Une commémoration de l'ANACR du Sénonais

Légende :

Un dimanche matin de juillet 2002, comme chaque année à la même époque, l'ANACR du Sénonais fait étape devant une stèle à la mémoire de maquisards tués au combat - La cérémonie se déroule à Saint-Sérotin - Elle est l'une des quatre ou cinq étapes d'un itinéraire de commémorations

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Joël Drogland Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur (2010).

Date document : Juillet 2010

Lieu : FranceSaint-Sérotin

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Analyse média

Une cinquantaine de personnes sont rassemblées sur la route départementale 82, entre Saint-Sérotin et Pont-sur-Yonne, devant une stèle inaugurée le 1er juillet 1945 et commémorant l'exécution, après torture, de deux maquisards par les troupes allemandes, le 1er juillet 1944.

La photographie a été prise alors que se déroule la minute de silence. Face à la stèle, récemment rénovée par la municipalité, et aux porte-drapeaux, se tiennent Mme le maire de Saint-Sérotin, et Roger Pruneau, un ancien maquisard du maquis Paul Bert (celui des deux hommes, Raymond Ménigault et Angelo Scarton, dont les noms sont sur la stèle - le corps du troisième maquisard massacré avec eux, Maurice Baudoin, ne fut jamais retrouvé), historien de la Résistance et actif militant de sa mémoire.

On observe la présence d'une fanfare de Pont-sur-Yonne, accompagnée du maire de cette ville, Roger Lassalle, militant de la mémoire de la Résistance et membre de l'ANACR.

La circulation a été momentanément interrompue sur cette route, d'ailleurs peu fréquentée. L'assistance, venue en voiture car le lieu est distant du village, est constituée d'habitants du village, et de membres ou amis de l'ANACR qui participent à toutes les commémorations de la matinée.


Auteur : Joël Drogland

Contexte historique

Le comité sénonais de l'ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance) organise chaque année, depuis l'immédiat après-guerre, une « tournée des stèles » qui s'apparente à un pèlerinage, et qui s'explique par la volonté de rendre hommage à tous les résistants et maquisards morts au combat. Les plaques, stèles et monuments sont répartis dans tout l'espace régional, surtout dans les zones rurales et forestières. Toute une logistique a donc été mise en place, qui suppose l'établissement d'un calendrier des commémorations, immuable jusqu'à ces toutes dernières années.

Cinq demi-journées de commémorations sont organisées, deux en mai, une en juillet, deux en septembre. S'y ajoutent bien sûr d'autres commémorations, comme celle de la libération de Sens en août. Chacun des quatre dimanches matin est organisé selon le même rituel : déplacements en voitures, arrêt devant une plaque, une stèle ou un monument, minute de silence, allocution, dépôt de gerbe, départ vers un autre lieu de commémoration.
Une vingtaine de lieux sont ainsi l'objet de cérémonies, commémoratives de combats de maquis, de représailles contre les populations, de crash d'avions alliés, etc. Des annonces sont passées dans la presse locale et les municipalités ont été prévenues. Très généralement, elles ont participé à la cérémonie et ont veillé au bon entretien du monument. En dehors des porte-drapeaux, des membres de l'ANACR et des familles de résistants auxquels il est rendu hommage, l'assistance est peu nombreuse. Elle est de moins en moins nombreuse dans la mesure où disparaît la génération de la Résistance.
Dans les années 2010, il a été nécessaire de réduire le nombre des étapes de ces tournées commémoratives, qui sont inéluctablement destinées à disparaître. L'ANACR s'efforce d'obtenir que soient gravés les noms de tous ces résistants sur le monument aux morts de la ville de Sens, ce qui ne rendrait plus nécessaires ces tournées commémoratives. Toutefois, elle se heurte à de sérieuses difficultés institutionnelles.

Dans les années 2000, les organisateurs ont demandé à un historien de l'ARORY qui avait développé ses recherches sur le Sénonais sous l'Occupation, de prendre la parole afin d'exposer ce que furent les événements à l'origine du monument. L'assistance s'en est toujours dite très satisfaite. Mais il s'agit pour l'historien d'un exercice délicat, dans la mesure où il ne peut tenir compte des problématiques diverses et parfois des zones d'ombre. Il lui faut donc se tenir sur un fil ténu, pédagogique, sans conforter ce qu'il sait parfois être un peu mythifié. Ici aussi, il est un vecteur de mémoire, au carrefour de son « métier d'historien » et de ses convictions de citoyen engagé dans la défense de l'esprit de résistance.


Auteur : Joël Drogland