Plaque à la mémoire d'Alexandre de Bosredon, Chavagnac (Dordogne)

Légende :

Plaque située dans l'église Saint-Pantaléon de Chavagnac (Dordogne)

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Maryanick Gaultier

Source : © Cliché Maryanick Gaultier Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : Avril 2017

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Dordogne - Chavagnac

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Analyse média

Transcription de la plaque :

" Souvenez-vous, dans vos prières,

d'Alexandre de Bosredon,

fusillé par les Allemands à la Fauconnie,

le 1er avril 1944,

dans sa 19e année "


Contexte historique

Alexandre, Norbert, de Bosredon est né le 9 juin 1925 à Chavagnac (Dordogne).

Il est le fils de Véronique Larralde et de Jean de Bosredon.

Pendant l'Occupation, il habite avec sa mère au château de la Fauconnie, à Chavagnac, tout en poursuivant ses études au collège des Jésuites de Sarlat, d'une part, et à l'école d'agricultre de Toulouse-Purpan (Haute-Garonne), d'autre part.

Entré dans la Résistance à la mi-1942. Alexandre est décrit comme étant un jeune homme mûr pour son âge et au caractère assez indépendant.

Paul Weill, dit Devillers, colonel de réserve juif et ancien commandant de la subdivision de Montpellier et ancien président du tribunal militaire de la XVIe région, déclare, après la Libération :

"Le 16 mai 1942, poursuivi par les polices française et allemande, j'ai dû quitter la Normandie pour me réfugier avec ma famille au château de la Fauconnie.
C'est ainsi que je suis entré en contact avec la famille de Bosredon à qui j'ai loué une partie de son château.
J'ai continué mon activité clandestine en prenant contact avec les membres de la Résistance du secteur. De suite, les jeunes de Bosredon, Jean Pauriel ainsi qu'un autre prénommé René, mon fils et plusieurs autres du village se sont révélés à moi comme de bons patriotes, prêts à faire le sacrifice de leur vie pour le pays. La meilleure preuve, c'est que trois d'entre eux sont morts au champ d'honneur, dont Alexandre de Bosredon.
Ce dernier a certainement convoyé, à deux reprises, des petits groupes d'aviateurs alliés, tombés en France, qui étaient acheminés vers la frontière espagnole. Il a également transporté à plusieurs reprises des mitraillettes et chargeurs, qu'il devait remettre à différentes formations de maquis près de Terrasson (Dordogne).

J'ai vu, une fois à la Fauconnie un M. André Polak, dont j'ignorais l'activité exacte*, mais qui, dans sa conversation, laissait clairement entendre qu'il n'avait qu'un but : contribuer à chasser l'ennemi.
Vous devez savoir que lorsque la division allemande punitive s'est présentée à Chavagnac, elle voulait s'assurer de trois individus :
- 1) ma personne ; 2) le boulanger du pays et 3) un agent de liaison dont personne ne connaissait l'identité et qui était le jeune Alexandre de Bosredon.
Ayant quitté la Fauconnie, quelques jours avant le 1er avril 1944, c'est à cela que je dus de passer à travers les mailles du filet.
Je déclare, en conscience, que le jeune Alexandre a été un pur résistant qui a payé de sa vie sa conduite héroique.

Les termes de cette déposition ont été confirmés par MM. Haran, commandant en retraite à Cambo-les-Bains, qui avait été en fonction dans l'armée de l'air à Toulouse sous l'Occupation et qui hébergea Alexandre de Bosredon à plusieurs reprises, Georges Pradel et Lucien Coutant, qui ont côtoyé l'intéressé dans la clandestinité.
Cette même déposition vient préciser les circonstances dans lesquelles Alexandre de Bosredon a perdu la vie :

"Le 1er avril 1944, des Allemands de la Division "B" se présentèrent au château de la Fauconnie, commune de Chavagnac, où vivent Mme de Bosredon et son fils unique, Alexandre, alors âgé de 19 ans, prétextant venir chercher des terroristes.
Fouille totale du château. Heureusement, une famille israélite du nom de Devillers, qui s'y trouvait réfugiée précédemment, l'avait quitté quelques jours auparavant.
L'opération terminée, les Allemands quittent les lieux sans faire allusion à quoi que ce soit de plus.
Dans l'après-midi du même jour, vers 17 heures, un plus grand nombre d'occupants, commandés cette fois par un officier, reviennent au château après l'avoir cerné. Ils demandent à Mme de Bosredon si elle est juive et à quel endroit se trouve cachée la famille israélite précitée ; Pendant qu'elle leur explique qu'elle ignore le refuge de ceux-ci, d'autres Allemands rentrent dans la pièce, encadrant son jeune fils (absent le matin de ce jour-là) qui vient d'essayer de s'échapper. Sans répondre aux questions posées par Mme de Bosredon, qui veut savoir ce que l'on reprochait à son enfant, celui-ci est conduit par eux dans la cuisine, où, aussitôt après l'avoir fait tourner contre le mur, un officier l'exécute d'un coup de revolver dans la nuque.
Après quoi, les Allemands pillent le château et s'en vont. "

Le même jour, M. Coulier, boulanger à Chavagnac, sympathisant de la Résistance - il fournissait en farine les maquisards - fut tué lui aussi par les Allemands, qui incendièrent sa maison.
D'après l'opinion publique, il ne fait aucun doute que ces exécutions ont été la conséquence de dénonciations faites aux Allemands par une personne de Chavagnac, sur qui pèsent des soupçons mais qui n'a pu être confondue.

Il apparaît probable que le jeune de Bosredon se soit livré à plusieurs transports d'armes dans les régions de Carcassonne et de Perpignan, lors des déplacements qu'il effectuait vers son école d'agriculture. De même s'est-il très certainement livré à de nombreux transports de documents entre Brive et Toulouse, attestant de son rôle actif d'agent de liaison.

Enfin, il est un fait établi que le jeune de Bosredon se trouvait à la croisée de différentes organisations de Résistance : en contact avec l'AS de Corrèze, avec les maquis de Dordogne, avec un réseau d'évasion non identifié, et enfin, avec le mouvement Défense de la France.

 

Reconnu Mort pour la France (25 octobre 1949). Homologué Résistance Intérieure française (RIF) - mouvement Défense de la France. Croix de guerre ; Médaille de la Résistance.

 

* André Polak [nous ignorons sa véritable identité ; peut-être s'agit-il de Roger Schuhl ? sans certitude] était un chef de la Résistance spécialisé dans le passage en Espagne des aviateurs anglais et américains. Il fut arrêté par la Gestapo, puis déporté.


Auteur : Paulina Brault

Sources : Dossier individuel du Service Historique de la Défense (SHD, site de Vincennes) - 16 P 162273.