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Stèle du combat de Chailles, Saint-Béron (Savoie)

Légende :

Stèle située sur la D 1006 à gauche de la chaussée direction ST-BERON - Route de Chambéry (à 300 mètres du carrefour D 1006 et D 38). 

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Jean-Pierre Petit

Source : © Cliché Jean-Pierre Petit Droits réservés

Date document : 22 mai 2018

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Savoie - Saint-Béron

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Analyse média

COMBAT DE CHAILLES
14 AOUT 1944
A LA MEMOIRE DES RESISTANTS
MORTS POUR LA PATRIE

TRAVERS René
OLLAGNIER Francis
BONNEFOY Jean
DUPRAZ François
POINTET Gilbert
REY André

VICTIMES CIVILES
PRARIO Joseph
PRARIO André
CHEVRON Armand
ALBERT Claude
PELISSIER Maurice

« PUISSE CE GRANIT SYMBOLE DE FORCE
ET DE RESISTANCE RAPPELER POUR TOUJOURS
LE SACRIFICE DES BRAVES QUI SONT MORTS
POUR LA FRANCE »


Contexte historique

Au cours du mois d'août, les accrochages se multiplient afin de barrer la retraite des Allemands vers les cols alpins. Les gorges de Chailles, lieu idéal pour une embuscade, se trouvent sur la route entre Pont-de-Beauvoisin et Les Echelles.

La Route nationale (RN) 6, reliant Lyon à Chambéry, permet aux forces allemandes de se replier vers les cols alpins. Le 5 août, les entrées des tunnels du col du Chat à Saint-Jean-de-Chevelu et de l'Epine à Novalaise sont obstruées obligeant les Allemands à emprunter les gorges de Chailles. Dès lors, un poste est installé afin d'assurer une surveillance permanente de ce passage stratégique. C'est une section de Saint-Geoire-en-Valdaine (Isère) qui prend position sur les crêtes, côté Isère, à hauteur du barrage de Chailles. Elle est commandée par le capitaine Goguet, "Gaston".

Le 9 août, vers 18 heures, une première embuscade entraîne la perte de sept soldats allemands et trois camions. A partir de cette date, le capitaine Emile Natto d'Aiguebelette-le-Lac du district de Novalaise va prendre en charge le poste du côté Savoie. A la tête d'une trentaine d'hommes, il se positionne sur les hauteurs néanmoins l'armement est très limité. Le 13, les Forces françaises de l'intérieur (FFI) d'Isère du capitaine "Stéphane" tendent une embuscade en amont du tunnel des Echelles. Ils interceptent des camions allemands venant de Chambéry. Trois résistants sont tués au cours des combats.

Le 14, vers 10h30, un convoi d'Allemands et de miliciens est signalé, se dirigeant vers Chambéry. Le détachement précurseur est composé d'une moto, trois camions, une camionnette et trois cars remplis de soldats allemands. Dès l'entrée dans les gorges, les résistants déversent un feu massif sur les véhicules. Tout d'abord surpris, l'ennemi se ressaisit et s'abrite derrière le convoi et dans les tunnels. Un autre convoi arrive d'Aix-les-Bains en direction de Lyon. Les Allemands franchissent le Guiers et commencent à gagner les crêtes du côté Isère, menacant ainsi la retraite des résistants. Après un âpre combat, ces derniers parviennent à se retirer avec un groupe de Francs-Tireurs et Partisans (FTP) de la compagnie 92.15 venu de Saint-Béron. Du coté Savoie, le combat fait rage et, vers 16 heures, une automitrailleuse est touchée par une grenade. Une heure plus tard, la situation devient délicate devant l'arrivée de renforts allemands. Le capitaine Natto ordonne le repli.

Du côté des résistants savoyards, on dénombre trois blessés, le lieutenant Julio Néva, Robert Dellaspada et Désiré Guicherd et deux morts, René Travers et Morin. Le convoi d'Allemands et de miliciens a perdu environ une centaine d'hommes. Les représailles vont être terribles.

Un groupe de cinq habitants de Saint-Béron, Jean Bonnefoy, Francis Ollagnier, André Rey, Gilbert Pointet et François Dupraz veulent porter secours à leurs camarades blessés. Malheureusement, la voiture, dans laquelle ils ont pris place munis d'un drapeau blanc, est touchée de plein fouet par des tirs et s'enflamme. Les trois premiers périssent carbonisés, le quatrième, blessé implore l'aide des Allemands qui l'achèvent. Le dernier tente de s'échapper par un champ dans le contre bas de la route mais il est atteint d'une rafale. De l'autre côté des gorges, du côté des Echelles, un convoi sanitaire venant de Chambéry, stationne devant la maison de Joseph Prario qui se trouve sur le bord de la RN 6. Tout à coup, vers 17 heures, un civil s'en détache et vient arrêter le jeune André Prario qui venait de sortir de chez lui. Par la suite, ce même civil entre dans l'habitation et arrête son cousin Armand Chevron, un ouvrier Maurice Pelissier, le voisin Albert Claude et son père Joseph Prario. Ils sont tous alignés contre un mur avec les mains en l'air. Un deuxième civil arrive et les accuse d'être des terroristes. Une demi-heure plus tard, un officier allemand les fait attacher les mains dans le dos. Dans le même temps, la maison est pillée malgré la présence de la mère et de la fille. Après les avoir fait boire dans l'abreuvoir, ils sont conduits vers les gorges, à environ 700 mètres. Arrivés près des blessés allemands, un médecin officier les traite de terroristes et discute avec le soldat qui les surveille. Les quatre premiers sont alors abattus à coups de mitraillettes vers 18h30 et leurs corps jetés dans un ravin. Quant à Joseph Prario, après avoir été frappé, il est jeté dans le Guiers.

Deux jours plus tard, cette route, la RN 6 est définitvement coupée dans les gorges de Chailles grâce à un éboulement provoqué par le capitaine Joseph Blanc, "Alexandre". Le lendemain, le 17, la même opération est menée après le tunnel de Saint-Christophe-la-Grotte. La circulation est désormais impraticable sur la RN 6.


Eric Le Normand, "L'embuscade des gorges de Chailles le 14 août 1944", DVD-ROM La Résistance en Savoie, AERI, 2012