Brochure multilingue pour l'utilisation des armes et des explosifs

Légende :

Afin d'entraîner les résistants, des manuels d'utilisation des armes leur sont parachutés. Ici, la page qui concerne la Sten.

Genre : Image

Type : Brochure

Source : © Collection Albert Fié Droits réservés

Détails techniques :

Opuscule broché 13 x11 cm. Couverture en papier fort, vierge de toute inscription ; 171 pages de texte, 24 de croquis.

Date document : Sans date

Lieu : France

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Analyse média

Opuscule de 171 pages de texte, 24 de croquis. La couleur des pages change selon la langue : blanc (anglais), rose (français), jaune (néerlandais), bleue (scandinave), verte (scandinave), violette (allemand). Les pages réservées aux croquis sont blanches.

Ce guide multilingue du sabotage était parachuté avec le matériel qu'il décrit dans toute la France. Il se présente sous la forme d'un petit livret à la couverture anodine. Certaines représentaient des titres de romans, de dictionnaires, afin de ne pas attirer l'attention. Ici la couverture est vierge de toute inscription.

L'opuscule est le parfait manuel du saboteur. Les titres de chapitre sont éloquents : Comment employer les explosifs, Pour allumer les charges simultanément, La quantité d'explosif à employer et comment préparer la charge, Comment attaquer divers objectifs, Action à retardement, Incendies volontaires, Le Limpet (charge pour attaquer les bateaux), Divers (c'est dans ce chapitre qu'est traitée la gammon). Une série de dessins précis complète judicieusement les explications. L'ouvrage décrit les différents moyens et engins de sabotage et quelques armes qui sont largement parachutées (sten, gammon…). Les types de containers sont cités avec le matériel qu'ils contiennent.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

La Résistance dispose d'armes d'origine, de conception, de dates différentes. L'ensemble constitue un armement hétérogène, de valeur très variable. Surtout, elle ne possède pas d'armement lourd, notamment d'une artillerie même légère.

La description des armes est succincte :

I- Armes françaises

Revolver modèle 1892 :
Manufacture d'armes de Saint-Etienne.
Calibre 8,92 mm ; six cartouches ; poids 0,840 kg.
Souvent souvenir de la guerre 1914-1918 ; récupéré par la Résistance.

Mitrailleuse Hotckiss modèle 14 :
Calibre : 8 mm ; longueur : 1,31 m ; alimentation par bande rigide de 24 cartouches ou bande articulée de 251 cartouches ; masse : 25 kg avec affût ; vitesse de tir : 200 à 500 coups par minute ; portée : 2 400 m.
Cette mitrailleuse, dépassée en 1940, est parfois récupérée dans les arsenaux et utilisée par la Résistance.

Fusil-mitrailleur FM 24/29 :
Calibre : 7,5 mm ; longueur : 1, 007 m ; chargeur de 25 cartouches ; masse à vide : 8,93 kg ; vitesse de tir : 200 à 400 coups/minute ; portée : 2 000 m.
La Résistance dispose de ce FM (fusil-mitrailleur), d'excellente qualité, mais en nombre insuffisant ; il est récupéré lors de coups de mains dans les arsenaux ou grâce à l'action du CDM (Camouflage du matériel).

Fusil MAS (Manufacture d'armes de Saint-Etienne) 36 :
Calibre : 7,5 mm ; longueur : 1 002 m ; chargeur de cinq cartouches ; masse : 3,75 kg ; portée : 1 200 m ; semi automatique.
C'est le fusil le plus moderne de l'armée française ; quelques exemplaires, récupérés, arment la Résistance drômoise.

Mousqueton modèle 1892-1916 :
Calibre : 8 mm ; longueur 945 mm ; chargeur : cinq cartouches ; masse : 3, 25 kg ; portée : 2 000 m ; répétition manuelle.
Malgré un recul à la "gifle" célèbre, ce mousqueton est très apprécié grâce à son faible encombrement ; il équipe de nombreuses brigades de gendarmerie.

II- Armes étrangères

Pistolet Colt 1911 :
Calibre 45ACP (11,43 mm) mais aussi d'autres calibres ; modifié, 450 000 produits pendant 1914 1918.
Fabrication importante pendant la Seconde Guerre mondiale, livré au SOE (Special operation executive) qui en parachute à la Résistance.

Mitraillette Sten :
Arme emblématique de la Résistance, la plus célèbre mais pas la plus efficace.
Créateurs Reginald V. Shepherd et Harold J. Turpin : premières fabriquées en juin 1941, par l'arsenal d'Enfield ; nom : S. T. En.
Construction maximum en 1943 avec 47 000 par semaine au prix de 30 shillings (50F 1987 ; 7,5€ 2006).
De 1941 à 1945, 3 750 000 fabriquées ainsi que 34 millions de chargeurs ; plusieurs usines de fabrication dont une au Canada.
Sten MKI, 1941-1942 : 100 000 ; Sten MKII : 1942-1944 : 2M ; Sten MK III : 1943-1944 1M ; Sten MK V : 1944-1945 : 400 000 (soignée, équipe la Grande Bretagne jusqu'en 1953, sûreté bloquant la culasse).
Sten MK II, la plus largement parachutée, deux types de crosse ; 9 mm parabellum ; 550 coups/minute ; sûreté par crochetage (incertain) du levier d'armement en position arrière ; livrée avec quatre ou cinq chargeurs (28 à 32 cartouches) ; poids avec chargeur plein : 3,7 kg.
Sans doute l'arme la moins coûteuse et l'une des plus efficaces dans sa catégorie ; mais aussi est un engin très dangereux, surtout entre les mains d'un maladroit. D'où de nombreux accidents parmi ceux qui ne savaient pas s'en servir.
Après l'attaque d'Izon-la-Bruisse, le 21 février 1944, un rapport des autorités françaises suite à une action allemande contre le maquis stationné dans cette commune donne une idée de la valeur de la Sten : "Conclusion : l'armement des terroristes n'est pas adapté au combat en rase campagne ; les mitraillettes anglaises [Sten] sont d'un modèle primitif, sans solidité, sans portée, sans précision. C'est une arme pour les combats de rue, pour le corps à corps ; une arme d'intimidation aussi, plutôt qu'une arme de défense solide".

Fusil Lee-Enfield N° MK I :
Apparaît dans les troupes britanniques en 1942 ; largement parachuté dans toute l'Europe occupée.
A répétition ; calibre : 7,7 mm ; capacité : dix cartouches.
Fabriqué aussi au Canada.

Antichar PIAT (Projector Infantry Anti-Tank) :
Inventé par le SOE ; entrée en service en 1943 ; utilise le principe de la charge creuse ; relativement difficile à utiliser.
L'obus PIAT perce tous les blindages de l'époque.
Il sera surclassé par le bazooka de l'US Army, utilisant le principe de la fusée.
Poids 15 kg, poids de l'obus 1,13 kg ; portée maximum en tir tendu : 110 m ; portée en tir indirect : 340 m ; 1 206 PIAT parachutés en France contre 2 240 bazookas.

Antichar Bazooka US AT M1 A1 :
Mis au point en 1944 ; lance-fusée à charge creuse.
Longueur : 1,38 m ; poids : 6 kg ; portée efficace : 70 m.

Carabine US M1, calibre 30 :
Adoptée par l'US Army en septembre 1941.
Carabine semi-automatique, Winchester fabriquée aussi par General Motors (GM) ; fabriquée de 1942 à 1950 ; calibre 30M1 (7,62 mm) ; poids avec chargeur de 15 cartouches : 2,5 kg. 6,120 millions ont été fabriquées pendant la guerre.
A un seul défaut : la munition est trop faible.
A eu un énorme succès dans les maquis.

Pistolet mitrailleur US M3 A1 :
Adopté en décembre 1944 pour remplacer le PM Thompson.
Assez rare d'en trouver dans les maquis.

Fusil-mitrailleur Bren MKII :
En 1932, les services britanniques essaient plusieurs FM étrangers ; retiennent le Brno ZB 26n ; l'améliore ; construit par l'arsenal d'Enfield : Bren.
Parachuté sur tous les maquis européens ; calibre 303 (7,7 mm) ; poids à vide 10,050 kg ; chargeur de trente cartouches.

Mortier anglais de deux pouces (50 mm) :
Arme normalement une section d'infanterie.
Arme très maniable, bien adaptée au combat de guérilla.
Poids : 10 kg ; poids de l'obus : 0,9 kg ; portée efficace : 900 m.

Grenade Gammon :
Est conçue pour développer une très grande puissance, pour être lancée à la main, pour exploser à l'impact, sans système de retard.
Elle est formée d'un bouchon allumeur ou fusée Allways , d'un détonateur et d'un explosif primaire destiné à amorcer la charge principale ; celle-ci peut atteindre jusqu'à 1 kg ; elle est placée dans une sac en tissu noir fermé par un élastique ; elle peut être truffée de morceaux de métal afin d'accroître son efficacité anti-personnel.
Fonctionnement : introduire le détonateur primaire, visser celui-ci à la base de la fusée Allways, charger le sac avec une boule de plastic ou de ‘'808'' ; lorsque le bouchon de bakélite est dévissé, une tresse de coton lestée de plomb entoure la fusée ; maintenir cette tresse en place pour lancer le grenade ; dans l'air, elle est arrachée par le lest de plomb, ainsi que la goupille de sécurité fixée à son extrémité ; désormais, le moindre choc provoque l'explosion, entre autres, le contact avec l'objectif.
Son emploi est délicat, entraîne des accidents mais sa puissance, son souffle et son bruit sont impressionnants.

Pistolet mitrailleur Marlin UD M 42 :
EUA ; 9 mm; chargeur de 20 cartouches ; poids chargé : 4,5 kg ; cadence de tir 700 /mn.
Relativement peu répandu.

Mitrailleuse légère Browning M 30 :
La mitrailleuse légère états-unienne la plus souvent parachutée.
Calibre : 7,62 mm, bande de 100 cartouches, 19 kg, 500 coups par minute, portée 1000 m.
Même si elle est moins puissante que la M 50, la M 30 est une excellente mitrailleuse.

Mitrailleuse Browning M 50 :
La mitrailleuse états-unienne lourde la plus connue.
Elle est toujours utilisée.
Calibre 12 mm, 500 coups par minute, portée jusqu'à 1 800 m.
Son utilisation est limitée par son poids qui peut atteindre 210 kg avec son trépied tripode.
Sa puissance de feu est redoutable.

Mitrailleuse Maschinengewehr (MG) 34 Mauser :
Mitrailleuse allemande la plus utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale.
A eu de nombreuses versions, en particulier le modèle MG 42.
Calibre 7,92 mm, par bande ou chargeur, 900 coups par minute, portée 1000 m, poids 11 kg sans trépied, 23 kg avec.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l'amour de la France, Drôme-Vercors 1940-1944, édition Peuple Libre, Valence, 1989, 494 p. Ferrard Stéphane, France 1940, l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, 1998, 230 p. Venner Dominique, Les armes de la Résistance, Paris, Jacques Grancher, 1976, 335 p. Veyer Jean, Souvenirs sur la Résistance dioise, 1941-1944, Die, Imprimerie Cayol, 1986 (réédition), 112 p.