Camp de Douadic (Indre)

Légende :

Camp de Douadic (Indre), en fonctionnement entre 1940 et 1944

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ANACR Indre Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Indre - Douadic

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Contexte historique

Aménagé d’abord pour servir de camp de prisonniers pour les Allemands capturés en 1939-1940, il sert ensuite pour les réfugiés français et étrangers arrivant de zone occupée. À partir de novembre 1940, Douadic devient un Centre de séjour surveillé, administré par le Commissariat à la Lutte contre le Chômage (C.L.C., créé par la loi du 11 octobre 1940).

Douadic devient ensuite un Centre d’Accueil géré par le Service Social des Étrangers (lui-même dépendant du C.L.C.), créé le 1er février 1941 et dirigé par Gilbert Lesage. Il héberge alors des réfugiés espagnols, polonais et allemands, dont certains sont probablement juifs. Il reçoit également de mai à juillet 1941 des prisonniers de guerre libérés (des marins) qui rejoignent rapidement les lieux de leur démobilisation ; le camp est ensuite remis en 1942 aux Chantiers de Jeunesse.

En août 1942, au moment de la grande rafle des juifs étrangers de zone libre organisée par le gouvernement de Vichy, Douadic devient Centre de ramassage ou de triage : en effet, les juifs arrêtés dans l’Indre lors de la rafle qui commence le 26 août 1942 et se prolonge jusqu’au 20 septembre 1942 sont amenés à Douadic, où ils sont « triés » pour séparer les déportables de ceux (rares) qui peuvent bénéficier d’exemptions ; ils sont ensuite transférés au camp de Nexon (Haute-Vienne), centre de rassemblement pour la Région de Limoges, avant leur départ pour Drancy puis Auschwitz. Le 26 octobre 1942, Douadic devient en outre « centre de regroupement d’israélites en vue de leur transfert en zone occupée », et gardera par la suite sa triple fonction.

À partir du 1er janvier 1943, il dépend du Service du Contrôle Social des Étrangers, nouveau nom du S.S.E., et il n’abritera plus uniquement des juifs par la suite. Une nouvelle rafle de juifs a lieu dans l’Indre le 23 février 1943 et dans les jours qui suivent, puis une autre en mars 1944 : Douadic sert encore dans ces occasions de camp de « triage ». En dehors des périodes de rafles, où les personnes arrêtées ne demeurent que quelques jours dans le camp avant leur transfert vers Nexon, le camp connaît un flux constant de départs et d’arrivées, les transferts d’un camp à l’autre étant incessants : la destination réelle des partants est souvent difficile à déterminer, mais nombre d’entre eux ont dû faire partie des convois qui étaient dirigés vers les camps d’extermination ; les juifs étaient alors d’abord transférés vers Nexon, puis vers le camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), où étaient constitués les trains pour Drancy, avant le départ pour les camps d’extermination.

Vers l’époque de la Libération, le camp sert au stockage de matériel clandestin pour la Résistance. Avec la Libération disparaissent le centre de triage et le centre de regroupement avant transfert, et ne subsistent jusqu’en octobre 1944 que le Centre d’Accueil du Contrôle Social des Étrangers. Il sert de nouveau pour des prisonniers allemands, gardés par des F.F.I., puis devient centre départemental d’internement pour les « collabos » arrêtés jusqu’au printemps 1945... Enfin, les baraques sont vendues aux enchères par les Domaines et les huit hectares du camp sont restitués à leur propriétaire.

Soulignons enfin que des juifs étrangers incorporés par les autorités de Vichy dans le Groupement de Travailleurs Etrangers de Montgivray (près de La-Châtre, Indre) ont également été victimes des rafles organisées par le gouvernement de Vichy, notamment en août-septembre 1942.

Au total, environ 500 personnes de l’Indre ont été victimes de la déportation pour motifs raciaux et/ou politiques ; environ 65 % d’entre elles ne sont pas rentrées.


Informations transmises par l'ANACR Indre.