Vive la Liberté, journal clandestin toulousain

Légende :

Journal clandestin dont le premier numéro paraît à Toulouse en mars 1941.

Type : Presse clandestine

Source : © Bibliothèque nationale de France. Gallica.bnf.fr Libre de droits

Détails techniques :

Journal dactylographié et ronéotypé

Date document : 1941

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique

A Toulouse, au début de 1941, se forme un petit groupe d'étudiants antifascistes désireux de réagir à la situation de l'heure. Ils veulent dénoncer les mensonges et les orientations de la politique de Vichy. La plupart n'ont pas d'engagement politique marqué, et ils ne reçoivent pas de directive de l'extérieur. Leur initiative est spontanée. Le groupe compte tout au plus une dizaine de membres, la plupart sont des étudiants, en lettres comme Georges Oved et Charles Mazières, en sciences comme Jean Delord, ou en médecine comme Jean Gaches et Gabriel Nahas. Un ancien étudiant plus âgé, Nissim Palacci, les met en contact avec les frères Kukowitch. L'un de ceux-ci est imprimeur à Toulouse. Grâce à lui, à partir de mars 1941, un petit journal, tapé à la machine, est tiré à plusieurs dizaines d'exemplaires. Il est distribué dans le milieu étudiant et intellectuel. Son titre est : "Vive la liberté ", son slogan : " Pétain, c'est Darlan et Darlan, c'est l'Allemagne". La politique de collaboration du régime de Vichy y est violemment dénoncée.

Quatre ou cinq numéros sont tirés, leur audience est limitée. En novembre 1941, la police de Vichy interpelle Palacci puis Gaches, lequel est porteur d'un carnet d'adresses. Oved, militant communiste connu, est arrêté chez lui le 6 décembre. Tout le groupe est alors démantelé. Les derniers appréhendés, Nahas et Mazières, ont le temps de faire disparaître les papiers les plus compromettants.

Incarcérés à la prison Saint-Michel de Toulouse, inculpés d'activités " terroristes et communistes ", ils sont accusés d'appartenir à une organisation " judéo-communo-anarcho-gaulliste " (sic) ! Traduits devant le tribunal militaire, il leur est reproché d'avoir " participé à une entreprise de démoralisation de l'Armée et de la Nation, ayant pour objet de nuire à la défense nationale ! " Faute de preuves Mazières et Nahas sont acquittés. Mais les frères Kukowitch, Delord, Oved sont condamnés le 19 mars 1942 à des peines de prison, allant de un an à cinq ans, et Gaches et Palacci doivent faire 10 ans de travaux forcés. C'est un verdict pour le moins sévère pour les faits reprochés.

Plus tard Gaches réussit à simuler la folie. Il est interné à l'hôpital psychiatrique de Toulouse, d'où il parvient à s'échapper pour passer en Espagne durant l'été 1943. Oved est envoyé aux camps de Mauzac puis de Nontron : libéré le 10 juin 1944, il rejoint aussitôt un maquis FTPF. Delord et les frères Kukowitch, libérés un peu plus tôt, reprennent des activités résistantes clandestines à Toulouse. Il en est de même pour Gabriel Nahas qui devient le responsable d'une filière d'évasions à travers les Pyrénées. Seul Palacci a la malchance d'être envoyé à la centrale d'Eysses. Déporté en Allemagne, il n'en revient pas.


Michel Goubet in CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009