et monument des parachutistes », comme le décrivit le général Christian Piquemal, président de l'Union nationale des Parachutistes, lors de ses funérailles. Son parcours passionnant et prestigieux, servi par un dévouement total et une abnégation absolue au service de la France, constitue un exemple de détermination servi par une grande audace et un sens profond des valeurs humaines et de l’honneur.

La promotion 2009 du 4e bataillon de Saint-Cyr Coëtquidan porte le nom de Colonel Jean Sassi.


Auteurs : Guy Giraud et Paulina Brault

Sources :

Biographie de Jean Sassi sur le site de l'École de Saint-Cyr Coëtquidan, consulté le 27 juin 2016.

Page consacrée à Jean Sassi, sur le site Françaislibres.net, consulté le 27 juin 2016.

Informations transmises par Yves Sassi, fils de Jean Sassi.