Stèle à la mémoire de Joseph Vaillant, Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine)

Légende :

Stèle à la mémoire de Joseph Vaillant fusillé le 30 décembre 1942 avec 24 autres résistants sur le site de la Butte de la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande.

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Joris Brouard

Source : © Coll. Joris Brouard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 30 décembre 2018

Lieu : France - Bretagne - Ille-et-Vilaine - Saint-Jacques-de-la-Lande

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Contexte historique

VAILLANT Joseph est né le 27 mars 1921 à Saint-Renan (Finistère) de François Vaillant, employé aux Chemins de Fer de l’Etat, et de Marie-Louise Beuzen, alors sans profession.
Ayant des dons pour l’art, il suit des cours à l’école des Beaux-Arts où il rencontre sa future femme, Paulette Lédélis avec laquelle il se mariera le 7 avril 1942 et s’installera à Rennes, au 88 rue de Vern. De cette union naîtra une fille, Josette qui sera connue dans l’univers du cinéma et de la littérature sous le pseudonyme de « Greta Vaillant ».
Titulaire du Brevet, il apparaît que selon son dossier individuel de résistant il fut employé de la SNCF de Rennes jusqu’en juillet 1940 ce qui conforterait l’idée selon laquelle il a tissé des liens étroits avec le personnel de la SNCF, liens qui lui serviront par la suite dans son engagement dans la Résistance. A partir d’août 1941, il entre à la Trésorie Générale de Rennes en tant qu’employé.

Son parcours de résistant commence très tôt, dès le 18 juin 1940, date symbolique de l’Appel du général de Gaulle mais qui correspond d’un point de vue local, à l’arrivée des Allemands dans la capitale bretonne. Ce jour-là, Joseph Vaillant récupère à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), des armes abandonnées par l’Armée française en débâcle. Le 28 juin 1940, toujours selon son dossier de résistant, il aurait blessé par arme à feu un motocycliste allemand à Corps-Nuds, commune située dans le sud de Rennes.
A partir de juillet 1940, il organise un groupe de résistance dans le secteur de Vern-sur-Seiche. C’est certainement à cette période qu’il recrute Albert Deshommes, originaire de la commune et futur membre de l’OS de Rennes. A cette même période, il récupère d’autres armes et munitions dans un dépôt allemand à Betton (Ille-et-Vilaine).

D’après les états de service de Joseph Vaillant conservés aux archives départementales et au Service historique de la Défense, c’est également en juillet 1940 qu’il exécute une sentinelle allemande sur le territoire de la commune de Thorigné (Ille-et-Vilaine). Or, aucune autre source d’archive – pour le moment – ne permet de confirmer ou d’infirmer cette information. S’il s’avérait qu’une sentinelle allemande a bien été tuée par Joseph Vaillant, cela constituerait l’une des premières exécutions de soldat allemand durant l’Occupation par un combattant civil.

Au cours de l’année 1941, alors que d’un côté, les premiers réseaux de résistance s’implantent en Bretagne, et que de l’autre côté, la résistance communiste entre officiellement en guerre contre l’occupant allemand, il est vraisemblable que Joseph Vaillant se rapproche à la fois des militants communistes au sein de la SNCF ainsi que des employés de cette même structure qui se tournent vers les réseaux de résistance. De fait, Joseph Vaillant est peu à peu propulsé comme l’un des responsables pour l’Ille-et-Vilaine, de l’Organisation Spéciale (OS), branche armée du Parti communiste clandestin, qui deviendra au milieu de l’année 1942, les Francs-Tireurs et Partisans (FTP).

Dès lors, il organise et prépare l’action armée en se greffant au noyau de résistance qui se créé au sein de la SNCF et sert d’agent recruteur en proposant Albert Deshommes à l’intrépide cheminot des Ateliers de la SNCF, Maurice Fourrier, l’un des responsables de l’OS en Ille-et-Vilaine. C’est d’ailleurs avec ce dernier que Joseph Vaillant et Pierre Langlais – également cheminot aux Ateliers de la SNCF – prennent part à un attentat contre le local rennais du parti collaborationniste du Rassemblement National Populaire (RNP) le 22 mars 1942, à 4h00 du matin en plaçant un explosif confectionné par Maurice Fourrier. Hélas, l’attentat n’eut aucun effet.

Non content d’y être parvenu, Maurice Fourrier, accompagné de Maurice Léost lui aussi cheminot, et de Joseph Vaillant retente le coup le 28 mars 1943. Or, la permanence du RNP étant gardée par de sentinelles, ils décident de se diriger vers celle du Francisme, autre parti collaborationniste dont les locaux sont situés boulevard de la Tour d’Auvergne. Avec le même type d’explosif, la permanence explose causant de sérieux dégâts matériels.

Le 4 juin 1942, c’est avec Edouard Hervé considéré par les services de répression comme le responsable de l’OS pour l’Ille-et-Vilaine et Maurice Fourrier que Joseph Vaillant s’attaquent au local de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme (LVF) situé au 9 rue Nationale à Rennes. Hervé qui a confectionné des explosifs artisanaux à partir de deux boîtes de conserve, les place dans le local qui explose 4h30 du matin.

A cette même époque, Joseph Vaillant est approché par des agents de réseaux de résistance qui s’intéressent de près aux possibilités de renseignement et de sabotage dans le milieu ferroviaire. L’enquête des autorités d’occupation démontrera que Vaillant aurait eu des contacts avec un certain Pétillon, présenté comme gaulliste et agent de l’Intelligence Service. En s’appuyant sur cette supposition, nous pouvons relever qu’un agent Pierre Pétillon alias « Ker » a été radio du réseau de résistance Johny. Alors qu’il était en mission en Bretagne, il a effectivement tenté d’établir des contacts sur Rennes par l’intermédiaire du dénommé Joseph Lavoué afin d’obtenir des renseignements sur l’organisation du trafic ferroviaire. Or, Joseph Lavoué, membre du réseau Johny, travaillait aussi avec le réseau de résistance-action Overcloud qui s’intéressait précisément à la création d’une branche sabotage-fer. Projet concrétisé par la création d’un groupe baptisé « Bête Noire » dépendant directement du réseau-action Overloud. C’est sans nul doute par ce biais que Joseph Vaillant intégra le réseau Overcloud en tant qu’agent P2 pour lequel il a été homologué dès novembre 1941, date de création et d’homologation du réseau.

Au début de l’année 1942, une partie du réseau Overcloud est victime de la répression. Echappant à cette vague d’arrestation, Joseph Vaillant est engagé dans la lutte armée au sein de l’OS et participe comme nous l’avons vu, à certains attentats impulsés par la résistance communiste. En juin 1942, la Sipo-SD (Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sureté et service de sécurité du Reich) fraîchement officialisée comme police allemande de maintien de l’ordre en zone Nord, s’empare des dossiers liés à la recrudescence de l’activité résistante gaulliste et communiste. En principe, les affaires qui concernaient les activités de franc-tireur et /ou d’espionnage étaient directement traitées par le Tribunal Militaire du Gross Paris. Cependant, dans le cas de la vague d’attentats qui frappa Rennes durant l’année 1942, il a été ordonné à la Sipo-SD et au Tribunal Militaire de la Feldkommandantur 748 de Rennes que celle-ci dépendrait entièrement de leur ressort. C’est dans ce contexte que le 29 septembre 1942, Joseph Vaillant fut arrêté à Rennes par des policiers de la Sipo-SD et interné à la prison Jacques Cartier. Déféré devant le Tribunal Militaire allemand de Rennes, l’enquête n’a aucunement permis de démontrer l’affiliation de Joseph Vaillant à un réseau de résistance. Il est condamné à mort pour « activité terroriste » le 22 décembre 1942 ainsi que 24 autres résistants dont ses camarades précédemment cités Albert Deshommes, Maurice Fourrier, Pierre Langlais, Maurice Léost et Edouard Hervé.

Le 30 décembre 1942, il est fusillé à 10h02 au stand de tir de la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine).

Joseph Vaillant est titulaire de la mention « Mort pour la France », du titre de « interné résistant ». A titre posthume, il a été promu sous-lieutenant, chevalier de la Légion d’Honneur, décoré de la Croix de Guerre avec étoile d’argent, de la médaille de la Résistance et membre de l’ordre de l’Empire britannique.


Auteur : Joris Brouard

Sources :

Service historique de la Défense

                - GR 16 P 582105 VAILLANT Joseph

                - GR 17 P 185 Overcloud

                - GR 28 P 3 25 Mission Overcloud

Archives départementales d’Ille-et-Vilaine : 514W14 ; 1439W17

Des agents ordinaires, le réseau « Johnny » - 1941-1943 ; Emmanuel Couanault, éditions Locus Solus, 2016.

Site du Maitron des fusillés et exécutés, notice VAILLANT Joseph : http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article165680

Site « Mémoire de Guerre – la Résistance en Bretagne », notice Joseph VAILLANT : http://memoiredeguerre.free.fr/fusilles/fusilles35-alpha.htm#deb