Jacques-Yves Mulliez

Légende :

Jacques-Yves Mulliez, fondateur du journal clandestin Les petites Ailes en 1940

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © SHD GR 16 P 437 317 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc

Date document : sans date [1945]

Lieu : France - Hauts-de-France (Nord - Pas-de-Calais) - Nord - Lille

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Contexte historique

Né le 25 novembre 1917 au Longeron (Maine et Loir), Jacques-Yves Mulliez fait ses études secondaires à Roubaix, puis à Reims chez les Jésuites, avant d'intégrer l'Institut technique roubaisien. Chef scout, il milite un temps aux Volontaires Nationaux, mouvement de jeunesse des Croix-de-feu du colonel de La Rocque. Ingénieur de formation, élève officier de réserve (EOR) formé à Saint-Cyr avec la promotion 1937-1938, il est incorporé comme sous-lieutenant au 13e Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA) le 1er juin 1940 (1ère Compagnie, 3e Section). Commandée par le colonel Antoine Béthouart, la 5e demi-brigade de chasseurs tient les avant-postes de la ligne Maginot. En janvier 1940, Béthouart constitue une brigade de haute-montagne (BHM) prévue pour la Finlande, mais finalement envoyée à Namsos (Norvège). Mulliez y est chef de section. Le 3 mai 1940, la BHM rembarque pour l'Écosse. Débarqué au Havre le 30 mai, le 13e BCA porté en camion sur la Bresle reçoit la mission de retarder les pointes allemandes qui ont franchi la Somme. Le 12 juin, après de durs combats, le bataillon se rend, ayant épuisé toutes ses munitions. Mulliez est fait prisonnier. Libéré sur intervention du maire de Marcq-en-Barœul (Nord), il gagne la zone non-occupée à bicyclette.

De retour chez lui, dans la région lilloise le 7 juillet 1940, il entre en résistance face à l’occupant. Dès lors, il organise un réseau de renseignement dans le Nord de la France et fonde un des premiers journaux clandestins, Les petites Ailes,  qui, sans être hostile aux Français Libres, soutient la politique du maréchal Pétain à cette époque-là.

À l'été 1941, la Gestapo, très active en zone interdite, remonte les filières de Mulliez qui est contraint de se réfugier en zone non-occupée. Il est envoyé à Lyon pour des raisons de sécurité, sous le nom de Jacques Delorme, et réalise des activités de renseignement au profit du réseau Gallia en Isère. De nouveau recherché par la police judiciaire, il est une première fois arrêté à Lyon le samedi de Pâques 1942, la police reconnaissant « une activité clandestine d’ordre strictement militaire et refus de parler sans l’accord du Colonel Commandant le 2ème bureau à Vichy ». Ainsi, faute de preuves évidentes et face au refus de parler de Jacques Mulliez, ce dernier est relâché en liberté provisoire puis définitive après des interrogatoires complémentaires.

Suite à une seconde arrestation en décembre de la même année, il part pour Grenoble sous le nom de Jacques Fargier, en tant que directeur de cimenterie. Son travail consiste alors à aider et placer des réfractaires du STO (Service de Travail Obligatoire) ainsi qu’à recruter des cadres pour la Résistance. Finalement, il s’engage au sein des MUR le 1er juillet 1943 comme lieutenant instructeur à l’école des cadres de maquis de Tencin-Theys en Isère. Deux mois plus tard, il est chargé de fonder l’école des cadres de Périgueux mais il est rapidement arrêté le 10 octobre 1943 et parvient à s’évader sous le feu de ses geôliers en gare de Périgueux alors que plusieurs cadres de l’école sont déportés. Du 16 octobre au 20 décembre 1943, il prépare la création de l’école des cadres de Morion (Savoie), dont il prend le commandement. Le 15 janvier 1944, Jacques Mulliez est appelé par le Capitaine Limouzineau comme officier adjoint dans le but de reformer le 13e Bataillon de Chasseurs Alpins, basé en Savoie, et de prendre en charge la réception des parachutages d’armes, de plus en plus intensifs. Il participe par la suite à toutes les opérations du « 1er Bataillon Savoie », sous le pseudonyme de « Lieutenant Maubert », et notamment à l’opération de libération de Modane les 12 et 13 septembre 1944. Il est encore une dernière fois arrêté le 20 août 1944 mais parvient une nouvelle fois à s’échapper sous les tirs ennemis pour regagner le maquis. Il est finalement démobilisé le 16 novembre 1944.

Pour ses nombreux faits d’armes, Jacques Mulliez-Toulemonde est cité à l’ordre de la division par le gouverneur militaire de Lyon le 30 mars 1945 afin de recevoir la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile d’argent. Il est aussi cité à l’ordre du Corps d’armée sur décision de Charles De Gaulle, le 10 novembre 1945, recevant ainsi la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil. Il se voit aussi décerner la Médaille de la Résistance le 14 juin 1946, la citation le décrivant comme un « exemple vivant du jeune Français dévoué corps et âme à sa Patrie […] à l’origine d’un vaste mouvement régional de propagande, de renseignement militaire et de combat. », ainsi que la King’s Medal for Courage in the Cause of Freedom accompagné de la citation suivante « […] A man possessed of great courage, he did all that was in his power to further the Allied Cause ».

Officier de la Légion d'Honneur, Jacques-Yves Mulliez est décédé à Villeneuve-d'Ascq le 2 novembre 2015.


Auteur : Hadrien Bachellerie

Sources :
Service historique de la Défense, GR 16P 437 317 (dossier d'homologation de Jacques-Yves Mulliez).
Jacques-Yves Mulliez, Ma guerre secrète, Les Lumières de Lille, 2010.