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Aquarelles intitulées "Les gendarmes au Tracol" de Christian Disandro

Légende :

Aquarelles réalisées par le maquisard Christian Disandro à partir de dessins croqués en 1944

Genre : Image

Type : Aquarelle

Source : © collection famille Disandro Droits réservés

Détails techniques :

Aquarelles couleur (voir recto-verso).

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Toulaud

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Analyse média

Ce dessin dévoile un des aspects de la Résistance qu'il faut souliger, ne serait-ce que pour rendre hommage au peuple français, qui, dans sa diversité, apporta majoritairement une aide efficace à la Résistance armée. 

Le gouvernement de Vichy, pour lutter contre les maquisards, disposait de forces de police diverses, la milice, police auxiliaire dont les membres férocement opposés à la Résistance se recrutaient parmi les partisans les plus zélés de la collaboration avec l’ennemi. Etroitement liée à la Gestapo, comme celle-ci, la milice s’était rendue odieuse par des sévices ignobles. Les autres forces répressives, police nationale, GMR et gendarmerie manifestaient un zèle plus ou moins virulent suivant l’état d’esprit et l’engagement de son encadrement direct.

Pour limiter le danger, la Résistance pratiquait le noyautage de certains services, en particulier les brigades de gendarmerie réparties dans les campagnes. C'était le cas à Saint-Péray, où le chef de brigade et la majorité de ses gendarmes favorisaient la Résistance et informaient les groupes de maquisards des opérations de police qui les menaçaient ; ce dessin en est l’illustration.

La défaite militaire et la situation dramatique du pays ravivaient chez les Français le sentiment patriotique et le désir de participer à sa libération ; cela expliquait l’étendue et les effets du noyautage.

Trois individus envoyés par la milice de Valence rodaient autour de Biguet, hameau tout proche de notre camp. Ces suspects, sur l’indication des paysans, furent capturés par Basile, Freddo, Pierrot et Saturnin. Immédiatement amenés au camp, on trouvait sur eux des armes et leur carte de la milice. Interrogés, ils reconnaissaient avoir reçu de la milice une mission consistant en un cambriolage nocturne d’une ferme des environs immédiats de Biguet, où la présence de maquisards avait été signalée.

Ce cambriolage devait s’exercer avec violences, accompagnées de propos laissant croire que des maquisards en étaient les responsables ; la provocation avait pour but de créer une indignation dirigée contre la Résistance et encourager, si possible, la dénonciation des camps pour pouvoir les détruire.

Ces aveux, si importants pour la Résistance, devant être impérativement dénoncés et d’une manière ou d'une autre, officialisés. Le chef de brigade de Saint-Péray était informé du cambriolage projeté sur sa juridiction par des miliciens de Valence en service commandé. La Résistance lui faisait savoir qu’il devait désigner une escouade de gendarmes sûrs que des  maquisards conduiraient jusqu’au camp pour recueillir les aveux des miliciens. La suite de l’affaire concernait essentiellement la Résistance qui se chargeait de la régler en fonction de la gravité d’un problème qui présentait un danger mortel pour ses membres, l’aide de la population, en la légitimant, assurait la survie de nos groupes armés.

Ce dessin représente l’arrivée des gendarmes au camp du Tracol, leur présence ici est un détail de ce combat de l’ombre, qui confirme à quel point était large l’adhésion des Français dans leur lutte contre l’ennemi.

Ils sont guidés jusqu’au camp par Robert le Tailleur, un agent de liaison originaire de Nice qui devait mourir au camp de Buchenwald, où il fut déporté en même temps que Lunette et Rapha.


Auteur : Christian Disandro

Contexte historique

Le résistant Pierre Millet, Pierrot, autre témoin des événements, a réagi au récit de Christian Disandro, en y apportant des nuances importantes, tempérant quelque peu l'enthousiasme de Disandro dans ses écrits. Ci-dessous figure la version du texte de Disandro revue par M. Pierre Millet :

Ce dessin dévoile un des aspects de la Résistance qu’il faut souligner, ne serait-ce que pour rendre hommage à une partie du peuple français qui, dans sa diversité, apporta une aide efficace à la Résistance armée.

Le gouvernement de Vichy, pour lutter contre les Maquisards, disposait de forces de police diverses, dont la Milice, composée de membres férocement opposés à la Résistance qui se recrutaient parmi les partisans les plus zélés de la collaboration avec l’ennemi. Etroitement liée à la Gestapo, comme celle-ci, la Milice s’était rendue odieuse par des sévices ignobles.
Les autres forces répressives, police nationale, GMR et gendarmerie manifestaient un zèle plus ou moins virulent. Pour limiter le danger, la Résistance tentait de pratiquer le noyautage de certains services, en particulier les brigades de gendarmerie dans les campagnes.

À Saint-Péray, un maréchal des logis et un gendarme aidaient la Résistance, et l’adjudant-chef fermait les yeux sur ces activités.

Le 4 mars 1944, en début d’après midi, trois individus envoyés par la Milice de Valence rodaient autour de Biguet, hameau proche de notre camp du Grand Tracol. Madame Ducros, la maman de Frédo, apercevant les suspects alors qu’ils passaient devant sa maison, prévint les quatre résistants qui étaient réunis dans sa salle de séjour. Basile, Frédo, Pierrot et Saturnin pistèrent les trois individus, les arrêtèrent et les montèrent au camp. On trouva sur eux des armes et leur carte de la Milice. Ils reconnurent avoir reçu une mission consistant en un cambriolage nocturne d’une ferme des environs immédiats de Biguet, où la présence de maquisards avait été signalée. Ce cambriolage devait s’exercer avec violences accompagnées de propos laissant croire que des maquisards en étaient les responsables ; la provocation avait pour but de créer une indignation dirigée contre la Résistance et, encourager, si possible, la dénonciation des camps pour pouvoir les détruire.

Ces aveux, si importants pour la Résistance devaient être impérativement dénoncés et, d’une manière ou d’une autre, officialisés. La Résistance fit savoir au chef de la brigade de Saint-Péray que le maquis détenait trois pilleurs de fermes [« Il est évident que je n'ai pas dit à l'adjudant-chef qu'ils étaient miliciens », témoigne par écrit Pierre Millet]. Pierrot servit d’émissaire, réformé du STO, il était le seul à avoir des papiers en règle. Il demanda à l’adjudant-chef de bien vouloir désigner une escouade de gendarmes sûrs, qu’il conduirait lui même jusqu’au camp pour recueillir les aveux des malfaiteurs.

La suite de l’affaire concernait essentiellement la Résistance qui se chargeait de la régler en fonction de la gravité d’un problème qui présentait un danger mortel pour ses membres. L’aide de la population, en la légitimant, assurait la survie de nos groupes armés.

Ce dessin représente l’arrivée des gendarmes au camp du Tracol, guidés par Pierrot. Leur présence ici, est un détail de ce combat de l’ombre qui confirme à quel point était large l’adhésion des Français dans leur lutte contre l’ennemi.


Auteur : Pierre Millet, d'après le texte original de Christian Disandro