Jean Vérines

Légende :

Chef du sous-réseau Vérines (réseau Saint-Jacques) puis responsable du réseau Saint-Jacques après son démantèlement partiel.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Guy Vérines Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique colorisée

Date document : 1941

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Contexte historique

Né le 16 avril 1894 à Brive (Corrèze), Jean Vérines est issu d'un milieu social modeste ; son père est comptable, mais meurt lorsque le jeune Vérines n'a encore que onze ans. Il est donc hors de question pour lui de faire des études. Il travaille alors pour faire vivre sa famille. Il est mobilisé en 1914, puis envoyé sur le front en Lorraine. Très courageux, blessé, il reçoit plusieurs décorations, dont la Croix de guerre avec palme. A nouveau sur le front, en avril 1917, il perd un œil à cause d'une balle qui l'atteint. Fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1918, Jean Vérines est alors lieutenant et il décide de rester officier. Évincé de l'infanterie en raison de la perte de son œil, il rejoint les rangs de la Gendarmerie nationale. Après plusieurs mutations dans les colonies françaises, il devient chef d'escadron en 1937.

Au moment de la mobilisation générale de 1939, il commande le troisième Bataillon d'Infanterie de la Garde républicaine de Paris, à la caserne Prince-Eugène, près de la place de la République. En 1940, après la débâcle militaire, le commandant Vérines croise la route du capitaine d'artillerie coloniale Maurice Duclos, Saint-Jacques dans la Résistance qui est parmi les premiers à rejoindre le général de Gaulle en Angleterre, dans la nuit du 3 au 4 août 1940. Saint-Jacques est envoyé en mission en France. Il prend langue avec Vérines et Charles Deguy ingénieur commercial (né en 1910).
A Paris, Jean Vérines s'oppose fermement à la présence de l'occupant qu'il a combattu vingt ans plus tôt et se prononce pour une action de résistance lors de réunions de l'Amicale des Anciens du 147e Régiment d'Infanterie. Très rapidement, Vérines montre des qualités exceptionnelles d'organisateur. Saint-Jacques choisit Deguy comme adjoint permanent à Paris et le nomme chef d'un sous-réseau ; Vérines et Lucien Feltesse deviennent également chefs de sous-réseaux. Vérines s'occupe d'une large région qui court de Paris à Amiens, puis de Tours jusqu'à l'Eure. Feltesse doit s'occuper de recruter des résistants dans la Somme, dans le Pas-de-Calais et en Belgique.

Au début, Jean Vérines recrute au sein de la gendarmerie, et en premier lieu de la Garde républicaine de Paris (un lieutenant, un médecin auxiliaire et une dizaine de sous-officiers, l'étudiant Pierre Jamet chargé de faire passer le courrier clandestin entre Paris et le colonel de gendarmerie Raby à Tours), dans les rangs des pompiers et dans la police. Il parvient au fil des mois à rassembler plusieurs centaines d'hommes. Les missions du sous-réseau Saint-Jacques consistent à faire passer des renseignements à Londres au sujet des installations militaires allemandes. En avril 1941, Vérines fait une reconnaissance clandestine des plages du Cotentin, une mission dangereuse confiée par Saint-Jacques. Toujours en avril 1941, le sous-réseau Vérines effectue sa première liaison radio entre Paris et Londres ; l'appareil est installé place Vendôme.

Le 8 août 1941, après la trahison d'un radio, le réseau Saint-Jacques est en partie démantelé ; de nombreux membres sont fusillés au Mont-Valérien en 1942. Le colonel Rémy a raconté ces faits dans ses Mémoires. En effet, lui-même a manqué de se faire arrêter quelques jours après en rendant visite à ses camarades du réseau Saint-Jacques. Le chef de ce dernier a échappé aux arrestations contrairement à plusieurs membres de sa famille. Il rejoint Londres à la fin de février 1941. Dès lors, de son côté, Vérines dirige remarquablement ce qui reste du réseau Saint-Jacques. Cependant, la Gestapo a vent des activités du sous-réseau Vérines en 1941. Elle veut tenter un coup de filet à Paris, mais aussi dans le reste de la France, et notamment en Touraine où d'autres officiers et sous-officiers de la gendarmerie prêtent leur concours à l'action du réseau Saint-Jacques.

Le 10 octobre 1941, Jean Vérines est arrêté à la caserne Prince-Eugène ; dix-neuf compagnons de route du réseau sont déportés ; parmi eux, seize sont condamnés à être fusillés ou à la déportation où ils meurent. Vérines est emprisonné à la prison de Fresnes, puis incarcéré successivement à Rheinbach, Düsseldorf et Cologne. Le 30 août 1943, il est condamné à mort par le Tribunal du Peuple de Berlin, une sentence entendue avant même l'ouverture du procès expéditif, ce qui est une habitude chez les nazis. En août 1943, dix-sept autres membres du réseau Saint-Jacques sont condamnés à mort par le même tribunal. Le 20 septembre 1943, il est transféré à Cologne, en passant par Rheinbach. Le 20 octobre 1943, devenu aveugle dans son cachot, Jean Vérines tombe devant le peloton d'exécution à Düsseldorf.

Le 28 février 1948, à l'école de la Gendarmerie nationale de Melun, la promotion d'officiers-élèves a pris le nom de Vérines.

Décorations :
Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre avec palme.


Notice extraite du DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Auteur : Eric Alary

Bibliographie :
Claude Cazals, La gendarmerie sous l'Occupation, Paris, les éditions La Musse, 1997.
Patrick de Gmeline, Le Lieutenant-colonel Jean Vérines, gendarme, garde républicain, soldat de l'ombre, Paris, Lavauzelle, 1985.
Colonel Rémy, Mémoires d'un agent secret de la France libre, Paris, Editions France-Empire, 1983.
Colonel Guy Vérines, Mes souvenirs du réseau Saint-Jacques, Paris, Lavauzelle, 1990.
Jack Vivier, Gendarmes de Touraine dans la Résistance, Chambray-lès-Tours, éditions CLD, 1998.