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Stèle à la mémoire de Jean Nasica, Arnay-le-Duc (Côte-d'Or)

Légende :

Monument érigé en hommge au docteur Jean Nasica ; il est situé à l'intersection de la D906 et de la rue de la Brasserie à Arnay-le-Duc (Côte-d'Or)

Genre : Image

Type : Monument

Producteur : Jean-Pierre Petit

Source : © Cliché Jean-Pierre Petit Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur (voir recto-verso).

Date document : Août 2017

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Côte-d'Or - Arnay-le-Duc

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Analyse média

Transcription de la plaque :

 

" ON N'A RIEN DONNE
TANT QU'ON N'A PAS TOUT DONNE "

AU DOCTEUR JEAN NASICA
1906 – 1944
MEDECIN DES PAUVRES
ORGANISATEUR DU MAQUIS RENE-LAFORGE
CAPITAINE AU 1ER REGIMENT DE BOURGOGNE
ET A LA MEMOIRE
DE SES COMPAGNONS DU MAQUIS ET DE LA 1RE ARMEE
TOMBES COMME LUI AU CHAMP D'HONNEUR

HOMMAGE DES ANCIENS ELEVES DU PRYTANEE NATIONAL MILITAIRE A LEUR CAMARADE NASICA


Contexte historique

Scipion, dit Jean, Nasica est né le 3 janvier 1906 à Prato (Corse).

Il est le fils d’Antoine Laurent et de Jeanne Guelfucci. Marié à Jeanne Carnot, qui, après la mort de son mari, sera gérante d’un bureau de tabac, il est père d'un enfant, Jean-Claude, Georges, né le 1er mars 1929 à Lyon (IVe).

Mobilisé le 5 septembre 1939 comme médecin lieutenant de réserve, il est engagé volontaire pour la durée de la guerre au 1er régiment de Bourgogne. Il est renvoyé dans ses foyers le 1er avril 1940. Il exerce par la suite la médecine à Arnay-le-Duc.

Son activité résistante commence quelques mois après l’armistice : il fait passer en zone libre de nombreux prisonniers et s’occupe également de recueillir des travailleurs obligés de partir en Allemagne, et plus tard, les réfractaires au STO. Deux perquisitions sont d’ailleurs effectuées à son domicile par les autorités allemandes : la première en mars 1941, la seconde, le 30 juillet 1941. Le 6 septembre 1941, un officier général allemand et deux agents de la Gestapo se rendent à nouveau à son domicile et l’interrogent longuement.

Il met sur pied une organisation de Résistance dans la région d’Arnay-le-Duc, la Compagnie René-Laforge, dont un groupe porte son nom. La compagnie René-Laforge, dont il est le chef, compte 150 hommes.
Il participe ainsi aux opérations de sabotage et de guérillas dans le sud de la Côte-d’Or. Il prend une part active aux opérations de nettoyage de la vallée de l’Ouche, en particulier aux combats de Sainte-Marie-sur-l’Ouche des 6 et 7 septembre et à la marche sur Dijon, du 8 au 11 septembre.

Au terme des combats de Lusigny, Montceau-et-Echarnant, et dès la libération de la Côte-d’Or, il est versé au 1er régiment de Bourgogne, qui attaque dans le secteur de Gemonval (Doubs) et prend le commandement de la 1re compagnie du régiment de Bourgogne. Après un mois d’instruction et d’entraînement, le régiment de Bourgogne rejoint la Ire armée, 2e division d’infanterie marocaine, dans le secteur d’Athesans-Clairgoutte (Haute-Saône). Jean Nasica se distingue alors par des patrouilles audacieuses à l’intérieur des lignes ennemies, faisant des prisonniers et rapportant de précieux renseignements.

Jean Nasica est décrit comme étant d'une bravoure exemplaire et d'un cran à toute épreuve. Voici le témoignage rédigé le 12 février 1947 du chef d’escadron d’artillerie en retraite Multner, dit Simon II, qui a commandé les secteurs d’Arnay-le-Duc, Bligny et Nolay et qui avait sous ses ordres le maquis du Docteur Nasica :

« Le médecin lieutenant de réserve Jean Nasica, ancien élève du Prytanée, prit le maquis en juin 1944 et créa la compagnie René-Laforge en mémoire d’un jeune normalien fusillé par les Allemands.
À la tête de cette unité, modèle de discipline et d’audace, Jean Nasica, d’un allant et d’une bravoure légendaires, prit part en particulier aux affaires suivantes :
1) Le 30 août 1944, il effectue à Bligny entre 10 h et 19 h deux barrages filtrants dans les axes Bligny-Beaune et Bligny-Dijon.
En cours de progression, il rencontre un détachement de 90 Allemands à 800 mètres au sud de Lusigny. L’engagement dure 25 minutes ; l’ennemi se replie, laissant deux morts sur le terrain.

2) Dans la nuit du 3 au 4 septembre, il exécute une mission d’abattage d’arbres sur l’axe Autun-Beaune, entre La-Rochepot et Nolay, couvert par deux détachements de protection. Le détachement sud ouvre le feu sur 2 voitures ennemies : 6 Allemands tués, 4 grièvement blessés.

3) Le 7 septembre, en plein jour, au retour d’un parachutage, est accroché à la sortie de Montceau-Et-Echarnant par un fort détachement allemand de 400 ou 500 hommes. Le combat dure 2 heures ; l’ennemi subit de lourdes pertes.

4) Le 9 septembre, parti à la poursuite des Allemands dans la vallée de l’Ouche, rejoint à Sainte-Marie une compagnie de mitrailleurs, l’attaque sans hésiter, lui fait 34 prisonniers, lui tue environ 30 hommes. Au cours de la lutte qui a duré 4 heures, la compagnie René-Laforge a déploré 1 tué et 1 blessé grave.

Dijon libéré, le 11 septembre 1944, Jean Nasica s’engage au 1er régiment de Bourgogne, suivi par la plus grande partie de ses hommes et prend le commandement de la 1re compagnie.

Le 15 novembre 1944, dans un raid particulièrement audacieux, à la tête d’une patrouille de 20 hommes, il enlève de haute lutte 2 mitrailleuses allemandes qui arrêtaient la progression du bataillon.
Au cours de la marche sur Belfort, dans la deuxième moitié de novembre, il s’est particulièrement distingué en enlevant, à la tête de sa compagnie, le village de Chagny, puissamment défendu, faisant 30 prisonniers et laissant sur le terrain 54 cadavres allemands en perdant seulement 6 hommes.

Il tombe à la tête de la 1re compagnie à Bourbach-le-Bas (Haut-Rhin), le 30 novembre 1944, au cours de la contre-attaque allemande.

En septembre 1944, il obtient une citation à l’ordre du régiment ; en novembre, une citation à l’ordre de l’armée ; puis, il est fait Chevalier de Légion d’honneur à titre posthume.


Auteur : Paulina Brault

SourcesDossier individuel du Service historique de la Défense (SHD, site de Vincennes) - 16 P 440165.