L’automitrailleuse du Maquis Julien dans la Nièvre

Légende :

Entrée de l’automitrailleuse du Maquis Julien à Nevers le 9 septembre 1944.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ARORM, Association pour la Recherche sur l’Occupation et la Résistance en Morvan Droits réservés

Détails techniques :

Photographie noir et blanc 15,1 x 10,2 cm

Date document : 8 septembre 1944

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Nièvre - Nevers

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Contexte historique

L’engin photographié à Nevers le 9 septembre 1944 est une automitrailleuse Panhard AMD 178. L’engin nivernais a été dérobé au mois de juillet 1944, aux abords des établissements Renault de Boulogne-Billancourt, qui assuraient la maintenance de blindés d’origine française employés par la Wehrmacht. L’initiative de cette capture revient à Pierre Henneguier, qui commandait alors le Maquis Julien dans la Nièvre, aux abords du Morvan.

Le projet de cette prise a été conçu au printemps 1944. À cette période, Pierre Henneguier dirigeait des équipes de sabotage œuvrant en région parisienne au sein du réseau d’André Rondenay (alias Jarry), délégué militaire de la région parisienne. L’objectif était de prendre possession d’une automitrailleuse afin de l’employer pour libérer André Boulloche, le prédécesseur d’André Rondenay, arrêté le 12 janvier, et son adjoint Ernest Gimpel, en interceptant le train qui les emmènerait en déportation. À deux reprises, lors d’opérations de sabotage visant les ateliers de réparation pour chars des usines Renault les 15 et 25 avril, les équipes de Henneguier ont vainement tenté de dérober une automitrailleuse Panhard. André Boulloche et Ernest Gimpel ont été déportés le 27 avril.

Le projet a été repris après la montée au maquis d’André Rondenay et de ses équipiers le 6 juin 1944 dans le Morvan. Une automitrailleuse en cours d’essai a finalement été dérobée le 22 juillet à Sèvres par une équipe dirigée par Marcel Bontemps. L’engin a gagné Lormes, dans la Nièvre, par ses propres moyens. L’automitrailleuse a rejoint le Maquis Julien dans le secteur de Saint-Saulge le 7 août. Elle est signalée comme ayant été employée au combat lors d’un accrochage à Chalaux puis lors d’une importante opération de répression allemande du 12 au 14 août 1944 dans le secteur de Saint-Saulge et Crux-la-Ville. Durant ce combat, lors de la phase de repli des maquis assaillis, l’automitrailleuse a servi à forcer le passage d’un carrefour tenu par l’adversaire. Elle a ensuite été employée aux premiers jours de septembre pour la capture d’un détachement allemand en retraite, aux abords de Saint-Saulge.

L’automitrailleuse a ouvert la marche de la colonne du Maquis Julien lors de son entrée à Nevers le 9 septembre. Pour cette occasion, des marques de reconnaissance ont été adjointes sur son blindage et sa tourelle : la croix de Lorraine et l’étoile blanche alliée. La trace de l’automitrailleuse se perd ensuite. Elle a peut-être fait partie des automitrailleuses Panhard rassemblées en région parisienne durant l’automne 1944 puis mises à la disposition du 18e Régiment de Dragons de la nouvelle 10e Division d’infanterie.


Stéphane Weiss

Sources :
Henneguier Pierre, Le Soufflet de forge, Paris, Éditions de la Pensée moderne, 1960.
Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne, fonds Marcel Bontemps.